Voitures d’occasion : la mise à niveau du secteur se fait attendre
Marché automobile. C’est un marché qui fait trois fois la taille du marché des voitures neuves. Mais, son essor passe par une restructuration qui tarde à se matérialiser sur le terrain.
par Roland Amoussou
L es professionnels appellent à la restructuration du marché de l’occasion. Un marché en plein essor, qui fait trois fois la taille de celui des voitures neuves, avec pas moins de 400.000 transactions déclarées en 2014. Un marché juteux avec un important potentiel de développement, mais qui reste dominé par l’anarchie qui caractérise le secteur. «Le marché existe avec un important volume, mais il n’est pas structuré. Aujourd’hui, tout le monde est vendeur de voitures d’occasion, et cela pose surtout un problème en termes de sécurité, de transparence et de traçabilité», déplore Khalid Kabbaj, directeur général de Wafa LLD, filiale du groupe Attijariwafa bank, spécialisée dans la location longue durée(LLD). Dans son intervention lors de la table-ronde organisée sous le thème «La Voiture d’occasion : Quels enjeux pour les opérateurs de la profession ?» dans le cadre du Salon de l’occasion, il est notamment revenu sur les problèmes qui minent un réel essor du secteur. «Le développement de l’occasion doit être accompagné de mesures qui rassurent l’acheteur, puisque tout ceci concourt à un ultime objectif, qui est celui de la sécurité », ajoute le DG de Wafa LLD.
Un pas en avant
Même son de cloche aussi du côté de Housni Chraibi, directeur du Développement chez Sopriam. «Le marché est là, puisque selon les statistiques du ministère de l’Équipement, ce marché enregistre pas moins de 400.000 transactions par an, tout en sachant qu’un même véhicule peut faire l’objet de plusieurs transactions dans la même année. Cependant, c’est un marché qui est contrôlé dans sa quasi-totalité par des marchands non structurés», a-t-il expliqué.
Toutefois, soulignons qu’un pas en avant a été fait, il y a deux ans, par l’Etat dans le sens de la structuration de ce marché. En effet, après plusieurs années d’attente de la part des professionnels, la Loi de finance 2013 a mis fin à la TVA de 20% imposée par l’Etat aux concessionnaires qui manifestaient leur intérêt pour l’occasion. Du coup, plusieurs concessionnaires du Royaume se sont lancés sur ce nouveau créneau, qui vient s’ajouter à la vente de véhicules neufs (130.000 unités écoulées par an au mieux). Ainsi, Sopriam a donné le ton en lançant, la même année, son showroom entièrement aux voitures d’occasion (toutes marques confondues). « C’est la problématique liée à la fiscalité qui a freiné l’engouement des concessionnaires à se lancer sur ce segment», fait remarquer Housni Chraibi. L’importateur et distributeur des marques Peugeot et Citroën au Maroc a, de même lancé la reprise de véhicules usagés. En France par exemple, sur 10 voitures neuves vendues, pas moins de 8 sont faites dans le cadre de reprises. Grâce aux marchands structurés (concessionnaires, etc), encore minoritaires, qui s’attaquent à ce segment, la mise à niveau du marché de l’occasion se met, peu à peu, en marche. Car, ces derniers, contrairement aux marchands non structurés (garagistes, particuliers intermédiaires…) proposent un produit sûr et avec toutes les expertises nécessaires afin de mettre l’acheteur en confiance. En témoigne d’ailleurs, l’affluence exceptionnelle d’acheteurs qui a marqué le premier Salon de l’Occasion au Maroc (du 6 au 14 juin) à Casablanca. «La structuration du marché est en marche, notamment avec la problématique de la fiscalité qui a été réglée en 2013. C’est déjà un pas en avant. Avant, quand on achetait une voiture d’occasion, il y avait un sentiment de se faire avoir sur le prix, car il n’y avait pas de norme et chacun fixait son prix à son gré. Aujourd’hui, avec l’arrivée de l’Argus, cela permet d’avoir une fourchette raisonnable », se réjouit Khalid Kabbaj. Les assureurs commencent également à s’aligner sur l’occasion avec des offres bien adaptées, de même que les sociétés de financement de la place. Mais, la lenteur de la mise à niveau pousse ces derniers d’y aller au cas par cas. « Ce marché d’occasion constitue un nouveau marché pour nous. Mais, étant donné qu’il n’est pas structuré, on a du mal à le financer», explique, pour sa part, Fayçal El Abassi, Directeur commercial de Wafasalaf. Il va sans dire que les professionnels s’impatientent, et attendent des gestes de la part de l’Etat.