Délocalisation de la Tunisie vers le Maroc : l’américain Delphi ouvre le bal !
On le savait depuis quelques temps déjà : la Tunisie perd chaque année un peu plus de terrain face à son rival et voisin, le Maroc, dans la bataille des délocalisations et de création de bases de production offshore au Maghreb. Et décidément, le cours du « match » qui a commencé il y a près de dix ans entre les deux pays du Maghreb, alors que le choix de l’un ou de l’autre était souvent un dilemme pour les investisseurs étrangers désireux de s’implanter en Afrique du Nord, semble être d’ores et déjà plié… du moins tant que la Tunisie ne soit pas encore sortie des turbulences institutionnelles et économiques post-printemps arabe.
En témoigne le pas récemment franchi par l’américain Delphi qui a décidé de transférer une partie de l’activité de fabrication de faisceaux électriques pour le secteur automobile lancée en 2015 à Beja en Tunisie vers son unité de production basée à Meknès au Maroc. Pour l’heure, Delphi ne veut pas se prononcer sur le niveau d’activité qui sera transplanté vers le royaume.
Cette « délocalisation » sud-sud entre deux pays géographiquement et socio-économiquement des plus proches, a été motivée par un climat des affaires plus favorable et une meilleure stabilité politique et qualité des infrastructures du côté marocain, alors que Delphi Packard Tunisie a connu en moins de deux ans d’existence plusieurs mouvements de grève. Un tel transfert vient aussi rappeler que les firmes multinationales procèdent en permanence et de façon implacable à des reconfigurations, les conduisant à déplacer des ressources, à fermer ou construire des usines et des centres de compétence dans les régions du monde qui les intéressent le plus, c’est-à-dire qui leur permettent d’optimiser globalement leurs coûts et la valeur apportée à leurs clients.
Rappelons que l’américain Delphi fut en 1999, parmi les premiers équipementiers de l’industrie automobile à s’installer au Maroc avec une première usine implantée à Tanger. Aujourd’hui le groupe qui revendique un chiffre d’affaires mondial de 16,7 milliards de dollars (près de 160 milliards de DH), emploie dans ses quatre sites de production marocains, dont celui de Meknès qui fut le dernier en date à entrer en service en début 2016, près de 10.000 salariés.