Variole du singe. Voici les réponses aux dix questions que vous vous posez
La variole du singe (« monkeypox » en anglais) continue de se propager à travers le monde. Quelques 219 cas ont été confirmés dans le monde, selon un bilan du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), le 26 mai dernier. Au Maroc, il y a eu plus de peur que de mal : les trois cas suspects annoncés s’étant révélés négatifs à l’issue des analyses de laboratoire effectuées à l’hôpital militaire Ibn Sina de Marrakech. Le ministère de la Santé a mis en place un système de suivi épidémiologique et de surveillance des cas suspects de la maladie. Voici les réponses aux questions que vous vous posez sûrement.
1-Qu’est-ce que cette maladie ?
Proche de la variole, elle est toutefois à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse. La variole du singe a été identifiée pour la première fois en République Démocratique du Congo (RDC). « L’identification en mai 2022 de clusters de variole du singe dans plusieurs pays non endémiques [où la maladie ne circule pas] sans lien direct avec des voyages en zone endémique est atypique », selon l’OMS. La variole du singe est une maladie virale capable de se transmettre de l’animal à l’homme et désormais d’homme à homme puisque le virus semble avoir changé récemment en acquérant la capacité de se transmettre entre humains.
2-Où la trouve-t-on actuellement ?
Le premier cas de cette épidémie a été recensé au Royaume-Uni le 6 mai 2022, chez un homme rentré du Nigeria. C’est dans les pays à zones humides et tropicales de l’Afrique de l’Ouest et centrale que le virus se retrouve souvent, en raison des conditions favorables à sa reproduction chez les animaux qui le transmettent (rongeurs le plus souvent). Depuis, le nombre de cas a augmenté au Royaume-Uni (71 cas) et la variole du singe a également été retrouvé en Espagne (51), Portugal (37), Canada (15), Etats-Unis (9), Australie (2), Israël (1) et les Emirats Arabes Unis (1) … Au total, 11 pays sont concernés, au moins, selon l’OMS.
3-Quels en sont les symptômes ?
La variole du singe donne un état grippal, avec les symptômes qui ressemblent, en moins grave, à ceux de la variole (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, fatigue,…) au cours des cinq premiers jours. Puis apparaissent des éruptions cutanées (sur le visage, la paume des mains, la plante des pieds), des lésions, des pustules et enfin des croûtes. L’éruption, qui peut atteindre le millier de boutons, a tendance à se concentrer sur le visage, la paume des mains et la plante des pieds. Les boutons peuvent également être localisés sur la bouche, les organes génitaux et les yeux.
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4-Comment se transmet-elle ?
L’infection des cas initiaux résulte d’un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. En l’état actuel des connaissances, la transmission secondaire – c’est-à-dire interhumaine – nécessite un contact étroit et prolongé entre deux personnes, et se fait principalement via la salive ou le pus des lésions cutanées formées au cours de l’infection. Plusieurs experts ont souligné que si ce virus pouvait être attrapé pendant une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible. Cette transmission pourrait être due aux contacts intimes et rapprochés lors de rapports sexuels et non pas par le rapport sexuel en soi.
5-Peut-on en mourir ?
La variole du singe est une maladie virale dont on guérit dans la majorité des cas. La maladie, telle que connue jusqu’à présent, guérit en général spontanément et les symptômes durent de deux à trois semaines. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l’ampleur de l’exposition au virus, à l’état de santé du patient et à la gravité des complications.
6-Existe-t-il un traitement ?
Il n’existe pas de traitements ou de vaccins spécifiques contre la variole du singe, mais on peut endiguer les multiplications de cas, explique encore l’OMS.
Il a été prouvé dans le passé que la vaccination antivariolique avait alors une efficacité évaluée à 85 % pour la prévention de la variole du singe. Les vaccins de 1ère et de 2e génération ne sont plus utilisés pour la population générale depuis 1984, du fait de l’éradication de la variole. Un vaccin de 3e génération (vaccin vivant non réplicatif c’est-à-dire ne se répliquant pas dans l’organisme humain) est autorisé en Europe depuis juillet 2013 et indiqué contre la variole chez les adultes.
D’ailleurs, l’union européenne prépare des achats groupés de vaccins et autres traitements contre la variole du singe, a indiqué jeudi 26 mai la commission européenne, précisant que les détails seraient finalisés dans les prochains jours. Le porte-parole de la commission européenne pour les questions de santé, Stefan De Keersmaecker, a précisé que l’organisme européen HERA (Health Emergency Response Authority) « travaille avec les Etats membres et les fabricants pour se procurer des vaccins et des traitements contre la variole du singe ».
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7-Que faire si vous pensez souffrir de la variole du singe ?
La direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, affiliée au ministère de la Santé, qui coordonne le protocole, a dévoilé les différentes mesures prises pour faire face à la variole du singe, notamment la prévention pour contrer l’entrée de la maladie sur le territoire national, la détection précoce des cas et la conduite à tenir. Ainsi, toute personne présentant une éruption cutanée, vésiculeuse ou vésiculo-pustuleuse, avec fièvre supérieure à 38 °C est qualifiée de cas probable.
Par contre, un cas confirmé est défini comme étant un cas probable chez qui l’infection par le virus de monkeypox a été confirmée par technique moléculaire au laboratoire.
Le protocole de la direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies souligne également que toute personne ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique, quelles que soient les circonstances, est traitée comme contact à risque. Dans tous les cas, précise-t-on, tout cas suspect ou probable doit être immédiatement déclaré à l’autorité sanitaire provinciale/préfectorale dont relève la structure sanitaire (publique ou privée) où le médecin a évoqué le diagnostic.
La Délégation provinciale/préfectorale du Ministère de la santé et de la Protection sociale coordonne, en urgence, avec le service régional de Santé Publique la vérification de la définition de cas et procède à l’investigation épidémiologique dès que le cas est classé comme cas probable.
8-Qui sont les contacts à risque ?
– Toute personne ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique, quelles que soient les circonstances, y compris en milieu de soins, ou partage d’ustensiles de toilettes, ou contact avec des textiles (vêtements, linge de bain, literie) ou de la vaisselle.
– Toute personne ayant eu un contact non protégé à moins de 2 mètres pendant 3 heures avec un cas probable ou confirmé symptomatique (ex. ami proche ou intime, milieu de transport, collègues de bureau, club de sport, …etc).
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9-Quelles sont les conditions de prise en charge ?
Le ministère de la Santé a précisé les conditions de prise en charge des différents cas. Ainsi, la conduite à tenir est la suivante :
– Auto-isolement pendant les 3 semaines suivant le dernier contact avec le cas probable ou confirmé, avec contrôle biquotidien de la température.
– L’équipe provinciale/préfectorale d’Intervention Rapide (EIR) doit instaurer un suivi téléphonique régulier afin de vérifier l’absence de symptômes de la maladie.
– En cas de fièvre ou d’éruption, une personne-contact ne doit pas se rendre dans une structure sanitaire, mais sa prise en charge sera organisée par l’EIR.
10-Peut-on faire un test de détection de la variole du singe dans les laboratoires privés ?
Les laboratoires de virologie du ministère de la Santé ont pour l’instant l’exclusivité pour effectuer les tests relatifs à la détection de la variole du singe chez les cas suspects. Ainsi, pour l’heure, les analyses de laboratoire sont réalisées à la fois à l’Institut national d’hygiène et dans les laboratoires militaires.