Marché. Avec la création de Ford Smart Mobility LLC, le constructeur américain ne veut pas se limiter à l’automobile et ambitionne de devenir un entrepreneur de mobilité. par Frédéric Mességué

Des voitures dites autonomes toujours plus connectées où le conducteur laissera le véhicule prendre le contrôle de sa mobilité, déléguant sa conduite, comme un pilote de ligne, son vol, lorsque le pilotage automatique de son avion s’enclenche. Contrôle à distance avec smartphone, commande vocale dans l’habitacle, contrôle de la trajectoire avec caméras, anticipation des freinages avec GPS, info divertissement ultra digitale : la voiture de demain répondra au doigt et à l’œil. Sa connectivité prendra en charge tous les paramètres de sécurité pour sereinement assurer la liberté de notre mobilité. Tranquillement installé bras croisés face à un pare-brise à la réalité augmentée laissant voir l’invisible, nos regards, naturellement habitués, regarderont silencieusement se faufiler cette étonnante voiture autonome. Comment ? Via un panel de services connectés toujours plus performants, à la fois  intelligents et innovants, fruits de données analytiques poussées.

Le monde bouge
Un rendez-vous avec le futur que  tous les constructeurs anticipent, avec plus ou moins de conviction. Ford les défend avec vigueur. Dès 2015, le constructeur a pris un tournant stratégique avec son Plan Smart mobility proposant 25 expériences concrètes, de l’autopartage à l’application d’aide au stationnement De quoi transformer Ford en entreprise de mobilité. Le 11 mars dernier son patron, Mark Fields va plus loin en annonçant la création De Ford Smart Mobility LLC, une filiale en charge de la conception et de la création, dans ces nouveaux services de mobilité intelligents. Une mission qui se double d’un volet sectoriel en matière de développement et d’investissement. A sa tête, un artiste, Jim Hackett, à l’origine des open-spaces et de l’expansion phénoménale du fabricant de bureaux Steelcase. Conscient que le secteur mondial des transports est à l’aube d’une révolution majeure, il se dit ravi de travailler avec Ford qui, selon lui, prévoit de montrer la voie en changeant la façon dont le monde bouge. » Prévoir les besoins et les comportements futurs. Rien de moins. Un challenge sacrément ambitieux, presque un orgueilleux projet sauf à croire, qu’à l’heure d’Internet et de la 4G, l’imagination fertile d’esprits brillants est un incroyable territoire de croissance. « Les données et le big data sont essentiels. Nous ne sommes plus seulement des vendeurs de voitures, soulignait d’ailleurs Mark Field en fin de meeting. Reste qu’avec un investissement estimé à 100 million de dollars*, Ford met les moyens à Jim Kackett d’y croire et le rêve à sa portée, bien décidé à ne pas laisser passer cette opportunité de croissance. ■

*Pour investir les technologies automobiles émergentes, son concurrent General Motors avait mis en place dès juillet 2010 un fond d’un montant similaire.