Une nouvelle page s’ouvre par ( Jamal Berraoui )
Dimanche prochain, la marche de protestation à l’appel des quatre centrales, l’UMT, la CDT et la FDT en plus de l’UGTM, attirera tous les regards. Bien sûr que l’on s’intéressera au nombre de manifestants. C’est un critère universel de jugement d’une action politique. Les organisateurs scrutent la météo et affirment que la mobilisation bat son plein, non seulement à Casablanca mais partout au Maroc. L’USFP et l’Istiqlal sont moins ostentatoires, s’ils soutiennent l’action, ils ne veulent pas s’accaparer un rôle principal et respecter l’indépendance des centrales.
cMais au-delà du nombre de manifestants, l’effet politique est déjà là. Le gouvernement a annoncé sa volonté de rouvrir le dialogue social. Or, c’est la première des revendications des syndicats qui parlent de « mépris » ! de la part du Chef du gouvernement. Année législature la classe ouvrière et les salariés de la fonction publique se dressent contre le PJD. Or, c’est une partie importante de son électorat lors du dernier scrutin. C’est cet élément politique qu’il faudra apprécier à sa juste valeur.
L’unité syndicale trouvera une expression politique. Il est dans l’ordre des choses que l’opposition s’en saisisse. Ceci laisse augurer de vraies batailles sur les réformes à venir et sur la question sociale dans son ensemble.
Le danger à éviter c’est celui des promesses intenables qui finissent par démobiliser tout le monde, par ancrer l’idée que les politiques ne sont pas maîtres de leurs actions et qu’il n’y a donc aucun intérêt à voter ou à choisir.
Une page se tourne puisque Benkirane ne peut plus se prévaloir d’un soutien populaire qu’il est le seul à croire aussi massif. On n’est plus face à des faits isolés, comme les mésaventures d’un ministre devant des étudiants ou des diplômés chômeurs, mais face à une action syndicale concertée.
Si l’exécutif ne lâche rien, cela signifiera que la décompensation et la réforme des retraites ne passeront pas ou alors après un conflit social important et un clivage politique qui peut mettre mal à l’aise une partie de la majorité, en particulier le PPS. La vie politique, dans son ensemble, sort de la léthargie imposée par les effets des dernières législatives. Les élections communales se présentent comme un rendez-vous autrement plus important que d’habitude. On verra alors si l’effet printemps arabe a réellement influé sur la victoire du PJD ou si celle-ci est le fait d’une prétendue islamisation de la société. D’ici là, les reclassements en cours sont à surveiller, car ils préfigurent la carte de l’avenir proche.