« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
Dans l’émission de ce mercredi 19 février, le débat porte sur les sujets suivants :
-Le torchon brûle au sujet du projet du code pénal au sein de la majorité, en particulier entre le PJD, qui tient au texte tel qu’il a été élaboré par l’ex ministre de la Justice Mustapha Ramid, et l’actuel ministre du même département, l’Usfpéiste Mohamed Benabdelkader, qui refuse un projet qui n’a rien à voir avec l’actuel gouvernement. Une deuxième réunion a été tenue pour trouver une issue à cette crise. Le PJD refuse de retirer le projet du code pénal de la commission de la justice et de la législation au parlement et le remettre sur la table du conseil de gouvernement.
Jamal Berraoui rappelle qu’il y a environ une semaine, il avait critiqué l’actuel ministre de la Justice Mohamed Benabdelkader. J’avais dit que la solution est de reprendre ce projet de code pénal. Le problème, c’est que ce projet élaboré par Mustapha Ramid est islamisé. Sur le volet des libertés individuelles, il ne répond pas aux attentes exprimées par la rue, les associations et la volonté d’une grande partie de la société marocaine. Aussi ce projet comporte une mesure qui consiste à lutter contre l’enrichissement illégal. Ce texte expose les problèmes des droits de l’Homme. Il pose la problématique concernant la femme en tant qu’un être autonome ou dépendant. Dans ce sens, le texte exige un contrôle de la propriété de l’épouse d’un responsable, or celle-ci peut bien avoir une fortune personnelle d’un héritage par exemple. Pourquoi devrait-on lui demander de justifier ces sources de richesse?. Donc, il n’y a plus de transparence mais c’est une sorte de dictature. Plusieurs partis s’y opposent mais ils craignent que s’ils contestent ce point-là ils seraient accusés de soutenir la corruption. De même pour les libertés individuelles, on craint d’être accusé de dépravation des mœurs. Mohamed Benabdelkader a donc fait preuve de courage car c’est une étape charnière sur le plan des valeurs. Le code pénal n’est pas passager ; il faut savoir qu’il y a un code pénal et une politique pénale. Le code pénal devrait extrapoler ses valeurs des valeurs de la société inscrites dans la constitution sachant aussi que le Maroc a signé un certain nombre de convenions internationales. Ne pas les appliquer serait une sorte de schizophrénie. Il y a un courant traditionaliste au Maroc qui a bien sûr le droit d’exprimer ses positions mais il ne peut pas les imposer à toute une société.
-Le tribunal de première instance de Marrakech a condamné, mardi, un individu poursuivi en état d’arrestation dans le cadre de l’affaire « Hamza mon Bb », à deux ans de prison ferme, assortis d’une amende de 10.000 DH, indique-t-on de source judiciaire. Le mis en cause, « un hacker » dénommé (O.J), originaire de la ville d’Agadir, a été également condamné par le même tribunal à verser des dédommagements de 50.000 DH au profit du Centre National des Droits de l’Homme, et de 120.000 DH au profit de la chanteuse marocaine dénommée (S.C). La même juridiction a aussi condamné l’accusé à verser un dédommagement de 40.000 DH au profit du dénommé (M.E), et un autre de 100.000 DH au profit du dénommé (M.M).
L’analyste de Radio MFM dit qu’il soutient la répression de ces actes qui relèvent d’une sorte de nouvelle dictature, celle de l’anonymat. Des individus qui se donnent le droit sous couvert d’anonymat de s’immiscer dans la vie privée des personnes et en faire un fonds de commerce à travers le chantage détruisant ainsi des familles entières et des carrières. Tous les pays sont perplexes face à ce fléau de la société. Certains appellent à supprimer l’anonymat des réseaux sociaux mais comment peut-on y parvenir? C’est difficile. On a beau leur dire de modifier certains paramètres, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazone) ne veulent pas se soumettre à l’autorité des pays. Ils peuvent supprimer un compte 24h ou 48h après l’avoir signalé, mais dans ce lapse de temps le mal est fait et le post en question aurait fait le tour du monde. De plus, l’auteur qui perd son compte va en créer un autre. Troisième point, un site peut s’adresser au Marocains mais qui est logé dans un pays étranger. Mais, dans cette affaire, ce qui importe pour moi ce n’est pas le jugement prononcé contre ces hackers, ce que je veux savoir, comme tous les Marocains, c’est ce qu’on va faire avec Batma. Je n’ai rien contre elle, mais si son implication dans le chantage d’autres artistes viendrait à être prouvée, cela aura des conséquences graves sur la société. Imaginons que ces pratiques soient utilisées dans le monde des affaires, entre entreprises par exemple ou les partis lors des élections où ces pratiques seraient utilisées pour ternir l’image de candidats…cela va être beaucoup plus grave. La justice doit prendre cette affaire très au sérieux.
-Le tribunal de commerce de Casablanca a rendu sa décision d’accepter la demande du syndic pour la liquidation judiciaire du raffineur l’autorisant à recevoir les offres de gérance libre, tout en préservant l’option de la cession globale des actifs. Cette décision a provoqué une mobilisation chez La Samir. Le Front syndical à compagnie pétrolière a annoncé la tenue d’un Sit-in le 21 courant au niveau du portail principal de la société, tout en en programmant un autre le 2 mars prochain devant le tribunal de commerce de Casablanca et un troisième devant le siège de la préfecture le 21 mars. Le syndicat a réitéré son appel à l’Etat pour encourager l’investissement dans le raffinage du pétrole et la facilitation de la reprise de la production, mettant en garde contre « une disparition du capital humain et des pertes des droits et de l’argent public ».
Il n’y a plus rien à faire dans ce dossier, regrette Berraoui. Le tribunal tente de trouver une solution. Il ne s’agit pas d’une petite affaire; plusieurs milliards de DH qui sont en jeu. Relancer les machines coûte autant qu’une nouvelle raffinerie. Les spécialistes disent que La Samir c’est fini. L’affaire à la base était mal partie. Al Amoudi à qui on avait confié La Samir s’était présenté comme une société suédo-saoudienne. Il s’est avéré qu’il avait une mauvaise expérience avec l’Ethiopie. Ce pays lui avait accordé 70.000 hectares pour développer un projet d’agriculture, mais il s’en était servi pour y installer des usines de confection. Cinq ans plus tard, il va partir après avoir amassé une fortune laissant derrière lui une affaire en suspens. La Samir a été vendue à Al Amoudi au prix de leur cash-flow. Après, il n’a pas payé la douane pendant 5 ans, une valeur d’environ 13 milliards de DH. Lorsque le ministère des Finances est entré en ligne, le Palais saoudien est intervenu avec le Palais marocain en faveur des gestionnaires de la raffinerie qui a accumulé des dettes supérieures à la valeur de leur activité. La seule solution était qu’Al Amoudi opère une recapitalisation de quelque 30 milliards de DH, ce qu’il n’a pas fait ou que l’Etat marocain annule toutes ses dettes. Ceci est considéré comme un échec cuisant de la privatisation décidée par le Maroc. Il y a eu une proposition de projet qui consiste à vendre la raffinerie à des sociétés de distribution d’hydrocarbure, qui n’est pas vu le jour. Après la libéralisation, on achète plus de la raffinerie; les entreprises d’hydrocarbure s’approvisionnent chez leurs sociétés mère (Shell, Total, Winxo, etc.). Maintenant, pour relancer La Samir, il va falloir d’abord qu’elle reprenne le monopole, ce qui n’est plus possible. Il y a un autre projet de raffinerie à Nador, mais d’après les calculs, pour que ça marche il faut que l’entreprise ait le monopole. Donc, nous avons perdu un secteur stratégique à cause de nos politiques défectueuses. De point de vue stratégique, avoir sa propre raffinerie permet d’assurer une sécurité d’approvisionnement au niveau national, ce que l’Etat a échoué de préserver.
Carte blanche : Jamal Berraoui la consacre à la pensée démocratique qui la qualifie de sous-développé. C’est le cas de Moulay Hafid Elalamy que j’ai critiqué sur un point précis. Il a annoncé devant le parlement des indicateurs erronés, des fake news. Le ministre a pris position contre mon point de vue. Je considère qu’en tant que ministre et homme d’affaires, c’est une erreur qui dénote un non respect vis-à-vis de la démocratie et des représentants du peuple marocain. Le débat au sujet de la séparation des affaires du pouvoir est un vrai débat qui ne date pas d’aujourd’hui. Berraoui cite dans ce sens deux exemples, ceux de Mahjoubi Aherdane et de Karim Lamrani. Mais quel que soit le statut d’un ministre qui donne fausses informations devant le parlement, si j’étais chef de parti ou parlementaire, j’aurais demandé la démission d’Elalamy qui a porté atteinte à l’image du Maroc.
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi au jeudi à partir de 12h30 et le vendredi de 12h à 13h et rediffusée les mêmes jours à 19h30.