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Vacances d’été au Maroc. Les hôteliers ne jouent pas le jeu

En cette fin du mois de juin, beaucoup songeront aux destinations où ils voudraient voyager. Certains s’y sont pris à l’avance, d’autres pas.  Pour ces vacances d’été 2021, les premières après la crise Covid-19, le tourisme local devrait être le grand gagnant de l’été, malgré la levée des restrictions sanitaires dans plusieurs pays étrangers. La bonne nouvelle : les hôteliers ont décidé d’étendre leurs offres promotionnelles à tous les Marocains, qu’ils soient résidents à l’étranger ou au Maroc.

Mais qu’en est-il de l’application par les hôteliers de cette remise exceptionnelle de 30% sur les tarifs affichés sur les plateformes commerciales ou auprès des établissements d’hébergement ? Reste également les questions principales : où les Marocains comptent-ils donc plier bagages cet été ? A quel prix ? Où et comment dénicher les bonnes offres ? Quelles sont les tendances (destinations, tarifs…) ? Rester au Maroc ou aller à l’étranger ? Quelles sont les offres ? Les deals sur Internet sont-ils intéressants ? Tour d’horizon.

En ordonnant à l’ensemble des intervenants dans le domaine du transport aérien, en particulier la Royal Air Maroc (RAM) et aux différents acteurs du transport maritime, de veiller à pratiquer des prix raisonnables qui soient à la portée de tous, ainsi que d’assurer un nombre suffisant de rotations, afin de permettre aux familles marocaines à l’étranger de rentrer au pays, le Roi Mohammed VI a donné un grand coup de pouce au tourisme intérieur. Depuis et malgré la crise sanitaire liée à la Covid-19 et l’exclusion des ports espagnols, le Royaume s’attend cette année à l’arrivée de près de 2 millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE), comptabilisés comme touristes internationaux par l’Observatoire du Tourisme du Maroc.

Une aubaine pour les établissements hôteliers qui ont commencé de nouveau à recevoir leurs clients réguliers, après que le Maroc a allégé les restrictions. « Pour ce segment de clientèle MRE, le motif de visite est certes familial mais leurs activités durant leurs séjours sont nombreuses et relativement variées : visites, montagne, balnéaires et farniente », souligne Abdelkrim Slaoui, expert en Tourisme.

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 A l’instar des MRE, les Marocains résidents pensent à l’endroit où ils voudraient passer leurs vacances. Aujourd’hui, en l’absence d’étude sur le sujet, il serait difficile de dresser un état des lieux global pour avancer combien de Marocains voyagent à l’intérieur du Royaume, combien préfèrent l’étranger, quelles destinations ils choisissent, combien ils «casquent» lors de leurs vacances, comment ils program­ment leurs congés, …

A titre d’exemple, une étude menée par l’Of­fice national marocain du tourisme (ONMT) et rendue publique le 22 avril dernier, a permis de révéler que près de 60% des Marocains souhaitent voyager en été, si les condi­tions sanitaires le permet­tent. « Prenant en considé­ration le fait que 95% des Marocains décident de leur destination de voyage au maximum un mois avant le départ, les semaines qui viennent seront décisives dans le choix des destinations, tenant compte des mesures de sécurité sani­taire mises en place par les autorités », note l’ONMT. Le rapport précise que le tourisme interne est le premier pourvoyeur de touristes au Maroc.

Seule une poignée d’établissements adhèrent à l’opération

Pour ces vacances d’été 2021, les premières après la crise Covid-19, les Marocains voyageront à l’intérieur du Maroc mais aussi à l’étranger. Mais, malgré la levée des restrictions sanitaires dans plusieurs pays étrangers, le tourisme local devrait être le grand gagnant de l’été. Après la RAM, la Fédération Nationale de l’Industrie Hôtelière (FNIH) a décidé d’étendre ses offres promotionnelles pour les prochaines vacances d’été à tous les Marocains et pas seulement les MRE.  Ainsi, les hôteliers ont promis d’offrir  une réduction de 30% sur les tarifs affichés sur les plateformes commerciales de leurs établissements et la gratuité en faveur d’un enfant de moins de 12 ans dans la chambre des parents (valable que jusqu’au 30 septembre 2021). A noter, que l’offre ne concerne que les réservations faites directement auprès des établissements d’hébergement ou sur leurs sites commerciaux.  Il faut dire également, que cette remise exceptionnelle n’était réservée initialement qu’aux MRE. Il a fallu que les nationaux manifestent leur indignation et leur colère sur les réseaux, pour que les hôteliers fassent marche arrière et étendent la promotion aux nationaux et étrangers résidents dans le Royaume.

Seulement, ce qui devrait être une bonne nouvelle n’en est finalement pas une. En effet, sur le terrain, la quasi-totalité des hôteliers ne jouent pas le jeu. Pourtant, en appliquant les tarifs exceptionnels promis aux MRE, Marocains et résidents étrangers au Maroc, cela pourrait leur faire beaucoup de bien en déclenchant même une reprise effective pour le secteur touristique. « Il faut savoir, que malgré l’appel de la Confédération nationale du tourisme et de la FNIH pour appliquer la réduction des 30%, beaucoup d’opérateurs ne s’accordent pas pour l’appliquer, vu qu’ils ont subi une très grande crise depuis 16 mois.  La seule solution  «envisagée» pour «répondre» à l’appel de la Confédération nationale du tourisme (CNT) et de la FNIH, et des  orientations du communiqué du Cabinet royal,  est d’appliquer cette réduction  sur un «tarif public» qui est théoriquement 2 à 3 fois supérieur au tarif réel appliqué en période normale. Et au final, le consommateur, touriste national ou MRE ne bénéficierait dans les faits d’aucune réduction», explique Zoubir Bouhoute, Expert en tourisme.

En fait, généralement, le tarif public n’est appliqué qu’aux administrations et communes que les hôteliers considèrent comme de mauvais payeurs. En période normale, celui-ci est réduit au tiers. Selon un hôtelier, ni la décision de procéder à une baisse, ni les 30 %, n’ont fait l’unanimité dans leur secteur. Résultat des courses : seuls quelques rares d’établissements proposent l’offre sur leur site. C’est trop peu par rapport aux quelque 1600 unités d’hébergement dont les sociétés hôtelières sont membres de la FNIH. Pour les hôteliers qui n’affichaient rien sur leur plateforme, ils disent de participer au plan, mais une fois que le voyageur appelle par téléphone pour réserver, on lui communique un tarif, soi-disant intégrant la remise, mais qui est même plus cher en période normale. Contactées dans le cadre de ce dossier, ni la CNT, ni la FNIH, qui ont l’habitude de répondre à nos questions, n’ont donné suite à notre sollicitation.

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Aujourd’hui, davantage présents sur les plateformes de réservation et autres que sont Booking, Expedia ou Trip Advisor, les hôteliers ne font même plus l’effort de fixer des tarifs spécifiques pour les touristes nationaux. L’exclusivité de la nuitée la moins chère imposée par ces plateformes de réservation les en empêche et les clients ont eux-mêmes appris à utiliser ces outils. Heureusement que cette clause du contrat a finalement permis de rendre les prix plus transparents.

Autrement dit, tout dépendra en fait des budgets. Une question se pose : serait-il alors plus intéressant de rester au Maroc ou aller plutôt à l’étranger si l’on doit comparer les offres selon les tarifs, l’animation…? «Il n’y a pas de règle, et surtout pas de certitudes! Il peut être tout aussi intéressant de passer ses vacances au Maroc. Bien qu’à certains égards, des vacances au Maroc puissent paraître chères!», souligne Abdelkrim Slaoui qui précise que les hôteliers marocains ont mis les petits plats dans les grands pour offrir les meilleures prestations et atteindre un coefficient de remplissage maximum pendant cet été, cela après des mois de disette. 

Sur le terrain, les clients, en dépit de moult plaintes relatives à la non application de la remise exceptionnelle, n’ont pas le choix que de réserver aux tarifs fixés par les hôteliers qui se focalisent sur la période estivale pour se refaire une santé.

Reste les questions principales : où passer les vacances ? A quel prix ? Où et comment dénicher les bonnes offres ? Autant de questions pour lesquelles il vaudrait mieux s’y prendre un peu tôt au risque de devoir prendre une décision de dernière minute pas toujours adéquate et de rater son congé. A en croire les voyagistes et professionnels, les taux de remplissage en hôtels classés situés dans les régions balnéaires affichent déjà un bon niveau d’affluence, du moins pour juillet. « En ce qui concerne la station Saïdia, elle affiche plein pour le mois de juillet. Sur les six établissements de la station, les quatre qui sont ouverts cette année, notamment Iberostar, Be Live, Melia Beach, et Oasis Palace, ne disposent plus de place qu’à partir d’août», indique Youssef Zaki, Président du Conseil Régional du Tourisme (CRT) de l’Oriental.

Le balnéaire et la grande maison louée, les vraies stars de l’été

Il faut dire qu’en été, le balnéaire l’emporte sur toutes les autres destinations, que ce soit au Maroc ou à l’étranger. C’est ainsi qu’en interne, les côtes méditerranéennes du Nord sont la destination privilégiée des marocains, en plus de Saïdia et Agadir. De même, Dakhla gagne du terrain. Autre destination déjà complète pour le mois de juillet prochain, la station balnéaire de Taghazout qui a accueilli de nouveaux établissements durant cette année. Est-ce un début de changement dans les habitudes des Marocains ? Car tout le monde s’accorde à dire, que les Marocains ont la fâcheuse tendance à organiser à la dernière minute leur programme estival, bien qu’ils connaissent généralement longtemps à l’avance leurs dates de congés. Il n’est cependant pas trop tard pour faire de bonnes affaires. 

Outre le balnéaire marocain, l’autre vraie star de l’été, c’est la grande maison de vacances. Après des mois de stress et de couvre-feu, très nombreux sont ceux qui  aspirent à retrouver le grand air, avec un hébergement spacieux et des espaces extérieurs – d’autant que le logement individuel peut être vu comme plus rassurant dans le contexte de crise sanitaire. En effet, qu’elle soit pratiquée au Maroc ou à l’étranger, la location estivale peut être un choix intéressant en offrant une grande liberté aux familles : pas d’horaires imposés pour les repas, possibilité d’inviter des amis et de recruter en option du personnel pour les tâches ménagères et culinaires… Les offres fourmillent sur internet, qu’elles émanent d’agences immobilières ou de propriétaires .  

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Les destinations balnéaires sont certes les plus privilégiées par les Marocains en période estivale, mais pas que. Tout dépend aussi des infrastructures et des possibilités d’hébergement. Dans ce sens, Marrakech se trouve également dans le lot des destinations d’été de par les installations de ses hôtels en piscines et plans d’eau de qualité. Aussi, les offres d’animation aussi bien diurne que noceur que propose la ville ocre, font de celle-ci une destination estivale de choix. Autre avantage, Marrakech où la température frôle les 40 degrés durant l’été, est commercialisée comme une basse saison.  

Depuis que le Royaume a ouvert les frontières, les destinations à l’étranger ont commencé à susciter l’intérêt des catégories socioprofessionnelles élevées, même si certains candidats nourrissant des craintes de vivre les galères des retours cauchemardesques à cause d’une éventuelle évolution de la pandémie dans leur destination. Avec la fermeture des frontières Maroc-Espagne sur les traversées en ferry, les nationaux qui apprécient les côtes espagnoles, notamment Costa Del Sol, regardent plutôt ailleurs.

Le Portugal en ligne de mire

Si 300.000 marocains se rendaient chaque été en Espagne, cette année, c’est le Portugal qui est en ligne de mire, facilité en cela par la ligne maritime entre Tanger et Portimão au Portugal, qui ouvrira dès le début du mois de juillet.  Deux navires battant pavillon marocain devront entrer en service pour assurer deux traversées par jour dans les eaux de l’Atlantique, pour faire transiter quotidiennement un total de 4.000 personnes à raison de sept heures par traversée.  «Comparées au Maroc, les vacances au Portugal, notamment à Portimão ou Lagos, coûtent beaucoup moins chères», indique Abdelkrim Slaoui, expert en Tourisme, qui précise que le Portugal s’installe depuis quelques années comme une destination de prédilection. « Aussi, si des pays comme la France et l’Italie séduisent toujours les Marocains, la Turquie et l’Egypte deviennent de plus en plus populaires pour nos nationaux. Il y a encore les destinations  exotiques comme Singapour, la Malaisie, ou le Viêtnam, mais rares sont ceux qui vont s’y risquer », dit-il.

 
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