Un travail culturel à accomplir par ( Jamal Berraoui )
A l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, les chiffres annoncés sont une horreur et pas uniquement au Maroc. Selon une étude du commissariat au plan, 63 % des femmes ont subi des violences physiques ou verbales en 2010. En France, une femme meurt tous les 23 jours sous les coups de son compagnon.
Bien sûr, il faut un arsenal juridique des plus répressifs et on ne peut à ce sujet que regretter que le texte préparé par Bassima Hakkaoui n’ait pas reçu le soutien qu’il mérite. Il comporte des lacunes mais il valait mieux l’avoir que rester dans le vide juridique actuel.
Cependant, même les pays qui disposent de textes répressifs, qui se donnent les moyens de la prévention n’ont pas éradiqué le phénomène, y compris aux USA, où les lois, en particulier sur le harcèlement sont les plus sévères.
Il y a une dimension culturelle qu’on ne peut ignorer. D’abord, la perception de la femme, minorée, considérée comme inapte à traiter en adulte et qui doit donc être « éduquée ». Il ne faut pas oublier que le mari a, du point de vue de la religion, le droit de frapper sa femme pour l’obliger à faire sa prière. Par extension, la violence est donc permise au sein du couple.
A l’extérieur, la femme est considérée comme un objet sexuel, y compris au travail. Le harcèlement est un véritable sport national. Pire dans la rue, il n’a pas pour but d’aboutir, mais juste une sorte d’humiliation pour la femme et d’exutoire des frustrations.
Il faut un travail de longue haleine, dès l’enfance pour stigmatiser la violence en général et celle faite aux femmes en particulier.
L’école, lieu de transmission des valeurs, devrait y consacrer du temps dans ses programmes. Les médias, publics en particulier, doivent accorder plus d’importance à ce travail didactique, cela fait partie de leurs missions.
On ne peut que saluer les différents centres d’écoute des femmes battues. Ils offrent un soutien très important malgré la faiblesse des moyens dont ils disposent.
De mon point de vue, la plus grande violence faite aux femmes c’est la dépendance matérielle, car elle les force à accepter les autres. Tout étant lié, le combat pour la scolarisation des petites filles, pour l’accès à des activités rémunérées est primordial pour renforcer la résistance des femmes. Malheureusement, cela ne garantit rien. Des femmes haut-cadres subissent la violence de leurs maris ou de leurs supérieurs hiérarchiques. Le machisme sera dur à abattre. En Europe du Nord, ils y ont réussi, pourquoi pas nous ?