L’histoire ne repasse Jamais les mêmes plats, quoi qu’on en dise. Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine est une véritable Intifada, qui touche sérieusement « Israël », ou ce que l’on appelle la ligne verte, c’est-à-dire les territoires occupés en 1948 et constituant les frontières de l’Etat hébreu à sa naissance. Il y a plus de manifestations, d’émeutes, sur ce territoire qu’en Cisjordanie.

La différence essentielle avec les deux premières Intifada, c’est qu’elle est totalement spontanée et qu’elle se fait contre tous les leaderships. Mahmoud Abbas, totalement décrédibilisé, ne cesse de répéter qu’elle constituerait une catastrophe pour les Palestiniens. Hamas suit le mouvement, mais n’a aucune emprise sur les manifestants, en particulier, auprès des arabes palestiniens. Netanyahu sait qu’une telle rébellion sonnerait le glas de son gouvernement, mais n’arrive pas à résister à la pression des jusqu’aux boutistes de son camp, Lieberman qui réclame l’expulsion des palestiniens de 48, a rompu son alliance avec Bibi.

Il est trop simpliste de ne s’attacher qu’à l’assassinat barbare d’un adolescent brûlé vif, juste parce qu’il est arabe. Tuer des enfants est la marque de fabrique du sionisme. Rappelez-vous Jamal Dourra, mais surtout les statistiques annuelles des victimes de Tsahal et de ses bombardements.

L’explosion actuelle est liée à l’absence de perspective. Les gesticulations d’Abbas ont fini par lasser. Il n’a pas réussi à arrêter la colonisation, qui n’a jamais été aussi accélérée que depuis qu’il négocie. « Israël » a libéré 50 prisonniers dans le cadre des négociations et 1200 dans le cadre de l’échange avec le soldat Shalit. L’embargo sur Gaza est humainement insoutenable, puisqu’il touche tous les produits. La situation économique est intenable. Le chômage frappe la moitié des jeunes. Quant à la minorité arabe d’Israël, elle est stigmatisée, considérée comme un ennemi de l’intérieur et voit le courant raciste occuper une place centrale au gouvernement, alors qu’il réclame l’expulsion des arabes.

 Ce qui se passe sous nos yeux, c’est l’enterrement par le peuple palestinien d’Oslo et de l’impasse des fausses négociations. Mahmoud Abbas, parce qu’il s’y cramponne, à Oslo et à ses mirages, a entraîné tout le Fatah vers la poubelle de l’histoire.

 La troisième Intifada débouchera sur l’émergence de nouvelles directions plus combatives mais qui rejettent le recours aux armes. Les manifestants n’ont plus peur de constater que les 400 obus lancés sur Israël n’ont fait ni blessés ni dégâts d’importance, alors que les bombardements israéliens ont fait 50 morts jusqu’ici.

 Ils se dirigent vers une révolte populaire contre l’occupant. C’est le début d’une nouvelle période historique. Des cadres moyens de l’OLP avancent l’idée de l’abandon des deux Etats et le retour à la solution d’un Etat laïc, démocratique, ouvert à tous ceux qui l’habitent, y compris les migrants juifs qui sont citoyens d’Israël.