Coopération: Le Maroc se vendra autrement en Afrique
C’est une nouvelle approche des marchés africains que le Royaume a initiée à Dakar : rompre avec l’idée reçue d’un Maroc exportateur et conquérant pour paraitre comme un partenaire stratégique pour le développement des économies africaines.
A Dakar, Maroc Export a enterré son concept de Caravane de l’Export lancé en 2009 et qui a permis la visite de 14 pays en six éditions, pour initier une nouvelle opération baptisée « Assises de la coopération ». A la tête de 70 chefs d’entreprise et/ou chasseurs de bonnes affaires, le promoteur de l’offre exportable marocaine à l’international, a ainsi organisé ce 30 novembre les « Assises de la coopération maroco-sénégalaise » en marge de la participation du Royaume à la Foire internationale de Dakar (FIDAK) qui se tient du 29 novembre au 12 décembre 2012. C’est cette nouvelle approche qui sera désormais déclinée sur les marchés africains où Maroc Export se focalisera dans un premier temps sur les huit pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) avant de s’attaquer aux sept autres pays restants de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Autrement dit, en s’ouvrant à l’Afrique de l’Ouest, le Maroc s’offre un marché de plus de 250 millions de consommateurs, répartis sur 15 pays de la sous-région. En attendant la prochaine étape qui sera ivoirienne, la capitale sénégalaise a levé le voile sur la nouvelle approche africaine du Maroc en matière de business. « Il s’agit plutôt d’un recadrage dans notre manière de faire. Imaginez que nous avons parlé durant ces trois dernières années de Caravane de l’export. Nous estimons que nous devions abandonner ce concept pour mettre en avant l’organisation de caravanes de partenariats stratégiques. C’est ce que nous prônons au sein du gouvernement et déclinons aujourd’hui dans le continent. D’ailleurs, le sujet sensible pour les pays d’Afrique subsaharienne qui ne veulent plus être considérés comme de simples marchés», souligne Abdelkader Aâmara, Ministre de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies qui a conduit la délégation marocaine.
En plus clair, le Maroc veut faire comprendre à ses partenaires africains qu’il n’est pas uniquement dans une logique exportatrice.
Une nouvelle logique
Au contraire, il y a à faire en matière de partenariat qui se déclinera en joint venture et prises de participations entre les opérateurs économiques des deux pays qui partagent les mêmes impératifs, notamment en termes de création d’emplois et de création de richesses. Sur ce chapitre d’ailleurs, le Maroc n’a pas manqué d’arguments à faire prévaloir. Il est le deuxième investisseur en Afrique après l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, 90 % des IDE sortant du Royaume sont à destination de l’Afrique.
Il n’empêche, que les Sénégalais dont le pays accueille le plus grand nombre de filiales marocaines, n’ont pas manqué d’exprimer leur volonté d’aller de l’avant dans la coopération entre les deux pays, tout en insistant sur la nécessité d’orienter cette coopération vers l’investissement, la création d’entreprises mixtes et de partenariats gagnants-gagnants. « Il est dans un premier temps essentiel de pallier au déséquilibre qui a toujours primé dans les relations économiques entre le Maroc et le Sénégal, en ce sens que le Maroc exporte au Sénégal 95 millions d’euros, tandis que le Sénégal n’exporte au Maroc que 5 millions d’euros, au moment même où la balance commerciale sénégalaise accuse un déficit qui se creuse. Nous avons de nombreuses opportunités d’investissements qui n’attendent que vous», lance El Hadji Malick Gakou, ministre sénégalais du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel. A noter qu’en dix ans, les exportations marocaines vers Dakar ont été multipliées par 3,6. Résultat : le Sénégal est devenu le 2ème pays où le Maroc exporte le plus en Afrique, après l’Algérie.
C’est dire que l’heure n’est plus à l’éloquence verbale, mais au pragmatisme des affaires entre les deux pays qui tissent des relations historiques séculaires.
Ainsi, en débarquant dans la capitale sénégalaise avec sa nouvelle approche partenariat gagnant-gagnant, la délégation marocaine n’a pas eu de difficulté à se faire comprendre.
Dans cette nouvelle configuration, un accord de coopération entre la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME) et son homologue sénégalaise a été conclu. Idem entre Maroc Export et l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASPEX) qui ont signé un protocole d’accord de coopération.
Globalement, ces « Assises de la coopération maroco-sénégalaise » ont permis de faire un état des lieux de la coopération économique entre les deux pays, de nouer des relations privilégiées avec les nouveaux acteurs institutionnels du Sénégal, partager l’expertise marocaine, et l’examen des perspectives de construire avec le Sénégal un hub de développement de la zone UEMOA et de l’espace de la CEDEAO (15 pays). Des rencontres d’affaires individualisées «B to B» ont eu également lieu. Divers secteurs d’activité étaient représentés, notamment l’agroalimentaire, les TIC, le BTP, le tourisme, les services financiers et la logistique.
Dans son pavillon au sein de la FIDAK, le Maroc a mis en exergue ses différentes avancées réalisées dans différents secteurs, notamment dans l’agriculture, l’industrie, le tourisme, le bâtiment. Objectif : permettre aux chefs d’entreprises sénégalais d’avoir plus de visibilité sur les opportunités de coopération avec leurs homologues marocains.
Inauguré par le Président sénégalais, Macky Sall, le pavillon Maroc est décliné en deux espaces. Un hall couvert de 800m2 abrite une exposition axée sur la présentation du potentiel. Un deuxième espace, aménagé lui aussi sur une superficie de 800 m2, abrite une esplanade d’exposition des produits et services d’entreprises marocaines participantes.