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Chili, Liban, Algérie : Quelle issue pour les révoltes ?

Des masses dans les rues, sans véritable encadrement, est un phénomène qui se mondialise. C’est un nouveau chapitre de l’histoire qui s’écrit. 

Sommes-nous en train de vivre un printemps des peuples qui comme en 1848, ou en 1968, changera durablement les options politiques ? C’est une question que se posent tous les analystes après l’irruption des masses dans de nombreux pays.

C’est généralement une décision malencontreuse qui allume le feu et après, aucune concession n’arrive à l’éteindre. Au Chili, c’est le prix du ticket de métro, au Liban c’est une taxe débile sur le whatsapp, en Algérie, c’est la candidature de Bouteflika, en Equateur c’est le prix du carburant.

Mais ces prétextes sont vite dépassés et le mouvement insurrectionnel étend ses revendications, enhardi par les premières concessions. En Algérie, la démission de Bouteflika n’a pas suffi, au Liban celle de Rafik Hariri enlise le pays dans une crise sans précédent, alors que les manifestants réclament la fin du système confessionnel, au Chili le large remaniement est rejeté par la foule.

Des inégalités insupportables

Il y a d’énormes distorsions entre ces différents pays. Mais on constate que les revendications pour les droits économiques sont communes à toutes les révoltes. La mondialisation a partout creusé les inégalités sociales. La France a d’ailleurs connu un mouvement semblable avec les gilets jaunes. Thomas Pikkerty avait pressenti cette éruption il y a plusieurs années. Jamais les inégalités n’ont été aussi fortes dans le système capitaliste. Le chômage structurel est totalement déconnecté de la croissance, parce que celle-ci se fait dans des secteurs particulièrement économes en utilisation de la main d’œuvre. Alain Minc l’auteur de la mondialisation heureuse, réclame aujourd’hui des politiques sociales de la part des patrons ; c’est une lame de fond contre un degré d’inégalité insupportable.

Mais ces révoltes posent d’autres questions. Elles sont nées à partir de la toile, sans encadrement partisan, refusent de s’organiser, d’élire des représentants et n’offrent pas d’issues prévisibles, alors que leur force est réelle. Elles sont toutes animées par une vraie défiance vis-à-vis des élites, de l’intermédiation sociale, partis et syndicats. C’est un vrai phénomène universel.

Lénine disait «il n’y a pas de mouvement révolutionnaire sans direction révolutionnaire». Les révoltés de 2019 risquent de le vérifier à leurs dépens. Ils influent sur les politiques menées mais ne peuvent changer les régimes en place, tout simplement parce que les manifestants n’offrent pas d’alternatives. La spontanéité devient une faiblesse.

 
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