Une diplomatie fondée sur des valeurs
La feuille de route Royale pour la diplomatie économique marocaine
« … A cet égard, Nous engageons Notre diplomatie à renforcer l’action visant à assurer la promotion du Label Maroc qui tire sa force et sa richesse des réformes profondes que nous avons initiées. Il lui appartient également de mieux faire connaître les grands chantiers de développement que nous conduisons dans tous les domaines, notamment en faveur du développement humain.
Cela vaut également pour les domaines du tourisme, du développement durable et des énergies renouvelables, outre le capital historique du Maroc, pays d’ouverture et de tolérance, espace de coexistence et d’interaction entre les cultures et les civilisations.
C’est dire que la promotion du Label Maroc n’est pas un simple slogan, mais plutôt un objectif stratégique dont la réalisation permettra de concrétiser toutes les opportunités de coopération possibles dans tous les domaines. Pour atteindre cet objectif, il appartient donc à Notre gouvernement de donner la priorité à une diplomatie économique audacieuse, capable de mobiliser les énergies pour développer les partenariats, attirer les investissements, promouvoir l’attractivité du pays, conquérir de nouvelles positions et intensifier les échanges extérieurs.
Nous invitons également le gouvernement à œuvrer en coordination et en concertation avec les différents acteurs économiques des secteurs public et privé, en vue de faire connaître les atouts économiques que recèle Notre pays, surtout dans les créneaux productifs prometteurs.
Outre le développement de ces créneaux, nous tenons également à l’instauration d’une
coopération institutionnelle entre les départements ministériels ayant une activité internationale dans le domaine économique … ».
Message de SM le ROI Mohammed VI lors de la conférence des ambassadeurs, organisée à Rabat le 30 et le 1er Septembre 2013.
Le choix du Maroc à développer son ouverture sur le monde extérieur est un choix séculaire dicté par sa position stratégique le situant au carrefour des civilisations. Les domaines géopolitiques prioritaires touchent les relations du Maroc avec l’Europe, les Etats-Unis, l’Afrique mais aussi l’édification Maghrébine et l’espace Arabo-musulman.
La position du Maroc a été renforcée grâce aux réformes engagés par notre pays qui ont permis de préserver et améliorer l’image du Maroc dans le monde. La préservation de son identité culturelle et géographique a représenté une réalité autant que cette volonté d’ouverture et d’échange.
Maroc-USA : une coopération stratégique
Sur le plan de l’histoire, l’amitié Maroco-Américaine est séculaire; elle remonte à 1777, quand le Sultan Mohammed III, aïeul de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fut le premier Chef d’Etat et le Maroc le premier pays à reconnaître la jeune république des Etats-Unis d’Amérique.
De même que notre pays a été le premier pays à signer un Traité de Paix et d’Amitié avec les Etats-Unis, document qui a été signé par les Présidents John Adams et Thomas Jefferson, en 1786, puis ratifié par le Sénat des Etats-Unis en 1987. « Ce fut le premier traité à avoir jamais été ratifié par la Chambre haute du congrès américain », avait fait observer M. Jim Moran, membre du Congrès Américain lors de la dernière visite Royale aux Etats-Unis le 22 Novembre 2013.
Les échanges commerciaux entre le Maroc et les Etats-Unis, liés par un Accord de libre-échange (ALE) en vigueur depuis 2006, ont connu une croissance continue au cours des dernières années grâce à la volonté de leurs dirigeants respectifs. La dernière visite de SM le Roi aux Etats-Unis était, une fois de plus, l’occasion de promouvoir la coopération entre Rabat et Washington dans le but notamment de renforcer le partenariat stratégique liant les deux pays.
L’ALE avec le Maroc, le seul signé par les Etats-Unis dans tout le continent africain, se donnait comme objectif de renforcer les relations économiques entre les deux pays. Pour preuve, le volume des échanges commerciaux qui ont triplé depuis l’entrée en vigueur en janvier 2006 de cet accord et les opportunités qu’il offre pour élargir et diversifier les flux des investissements des deux côtés de l’Atlantique.
L’Accord de libre-échange a ainsi permis d’éliminer les droits de douanes sur plus de 95 pc des biens et services échangés entre les deux pays, et d’ouvrir la voie à de nouvelles opportunités pour le commerce et les investissements.
Les échanges commerciaux bilatéraux ont, par conséquent, enregistré en 2012 un chiffre record de 4,92 milliards de dollars, contre 2,25 milliards en 2007.
Parallèlement, quelque 135 entreprises américaines opèrent actuellement au Maroc où elles ont inverti plus de 2 milliards de dollars et créé plus de 100 000 emplois directs et indirects.
Le Maroc a aussi fait son entrée, pour la première fois en 2011, au « Top 5 » des marchés arabes les plus importants pour les Etats-Unis, selon un classement établi par la Chambre arabo-américaine de Commerce (NUSACC) sur la base de statistiques officielles du gouvernement US.
Les produits agricoles et agroalimentaires marocains représentent l’un des secteurs qui bénéficient de l’existence d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, dont le marché représente de grandes opportunités pour ces exportations. Les Etats-Unis ont, en effet, doublé au cours des dix dernières années leurs importations alimentaires et importent actuellement plus de 85,5 milliards de dollars de produits agroalimentaires à travers le monde..
Par ailleurs, dans le prolongement de l’ALE de 2006, Le Maroc et les Etats-Unis ont signé, à l’occasion de la visite Royale, un accord bilatéral de facilitation du commerce visant à promouvoir les échanges commerciaux entre les deux pays à travers notamment la simplification des procédures douanières et administratives.
Il faut noter que le Maroc représente « Le premier pays de la région à conclure un accord bilatéral de facilitation du commerce » avec les Etats-Unis d’Amérique et à endosser les « principes conjoints sur l’investissement » et le « commerce des services liés aux technologies de l’information », selon le bureau du Représentant américain au Commerce.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, avait affirmé, lors de cette visite Royale, que la signature de cet accord ouvrira de nouvelles opportunités aux entreprises marocaines et américaines et permettra de booster les échanges commerciaux à travers la simplification et la modernisation des procédures douanières et logistiques.
Le Royaume se positionnait ainsi en 2011 en quatrième position dans le monde arabe en tant que marché de destination pour les exportations américaines, la première place étant occupée par les Emirats Arabes Unis avec 15,89 milliards de dollars d’importations, suivis respectivement de l’Arabie Saoudite (13,82 milliards) et l’Egypte (6,18 milliards),, selon un classement établi par la Chambre arabo-américaine du Commerce (NUSACC) sur la base des statistiques officielles du gouvernement Américain.
Le Statut Avancé Maroc-UE : Un tournant majeur
« Le moment est peut-être aussi venu de donner à l’agenda européen dans notre région, des tonalités différentes : des tonalités qui laisseraient espérer au Maroc comme à d’autres pays du Sud de la Méditerranée, qu’ils pourraient prétendre à un partenariat qui serait à la fois :
– plus et mieux que l’Association revue et corrigée à laquelle nous nous sommes attelés,
– et peut être pour quelque temps encore, un peu moins que l’adhésion que nous dictent pourtant la raison, la géographie et les réalités au quotidien de la vie économique, sociale et culturelle dans nos pays. »
Sa Majesté le ROI Mohammed VI, le 20 Mars 2000 – Paris
Le partenariat entre le Maroc et l’Union Européenne a connu une évolution continue dans le cadre d’une dynamique et d’un enrichissement à un rythme soutenu. L’adaptation du cadre contractuel qui les lie était dictée, d’une part par les contraintes endogènes à l’UE suite aux élargissements successifs de l’espace Européen et d’autre part, par les évolutions majeures qu’a connues la société Marocaine depuis l’accession de Sa Majesté Mohammed VI au Trône Alaouite.
La dynamique que connaissent les relations entre le Maroc et l’Union Européenne consacre la vision clairvoyante de SM le ROI dont les orientations ont servi de repères pour l’arrimage et l’intégration du Maroc dans son environnement international et notamment Européen.
Un rappel chronologique de ce partenariat témoigne de ce souci, exprimé par le Souverain, dans cet extrait du discours précité, pour revisiter et approfondir le cadre de cette coopération dans la perspective d’une intégration plus poussée de notre économie dans le marché Européen.
La véritable naissance des relations contractuelles remonte à 1969 avec la signature du premier accord quinquennal d’association dont le champ se borne au strict domaine commercial. Sept ans plus tard, le Maroc et l’UE signent, le 27 Avril 1976 un accord, entré en vigueur en Novembre 1978 .
Cet accord, qui institutionnalise une coopération économique et financière, a conforté les préférences commerciales accordées en 1969 : il offre au Maroc sans obligation de réciprocité un accès privilégié au marché communautaire, libre pour les produits industriels -sauf le textile-, soumis à des calendriers, des contingents et des prix minima pour les produits agricoles. En outre, l’accord d’association a posé les bases d’une coopération financière dont quatre protocoles ont fixé les modalités. Sur la période 1978-1996, près de 991 millions d’écus ont ainsi pu être mobilisés (soit 474 millions d’écus provenant des ressources budgétaires de la Communauté, et 517 millions d’écus sous forme de prêts de la Banque européenne d’investissement). Le quatrième protocole financier (1992-1996) diversifie encore une aide centrée jusque là sur l’agriculture, la formation et les infrastructures : il vise en effet également le secteur privé, la coopération scientifique ainsi que le développement des provinces du nord.
En Juillet 2005, le Maroc et l’UR ont adopté le Plan d’Action Voisinage 2005-2010, et ce dans le cadre de la politique européenne de voisinage, notamment avec l’élargissement de l’UE en 2004 à dix nouveaux Etats-Membres.
Ce Plan d’Action vise la mise en œuvre accélérée de l’Accord d’Association et a, de ce fait, appuyé l’objectif marocain d’une intégration plus forte des structures économiques et sociales marocaines à celles de l’Union Européenne, ce qui a permis de concrétiser la demande du Maroc de bénéficier d’un Statut Avancé.
A l’occasion du Conseil d’Association UE-Maroc du 23 Juillet 2007, le Maroc et l’Union européenne ont décidé de lancer un processus de réflexion conjoint visant à renforcer les relations bilatérales/ A cet effet, un groupe de travail adhoc a été établi. Il a tenu des réunions les 16 mai, 18 juillet et 17 septembre 2008.
A l’occasion de la première réunion, le Maroc a présenté une série de propositions concrètes visant à donner corps au « Statut Avancé » auquel il aspire dans ses relations avec l’Union Européenne.
Le Statut Avancé devra se traduire par un raffermissement de la coopération politique entre le Maroc et l’Union Européenne, en vue d’une plus grande prise en compte de leurs priorités stratégiques respectives, par une intégration progressive du Maroc au Marché Intérieur de l’UE avec notamment un soutien financier approprié et en phase avec l’ampleur et le caractère ambitieux de cette nouvelle évolution. Cet objectif ne peut être mis en œuvre que par des actions conjointes et complémentaires de longue durée : (a) Rapprochement du cadre législatif du Maroc à l’acquis communautaire, (b) Conclusion d’un Accord de Libre Echange Global et Approfondi, (c) Coopération économique et sociale et (d) Adhésion du Maroc aux réseaux transeuropéens et coopération sectorielle.
La tenue du 1er sommet Maroc-UR, le 7 Mars 2010, à Grenade constitue un événement sans précédent pour les deux parties ; ce premier Sommet de l’UR avec un pays partenaire méditerranéen témoigne du caractère pionnier du partenariat Maroc-UE et de sa spécificité et tend à insuffler une nouvelle dynamique aux relatives bilatérales entre les parties.
Dans cet esprit, le Maroc et l’UE ont mis en œuvre un nouveau «Plan d’action pour la mise en œuvre du Statut Avancé » ambitieux et multidimensionnel qui constituera la feuille de route de la coopération bilatérale pour la période 2013-20017 et préparera les deux parties à établir un nouveau cadre contractuel qui remplacera à terme l’accord d’association Maroc-UE. Le nouveau plan d’action constituera de ce point de vue une étape importante du processus continu de renforcement des relations entre le Maroc et l’UR qui mobilisera tous les leviers, les mécanismes et instruments du statut avancé.
La mise en place des accords successifs a ainsi, au cours des trois dernières décennies, renforcé encore les liens entre le Maroc et l’Union européenne devenue le premier partenaire économique du Maroc. L’Union apparaît en effet le premier client (64 % des exportations marocaines), le premier fournisseur (54 % des importations), le premier investisseur (entre 60 et 70 % en moyenne des investissements étrangers au Maroc) mais aussi la première destination des expatriés marocains.
L’ancrage du Maroc à l’Afrique, un modèle de coopération Sud-Sud
« A cet égard, le Maroc, qui a été pionnier dans ce schéma de coopération, est disposé à mettre au service des pays Africains frères le capital de crédibilité et de confiance dont il jouit auprès de ses partenaires. Il est, en effet de notre devoir collectif de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour le développement de l’Afrique. Le développement économique, le commerce et l’intégration régionale sont à cet égard, parmi les thématiques centrales….
….La démultiplication des partenariats public-privé Sud-Sud et des transferts de technologie revêt une importance clé dans ce sens.
C’est dire que le renforcement des capacités institutionnelles des Etats Africains constitue un enjeu stratégique ».
Discours de SM le Roi Mohammed VI du 24 Février 2014, à Abibjan, à l’occasion de l’ouverture du Forum Maroco-Ivoirien
Alors que le monde vit toujours sous les effets d’une crise économique aigue, l’Afrique demeure l’une des rares zones de croissance. Certains de ces pays tirent aujourd’hui la locomotive mondiale en s’investissant dans des segments nouveaux, préfigurant, à l’horizon 2020, de profonds bouleversements recomposant le pouvoir économique mondial. C’est que le continent recèle de fortes potentialités et représente pour le Maroc de nouveaux marchés à explorer ainsi que plusieurs secteurs de coopération à consolider. Cette priorité se manifeste par la fréquence et la densité des tournées Africaines de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dont la dernière date des mois de Février/Mars derniers, qui ont donné une nouvelle impulsion aux relations de partenariat, notamment dans le domaine économique.
Une dynamique de coopération économique s’est mise en place durant les dernières années. Le champ de cette coopération est large, il réunit l’économie, les finances, les investissements, l’agriculture, la pêche, les services aériens, l’industrie, la santé, la coopération dans le domaine minier, les banques, les télécommunications, l’habitat, les PME, la formation professionnelle et celle des cadres. De grands acteurs marocains publics ou privés sont au rendez-vous : l’Agence marocaine de coopération internationale, la Confédération générale des entreprises du Maroc, l’Office national de l’eau et de l’électricité, la Royal Air Maroc (RAM), les grandes banques (Attijariwafa, BMCE…), les assurances (CNIA-Saham), Maroc Telecom, le secteur de la banque et des services, sans oublier un réseau de PME très dense.
Notre Souverain a mis le volet économique au cœur de cette tournée et la coopération avec les pays visités s’est concrétisée par la signature de 91 accords de coopération dans différents domaines/ Des secteurs fondamentaux sont concernés, tels que la finance, le BTP, l’énergie, la pêche, l’industrie, les télécoms, la formation professionnelle, pour ne citer que ceux-là.
Comme l’avait souligné Mme Miriem Bensalah-Chakroun, Présidente de la CGEM, lors de la dernière visite Royale, « à l’occasion des forums économiques organisés par la CGEM à Abidjan et Libreville, ce sont à chaque fois plus de cent entreprises marocaines qui ont fait le déplacement. L’impulsion au plus haut niveau provoquée par cette tournée renforce considérablement la volonté d’activer les contacts, de diversifier les échanges, de prendre connaissance du système des appels d’offres dans les différents pays d’Afrique et d’être en contact avec nos homologues du secteur privé, mais également les institutionnels. Mais le socle de la démarche de notre Souverain réside avant tout dans le fait qu’il place les relations dans une volonté de coopération mutuellement profitable ».
Le Maroc a désormais de réelles expertises dans des secteurs économiques clés tels que l’agriculture, la pêche, l’agro-industrie, l’industrie, l’énergie, les mines et les infrastructures, les travaux publics et le logement, l’économique numérique, le tourisme, la logistique, la santé, le consulting et la culture. Des cadres hautement formés et qualifiés sont prêts à s’investir en Afrique et y apporter leur savoir-faire.
Ainsi, le Maroc consolide-t-il son positionnement, incitant au développement des investissements Marocains en Afrique et mettant à la disposition des projets de développement, notamment des infrastructures, l’expertise et le savoir-faire des cadres et des entreprises marocaines. En outre, le Maroc a augmenté les aides au profit de plusieurs pays, réalisé de nombreux projets socio-économiques et annulé les dettes des pays africains les moins avancés. Il accueille également des milliers d’étudiants africains dont le plus grand nombre bénéficie de bourses de l’État marocain.
Abdelfettah ALAMI