Maroc – UE

Circulez, il n’y a rien à voir !

Ce 2 octobre, à Rabat, une rencontre a été organisée par le Center for Social and Economic Research et le Groupe ISCAE de Rabat dans une quasi-clandestinité, où les journalistes n’ont pas été les bienvenus.

Le 24 septembre, je reçois un mail provenant du Center for Social and Economic Research (CASE). Il s’agit d’une invitation à un atelier sur l’évaluation de l’impact des chapitres consacrés au commerce au niveau de l’accord d’association euro-méditerranéen, dont l’organisation a été prévue le 2 octobre 2019, à l’Hôtel Tour Hassan, à Rabat. Le groupe ISCAE de Rabat est désigné comme coorganisateur de cet évènement.

Ayant confirmé en ligne ma participation, je m’y présente et décline ma fonction de journaliste représentant l’hebdomadaire Challenge. Or, quel fut ma grande surprise, en entendant les organisateurs dire que les journalistes ne sont pas admis à cet atelier qui aurait un « caractère confidentiel ». J’ai beau eu arguer les dispositions de l’article 27 de la Constitution relatives au droit d’accès à l’information, ainsi que celles afférentes au Code de la Presse (…). Rien. L’accès à la salle m’a été tout simplement interdit physiquement.

Sur quoi porte cette rencontre ? Qu’a-t-elle de si secret ?

D’après le programme sur lequel j’ai pu mettre la main de manière informelle, il est question d’évaluer le volet commercial de l’Accord d’Association entre le Maroc et l’Union européenne. Trois panels ont été prévus. Le premier traite globalement de « l’impact de l’Accord d’Association sur l’économie marocaine ». Le deuxième porte sur le même aspect, avec un examen particulier de trois secteurs : le secteur industriel, le secteur textile et le secteur agricole. Et enfin, le troisième panel a été consacré à « l’impact de l’Accord d’Association sur le développement durable. Effets sociaux et environnementaux ». Parmi les participants, figurent des représentants de l’Union européenne, des officiels du ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique, du Conseil économique et social, du ministère de l’Agriculture et du ministère de l’Economie et des Finances, des académiciens, des entrepreneurs et même un représentant syndical (UMT). Curieusement, le grand absent est le premier concerné par cet évènement : le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Pas difficile de comprendre l’origine du déficit de coordination et des incohérences de nos politiques publiques, plusieurs fois évoqués dans les discours Royaux.

Alors pourquoi tenir cette rencontre à « huis clos » ? Discuter d’un accord d’association qui engage plusieurs pays méditerranéens, ne concerne-t-il pas les citoyens de cette région, dont le Royaume du Maroc ? Les informations et les idées exprimées à cette occasion ne devraient-elles pas être partagées ? Pourquoi aurait-on si peur des médias, à un moment où les informations peuvent être transmises en temps réel dans le monde ? Les thèmes abordés n’ont aucun rapport avec les dimensions sécuritaires ou militaires des pays concernés.

Un questionnaire a été distribué pour être servi par les participants. Le questionnaire vise surtout à apprécier à travers les réponses l’impact dudit Accord d’Association sur le Maroc. Une évaluation qui se veut à sens unique, consacrant une vision néocoloniale qui, malheureusement, trouve encore un terrain perméable au niveau national pour continuer à se maintenir, voire à se développer…

L’exclusion des professionnels des médias, leur marginalisation, ne peuvent qu’accroitre la non transparence dans l’élaboration des politiques publiques et les engagements internationaux du Royaume. Cette non transparence explique le déficit de confiance et d’implication des citoyens, et surtout des jeunes, dans la vie politique.

 
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