« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
Dans l’émission de ce mercredi 27 novembre, le débat porte sur quatre questions:
-Nouzha Bouchareb, ministre de l’Aménagement du Territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, a déclaré que plus de 288.419 familles ont bénéficié du programme national « villes sans bidonvilles » jusqu’en septembre 2019 et 39.245 autres attendent d’être relogées. Chiffres révélés en réponse à une question orale d’évaluation de ce programme posée par le groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des conseillers.
Berraoui rappelle que le lancement de ce programme ciblait au départ 140.000 familles. Aujourd’hui, on atteint les 288.000 et près de 40.000 sur une liste d’attente et une fois ces familles recasées, on nous parlera encore de 40.000 autres ménages. Il rend hommage aux grands efforts déployés par l’Etat pour la réalisation de ce programme de logements sociaux qui a largement profité à une poignée de promoteurs immobiliers devenus milliardaires en dollars. L’analyste de MFM demande à ce qu’on arrive un jour à arrêter ce programme parce que, dans 5 ans, le même problème se posera pour reloger de nouvelles familles.
Au départ, 140.000 familles étaient concernées par le programme national. Et les constructions anarchiques continuent à pousser comme des champignons. Sur ce registre, la responsabilité directe du ministère de l’Intérieur est engagée, souligne Berraoui. Il relève que la raison de cette prolifération vient de l’exode rural et pointe du doigt l’échec de l’Etat de sédentariser les ruraux dans leur campagne en leur assurant tous les besoins de services publics et d’infrastructures et des sources de revenus. Il met aussi au banc des accusés la fiabilité des opérations de recensement dans ce dossier et les fausses déclarations. Pour mettre un terme à ce cirque, il nous faut une audace et un courage politique, souligne l’analyste.
-Le président du ministère public, Mohamed Abdennabaoui, adresse une circulaire aux procureurs généraux et substituts du roi dans les différents tribunaux du royaume pour s’attaquer fermement, en collaboration avec la police, aux escrocs et intermédiaires qui sévissent à l’intérieur ou bien aux alentours des tribunaux, portant atteinte au corps de la magistrature et au prestige de la justice tout en dépouillant les citoyens.
Berraoui souligne qu’avant d’entrer dans un tribunal, il faut montrer patte blanche. Un contrôle strict doit être observé. Il réclame également la révision du code pénal et plaide pour des peines dissuasives. Il ajoute aussi que pour lutter contre la corruption dans la justice et éviter les tentations, on doit immuniser ce corps en améliorant sa situation matérielle. Il critique par ailleurs la lenteur de la justice dans le traitement des affaires dont certaines croupissent depuis des années. Il appelle au renforcement en ressources humaines et compétences vu le volume ahurissant des dossiers en souffrance non sans rappeler l’urgence de l’accélération de la digitalisation des tribunaux.
-Encore un homicide d’un enfant de 5 ans commis, cette fois à Sala Al Jadida. Un communiqué de la direction générale de la sûreté nationale précise que la police a arrêté un individu dans un état mental anormal, soupçonné d’être l’auteur de ce crime.
L’analyste de MFM estime qu’au Maroc la criminalité s’est accentuée avec la consommation des psychotropes qui gangrènent la société marocaine. La police doit nous protéger de ce poison de « karkoubi » qui nous inonde de l’Algérie. Cette dernière l’utilise comme une arme contre le royaume pour détruire sa jeunesse et aujourd’hui elle tombe dans son propre piège, fait remarquer Berraoui. Il relève que les services de sécurité marocains excellent dans la lutte contre le terrorisme. Il est grand temps de traiter la consommation des psychotropes au même titre que le terrorisme. Les consommateurs deviennent des fauves une fois sous l’effet du « karkoubi » et commettent des crimes sordides. Le combattre relève de la sécurité nationale, affirme Berraoui, ajoutant que la sensibilisation ne suffit pas. Tout le monde est concerné : éducation, famille, police, justice, médias. Il revendique le renforcement des moyens de la police et de la justice et la lutte contre ce fléau ravageur ne peut être que globale.
-Selon un responsable de la Direction générale des collectivités locales relevant du ministère de l’Intérieur, la Commission de la coopération de Casablanca a signé, le 31 octobre dernier, un contrat d’une durée de 10 ans renouvelable pour 5 ans avec la société Alsa pour la gestion du transport urbain en commun couvrant 18 communes casablancaises. Il est entré en vigueur le 1er novembre courant. Il stipule dans une première phase transitoire jusqu’au 31 décembre 2019 que le transport urbain sera assuré par des bus récupérés chez M’dina bus. Par la suite, et pour une période d’un an, le transport sera assuré par 400 bus d’occasion. Les 700 nouveaux bus stipulés dans le contrat de gestion déléguée entreront en service à compter du 1er janvier 2021. L’annulation le 14 novembre courant de l’appel d’offres par la Commission de coopération n’aura aucune incidence !
L’analyste de MFM qualifie la gestion de ce dossier d’enfantillage. « C’est de l’enfantillage dans la gestion du dossier. On signe un contrat et on annule l’appel d’offres. Le conseil de la ville et sa commission de coopération sont irresponsables. Le ministère de l’Intérieur n’est pas responsable. La question qui interpelle : qui sera l’interlocuteur d’Alsa? », s’interroge Berraoui. Il appelle à la dissolution du Conseil de la ville de Casablanca pour incompétence et cacophonie relevant qu’on est en face d’une tutelle directe du ministère de l’Intérieur sur ledit Conseil. Il souligne que ce type de démocratie boiteuse est l’ennemi juré de la démocratie. Les responsables du Conseil de la ville feraient mieux de communiquer avec l’opinion publique et de justifier documents à l’appui leur tâtonnement, surtout que le problème du transport dans la capitale économique pourrait conduire à l’anarchie et aux débordements face au ras-le-bol des usagers, avertit l’analyste.
Carte Blanche : Pastichant le titre du film égyptien « Fi Baytina Rajoul », Berraoui parle de « Fi baytina Taarikh ». Comme ils ont fait des familles et sont devenus indépendants, les enfants de la militante et poétesse Touria Sekkat ont décidé de vendre la maison familiale. A cette occasion, ils ont pris l’initiative d’organiser, ce samedi, une réception en l’honneur de toutes celles et ceux qui sont passés par cette demeure chargée d’histoire. Elle a abrité des réunions politiques importantes. Ils comptent rassembler les militants et activistes qui s’y étaient réunis. Berraoui saisit l’occasion et se demande pourquoi on ne respecte pas notre mémoire. Il cite l’exemple de l’acteur français Michel Galabru, natif de Safi, et dont le père était ingénieur à l’origine de la construction du port de la ville. Lors d’une visite à sa ville natale, l’acteur a proposé le rachat de la demeure où il a vu le jour pour en faire un musée. Rien n’a été fait. Il évoque la villa de de Tayeb Saddiki, un véritable patrimoine et se demande ce qu’elle deviendra dans 20 ans. Il note que Tayeb Saddiki mérite à lui tout seul un musée en son nom en guise de reconnaissance pour ce qu’il a donné à la culture marocaine. Il est impératif de travailler sur la question de la mémoire et de l’identité face au monstre de la mondialisation, souligne Berraoui.
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio de lundi à vendredi à partir de 12h30. Elle est rediffusée le même jour à 19h30, de lundi à vendredi.