USFP : Déficiences démocratiques
Le congrès de l’USFP se tient ce week-end. Il suscite beaucoup d’intérêt parce que le Tihad, revenu dans l’opposition, même malade, reste un parti majeur qui a joué un grand rôle dans l’histoire du Maroc. Les médias se focalisent sur les candidatures au poste de premier secrétaire, alors que les problématiques en interne, dépassent les personnes. Les analogies avec l’Istiqlal n’ont aucune pertinence. A l’USFP, une question identitaire, une autocritique sévère des deux dernières décennies s’imposent dans tous les débats et sont présentes dans les plateformes de tous les candidats.
Malheureusement ce fonds, qui pourrait et qui peut servir de base à un vrai débat autour de l’avenir de la gauche marocaine, a été phagocyté par des enjeux mineurs, ridicules, minables. L’appareil, les structures ont été pourries par la permissivité d’une direction pour qui seuls les résultats électoraux, les maroquins comptaient. Ce n’est pas une accusation, c’est un constat lucide, sans lequel il n’y a aucune reconstruction possible.
L’élection des congressistes est une condamnation sans appel et une confirmation de l’état comateux du parti de Bouabid, Abderrahim s’entend. Parce que je suis à l’intérieur, je déments catégoriquement les «informations» supposées des confrères. Ce n’est pas une lutte entre soutiens des candidats à la magistrature qui a eu lieu, si tel était le cas cela aurait été un moindre mal.
Il y a eu deux cas, soit des élections par consensus, soit des élections se terminant par des batailles rangées, des faits de «baltajya», des comportements de voyous. Dans le premier, ce sont des accords bureaucratiques, dans le second les conséquences d’un «Inzal» accepté par le bureau politique. Dans les deux cas cela n’a rien à voir avec la démocratie partisane. Surtout, ce qui s’est passé n’est ni au niveau des enjeux, ni au niveau du débat au sein même du parti.
Maintenant, il faut disculper les candidats, ils n’ont rien à y voir. Les enjeux étaient une place au congrès, pour négocier une place, via la liste régionale, pour la commission administrative, ce qui permet d’être en bonne place pour aspirer à la candidature à la commune, ou soutenir un candidat qui sera reconnaissant, une fois élu. C’est aussi minable que cela, dans la majorité des cas. Le débat d’idées a disparu devant des appétits aiguisés par une pratique saugrenue : celle de «militants» vivant aux crochets de la politique de manière malsaine, parce qu’ils vendent leurs services, rattachés à une pseudo-influence, au plus offrant.
Pourtant il y a encore un peu de vie dans ce parti, surtout l’expression de l’instinct de survie. De véritables angoisses concernant l’ensemble de la gauche sont exprimées. Il faut juste espérer que le congrès ouvre la voie d’une suprématie du débat politique sur les prébendes qu’une clique a installée comme méthode de gestion du parti. Il faut l’espérer pour le pays, sinon il faudra que la gauche se trouve une autre voie.