Une nouvelle opportunité pour les banques marocaines en Afrique
S’achemine-t-on vers un remake de l’opération bancaire africaine de l’année 2008 ayant eu pour principaux protagonistes un vendeur français (en l’occurrence Crédit Agricole) et un acheteur marocain (Attijariwafa bank) ?
En effet, alors que le groupe français BPCE a pris le parti de mettre en vente ses actifs africains répartis entre la Tunisie, le Cameroun, le Congo, Madagascar et Maurice, les trois premiers groupes bancaires marocains seraient déjà dans les starting-blocks. Ainsi, dans les quartiers généraux tant du champion marocain de la banque et de l’assurance que de ses principaux concurrents, en l’occurrence BMCE Bank et groupe BCP, les stratèges regardent de près le dossier dont le processus devrait aboutir en début 2018 à une cession en bloc ou par actif des participations du groupe mutualiste français en Afrique, à savoir 60% de la Banque tuniso-koweïtienne en Tunisie, 61% de la BICEC au Cameroun, 100% de BCI au Congo, 75% de Banque Malgache de l’Océan Indien et, enfin, 100% de Banque des Mascareignes à Maurice. Et si du côté d’Attijariwafa bank, une offre sur l’intégralité du périmètre risque d’être un peu compliquée vu sa présence déjà en Tunisie, au Congo et, surtout, au Cameroun où les parts de marché de sa filiale la SCB et la cible BICEC risqueraient de dépasser 30% (ce qui, souvent, fait hérisser les autorités de régulation), le vaisseau amiral du groupe Benjelloun et le groupe BCP ont plus de latitudes pour se positionner sur l’ensemble des actifs en vente, même si BMCE Bank compte déjà une présence à Madagascar et une participation minoritaire au Congo (à travers LCB)… avec, toutefois, un avantage non négligeable pour la banque coopérative pour qui les cinq banques convoitées viennent compléter à merveille (et sans frictions) la présence panafricaine de sa filiale Banque Atlantique (qui étend sa toile sur une douze de pays de l’Afrique subsaharienne).
Mais ce n’est pas gagné d’avance pour les trois banques marocaines qui ont conquis l’Afrique au cours de la dernière décennie, car d’autres acteurs bancaires panafricains seraient également en lice ; sans compter de gros fonds d’investissement capables de mobiliser en consortium des fonds conséquents (ce qui a déjà été le cas auparavant notamment dans le secteur africain de l’assurance).