Les chroniques de Jamal Berraoui

A Contre-courant. Et si Poutine avait ses raisons ? [Par Jamal Berraoui]

La crise ukrainienne n’est pas le fruit de quelques mois de tension. Elle a des racines historiques, et est exacerbée par l’attitude US vis-à-vis de la Russie, depuis la chute du mur de Berlin et la catastrophique période Eltsine.

Tordons le cou à la propagande. L’annexion de la Crimée en 2014, n’est pas un coup de force fourni. La population est russe, depuis que Staline a déporté les tatars, habitants originels, les a disséminés sur les autres républiques soviétiques. La Crimée n’a jamais été ukrainienne. Mais surtout, elle est névralgique pour la défense navale de la Russie. Poutine ne pouvait la laisser sous souveraineté d’un pays qui ambitionne d’intégrer l’OTAN. C’est ce qui explique, qu’à part des sanctions symboliques, ce cas n’est sûr aucun agenda occidental depuis 5ans.

C’est à partir de cette date que ce maître du Kremlin développe publiquement sa nouvelle doctrine sécuritaire, dont l’Ukraine n’est que l’otage désigné. Cette doctrine est claire, pas de forces de l’Otan à ses frontières et les droits culturels et politiques pour les Russes restés dans les anciennes républiques soviétiques.

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Sur ce plan, les dirigeants avisés ont accepté que les Russes étudient dans leur langue maternelle, en restant dans ces pays, sans même avoir la double nationalité. Après avoir soutenu les séparatistes dans les deux enclaves, Poutine a signé à Minsk un accord qui prévoit un statut d’autonomie pour ces deux républiques auto-proclamées, sous souveraineté Ukrainienne. La France et l’Allemagne, puissances parait-il, se sont portées garantes de cet accord. Ce sont les USA qui l’ont torpillé sous prétexte que cela touche l’intégrité territoriale. Alors que cet accord n’aurait laissé en suspens que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, qui n’est pas acquise. Poutine en a tiré deux leçons. La première c’est que l’Europe est un nain politique qui ne compte pas. La seconde, c’est que les USA ne négocieront véritablement que devant le fait accompli.

C’est depuis cette date qu’il prépare la guerre. Il a renforcé son armée, la deuxième du monde, anticipé les sanctions en créant un système concurrent au Swift et développé la production interne là où c’est possible pour remplacer les importations. Les sanctions annoncées ne tiendront pas.

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L’Allemagne n’a aucun moyen pour remplacer le gaz russe qui représente 46 % de sa consommation. Plusieurs minerais nécessaires à l’industrie sont en Russie. Premier producteur mondial de blé, elle ne peut être exclue de ce marché.

Une stratégie pour négocier

Il attaque l’Ukraine en déclarant qu’il ne veut pas l’annexer, mais juste la démilitariser. Il prépare les bases objectives d’une finlandisation de l’Ukraine. Les gesticulations de Biden ne sont pas au niveau, parce qu’il ignore le rôle de l’histoire. Il traite la Russie comme s’il s’agissait de Chypre, au motif que son économie n’est pas florissante. Le discours de Poutine à son peuple retrace toute l’histoire, y compris que l’Ukraine a été le berceau de la mère Russie. Il a aussi rappelé la guerre patriotique et ses 16 Millions de morts, ce n’est pas un peuple qui pleurnichera parce qu’il n’y aura plus de pièces détachées sur le marché.

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Les Américains n’apprennent pas. Dès qu’Obama a refusé de bombarder la Syrie, la Russie y est allée et a sauvé le régime d’Al Assad. Dès que Biden a annoncé qu’il n’enverrait pas ses boys mourir pour Kiev, Poutine a attaqué. Il profite de tous les signes de faiblesse.

La seule perspective, c’est de renégocier la sécurité collective en Europe, d’accorder l’autonomie au Donbass. Poutine obtiendra ce qu’il voulait, après une guerre qui était évitable. Le peuple Ukrainien se rendra à l’évidence : l’Europe ne le protège pas. L’alliance Chine-Russie se renforcera. Biden aura perdu sur toute la ligne, parce que sa détermination n’était que verbale. L’avenir prouvera que l’Occident a sacrifié le peuple Ukrainien dans un jeu où son arrogance ne pouvait que le perdre. Les grandes nations n’acceptent jamais l’humiliation.

 
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