Coronavirus : les premiers tests d’efficacité d’un vaccin attendus d’ici fin mai en France
Les recherches s’accélèrent au sein des laboratoires et instituts de recherche du monde entier pour trouver un vaccin au coronavirus. L’Institut Pasteur avance ses pions.
Depuis le déclenchement de la pandémie du coronavirus, les chercheurs de l’Institut Pasteur travaillent d’arrache-pied pour mettre en place un vaccin contre le Covid-19. Selon Christophe d’Enfert, directeur scientifique de l’Institut Pasteur, l’espoir est permis. Le scientifique annonce en effet que les premiers résultats d’efficacité d’un vaccin contre le coronavirus sont attendus d’ici fin mai.
« Nous sommes organisés en task force pour répondre à la crise. Aujourd’hui, à l’Institut Pasteur, plus de 200 chercheurs travaillent quotidiennement sur la réponse à l’épidémie », détaille Christophe d’Enfert dans une interview accordée le mardi 7 avril au journal français Le Point. Il ajoute que les équipes sont organisées pour d’abord comprendre le développement épidémique du Covid-19, ensuite pour développer une réponse vaccinale, enfin pour mettre en place des stratégies thérapeutiques efficaces. Force est de souligner que l’Institut a mis en place, dès le mois de janvier, deux structures, notamment le centre national de référence des virus des infections respiratoires (CNR) et la cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU).
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On apprend que dès le 29 janvier, le centre national de référence des virus des infections respiratoires a mis au point un test permettant de diagnostiquer la maladie à un stade précoce (par amplification du matériel génétique du virus, obtenu à partir d’échantillons biologiques prélevés chez les malades). Selon le scientifique, les premiers tests ont permis de constater que le virus qui circule en France est très peu différent de celui qui a frappé la Chine. « Nous avons, dès lors, concentré nos efforts sur la mise au point d’un vaccin », explique-t-il.
« Nous attendons les premiers résultats d’efficacité d’un vaccin chez l’animal pour fin mai. À partir de là, nous pourrons développer un premier lot clinique et lancer les phases tests à l’automne. Traditionnellement, il faut compter un an avant la mise sur le marché… si tout va bien », confie Christophe d’Enfert, ajoutant que compte tenu de l’urgence, l’institut espère que les phases de tests pourront être le plus possible raccourcies. Le directeur scientifique de l’Institut Pasteur rappelle aussi qu’un laboratoire teste actuellement à Seattle une formule de vaccin très innovante utilisant une molécule d’ADN qui permet la production d’une des protéines du virus.
« Si cela marche chez l’homme, ce sera le premier vaccin de ce type jamais mis au point. A l’Institut Pasteur, notre méthode de vaccin recombinant sur la rougeole est peut-être plus lente, mais nous en connaissons à la fois l’efficacité et, surtout, l’innocuité. Mais vous devez savoir que nous explorons aussi des vaccins basés sur des virus atténués de la famille du HIV, nous défrichons aussi des vaccins ADN », poursuit-il. En ce qui concerne la chloroquine, Christophe d’Enfert estime qu’il est primordial de prouver son efficacité réelle sur l’homme. « Plusieurs études cliniques auxquelles nous ne participons pas sont en cours et devraient répondre à la question de son efficacité chez l’homme. L’Institut Pasteur travaille à la mise en place d’une étude clinique dans laquelle des approches de chimioprophylaxie seront évaluées », affirme-t-il.
Sur les possibilités ouvertes par l’utilisation de sérums prélevés chez des personnes guéries, le scientifique répond : « Nous essayons d’isoler des lymphocytes B qui produisent des anticorps contre le coronavirus de façon à pouvoir par la suite produire des anticorps monoclonaux qui pourront être utilisés en thérapeutique. Nous ne sommes bien sûr pas les seuls à rechercher de tels anticorps monoclonaux qui ciblent le virus ». Il faut noter qu’une communauté de chercheurs de 5000 à 10000 personnes travaille aujourd’hui dans le monde sur le coronavirus.