Une justice trop lente
Le verdict dans l’affaire des minotiers vient enfin d’être rendu… 17 ans après. Le procès concernait des détournements dans l’Association des Minotiers, El Ghali Sebti, son président avait fui en Espagne dans un premier temps. Un premier dossier avait été jugé et des gens condamnés à la prison ferme. Sebti et Abaâkil, ancien président de la chambre du Commerce et ex-parlementaire ont été condamnés à 3 ans avec sursis.
Dix sept ans après, l’on ne se souvient même plus des détails du dossier qui ne fait plus recette auprès des médias, alors qu’il faisait les manchettes en son temps. L’avocat d’Abaâkil dit qu’il est devenu pauvre. On peut le croire, parce qu’un homme englué dans un procès où son intégrité morale est mise en question, qui risque la prison, a nécessairement des difficultés. Les banquiers hésitent à le financer et les fournisseurs ne le livrent qu’après paiement. Pendant ces longues années, les accusés sont bloqués, socialement handicapés, pour ne pas dire isolés.
Un litige foncier à Mohammedia, portant sur 4 ha, déjà construits en villas est dans les tribunaux depuis 1980 ! La situation devient inextricable parce que les ayants droits sont arrivés à la troisième génération à cause des décès successifs.
La justice quand elle atteint ces records de lenteur devient une aberration. Sur le plan économique, les pertes pour les justiciables sont énormes. Certaines familles vivent dans la misère pendant des décennies avant de récupérer leurs droits.
Les procédures doivent être revues d’urgence pour que les dossiers aboutissent dans des délais raisonnables. Les moyens humains et matériels sont insuffisants selon les juges, mais les avocats mettent en cause les procédures, les multitudes expertises exigées.
En attendant, il faut militer pour une plus grande célérité des tribunaux, parce que socialement et économiquement, le coût de la lenteur pour les justiciables est énorme et c’est un handicap pour l’attractivité du pays.