« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
Le débat de l’émission de ce lundi 9 décembre porte sur :
-L’ancien chef du gouvernement Abelilah Benkirane s’est dédouané lors de son passage au centre Tariq Ibnou Ziyad Initiative, de son successeur Saâd-Eddine El Otmani et son gouvernement en appelant à ce qu’il soit jugé sur son travail accompli et que chaque gouvernement soit comptable de ses réalisations. L’ex secrétaire général du PJD s’est dit fier que les Marocains lui aient donné 125 députés et que le Roi Mohammed VI lui a rendu hommage quand il l’a démis de ses fonctions.
Pour l’analyste de MFM, on n’est pas en présence d’un problème personnel entre Benkirane et El Otmani mais on est face à un problème de réflexion politique. En effet, Benkirane a remporté les élections de manière démocratique et en principe il devait être reconduit et pose la problématique du système électoral et le blocage qu’il a subi de la part de partis politiques pour former son gouvernement, mais quant à dire de ne pas lui demander des comptes, personne ne le fait. Toutefois, il appartient toujours au PJD, relève Berraoui. Il rappelle que Benkirane a fait sa campagne en 2016 en créant un clivage lorsqu’il a mis l’accent sur l’autoritarisme (Tahakkom). L’analyste estime néanmoins que Benkirane a été intelligent quand il a joué la carte du clivage. El Otmni manque de charismatisme par rapport à Benkirane et il ne faut pas oublier non plus que ce gouvernement est resté paralysé pendant près de 4 mois avec le séisme politique qui s’ensuivait, avec le déclenchement du Hirak d’Al Hoceima et le limogeage de quatre ministres. De ce fait, la crédibilité d’El Otmani a pris un coup. Et on assiste depuis à une querelle de leadership enrte El Otmani et Akhannouch. L’analyste pense qu’il existe une relation grave entre la population et la « cuisine politique ». La population exprime de plus en plus son mécontentement, ses doléances et sa défiance vis-à-vis des partis politiques qui n’ont pas réussi à satisfaire leurs revendications.
-Une marche nationale, dimanche, des habitants du grand Souss à Casablanca pour protester contre les nomades et le pâturage sur leurs terres.
Dans une déclaration à radio MFM, Hammou el Hasnaoui, porte-parole de la coordination pour « le droit à la terre et à la richesse », affirme qu’il s’agit d’une marche face au silence du gouvernement pour ouvrir un véritable dialogue avec les populations lésées.
Berraoui donne l’exemple de la forêt de Maâmoura qui subit de plein fouet la déforestation. Pour ce qui est de la région de Souss, les gens viennent du Sahara avec leurs cheptels et occupent de force pour un certain temps les terres des agriculteurs avec tous les dégâts que cela occasionne.
L’analyste souligne qu’on ne peut pas continuer de signer des accords avec des pays étrangers sans l’implication de la population locale. Quant au choix de Casablanca, c’est pour attirer l’attention et pour plus de visibilité. Et Berraoui d’ajouter que les politiques publiques ne doivent pas se faire au détriment des intérêts de la population. Le gouvernement doit traiter ce problème avant qu’il ne prenne une autre tournure plus dramatique à plus d’un niveau et dénonce ce qu’il qualifie d’autisme politique.
-Le scandale de la corniche de Safi : le président de l’association pour la défense des deniers publics a écrit au procureur général de Marrakech demandant l’ouverture d’une enquête sur la construction de la Corniche à laquelle de grosses sommes d’argent lui ont été allouées. Les travaux devaient durer 12 mois mais il a fallu une autre prolongation de 16 mois et les travaux n’ont pas été achevés et, au final, le plan d’aménagement a débouché sur une catastrophe urbanistique.
L’analyste de MFM estime que le dossier de la Corniche de Safi traduit l’échec de la politique de l’Etat et du conseil de la Ville. Il affirme que le premier investisseur dans ce projet est l’OCP qui a contribué à concurrence de 1,5 milliard de DH. Au final, on a accouché d’une laideur dans une ville andalouse par excellence. Derrière le projet de la Corniche, il y avait un autre projet relatif à l’aménagement de la route menant à l’OCP surtout avec des usines de conserve de sardines fermées. Il faut réhabiliter ces usines fermées en les transformant en espaces de vie, de culture et de loisirs. L’OCP est convaincu de l’utilité d’une telle idée mais la politique opportuniste d’élus a fait avorter tout. Safi mérite mieux.
-Le procureur d’Alger a réclamé, dimanche, une condamnation de 20 ans de prison contre les ex premiers ministre de Abdelaziz Bouteflika, Sellal et Ouyahia et de 10 à 15 ans contre d’autres ministres et hommes d’affaires pour corruption et détournements de fonds publics.
Pour Berraoui, on est en présence de l’effondrement de tout un système. Ils ont gouverné l’Algérie depuis 1962. Les chiffres avancés par les Algériens font état de centaines de milliards de dollars détournés. C’est l’instrumentalisation de la justice à la carte par le général Gaïd Salah. Le problème est l’absence d’une solution ou d’une sortie de crise politique en Algérie.
Carte Blanche : Berraoui la consacre à la mondialisation et ses effets pervers. Il cite d’abord le penseur et révolutionnaire italien Antonio Gramsci sur l’hégémonie culturelle à savoir qu’avant de dominer politiquement, il faut d’abord dominer culturellement. Il a fait appel à Gramsci parce que dans le monde entier, on fait face à ce qu’on appelle mondialisation qui a engendré une poignée de gagnants et une majorité perdante. Il n’y a pas de mondialisation heureuse. On demande aux gens aujourd’hui de s’adapter à cette mondialisation. Elle est faite pour détruire la protection sociale. Les peuples refusent cette mondialisation surtout face à l’absence d’horizons politiques, ce qui conduit et conduira encore aux dérapages. Au Maroc, on connaît tout un ensemble de doléances avec des marches de protestations. Le débat sera enfin ouvert avec le projet du nouveau modèle de développement. Aujourd’hui, les revendications sont collectives. L’analyste relève un autre fait gravissime, à savoir le manque de confiance et d’optimisme chez les Marocains.
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi au vendredi à partir de 12h30 et est rediffusée les mêmes jours à 19h30.