Enième déception des Lions de l’Atlas
La nouvelle déconvenue des Lions de l’Atlas a provoqué la colère des supporters, fort nombreux quand il s’agit des couleurs nationales. Comme d’habitude, le sélectionneur est voué aux gémonies. Selon un bon mot d’un commentateur, « il a joué avec le boulevard des FAR, comme défense ». Tout footeux, et j’en suis un, peut discourir sur les aspects techniques du match. Mais quand on perd face à des équipes comme la Tanzanie, il faut se rendre à l’évidence, notre football est à la traîne et ce n’est pas une question d’entraîneur, du moins pas uniquement. Les responsables n’ont qu’un mot à la bouche, les moyens. Le Cap Vert nous a ridiculisés, avec un budget vingt fois plus faible que celui de notre fédération. Les moyens utilisés sont gigantesques au vu des résultats obtenus. La fédération tourne à deux cent millions de dirhams par an. C’est l’équivalent de vingt kilomètres d’autoroute ou de plusieurs collèges. Or, depuis que ce budget a été alloué au football, nous n’avons obtenu que des humiliations. Le problème est donc ailleurs. Le choix bureaucratique, du professionnalisme s’avère inopérant. L’infrastructure, les clubs n’y sont pas.
L’argent qui coule à flots est totalement dédié aux transferts, à l’inflation des salaires, au point que la formation ne recueille que 2 à 3 % des budgets des clubs. La fréquentation des stades enregistre une chute tendancielle lourde. L’Equipe nationale a joué à Marrakech, devant quelques centaines de spectateurs. Ce n’est plus la peine de mettre en avant le nombre de joueurs opérant dans les championnats européens pour vendre des illusions aux Marocains. Les échecs répétés prouvent que ce potentiel n’en est pas un, ou que les responsables n’ont pas trouvé la solution pour l’utiliser à bon escient. Le choix de la politisation du football, de l’emprise étatique sur la fédération est source de problèmes, les défaites sportives sont imputées aux institutions. Redonner le football aux dirigeants de clubs est devenu une nécessité politique, mais aussi de bonne gouvernance. Les deux cent millions de dirhams proviennent des établissements publics et donc de l’argent du contribuable. Nous sommes un pays pauvre en ressources, traversant des difficultés budgétaires et traînant des déficits sociaux énormes. Nous n’avons pas éthiquement, le droit de dilapider 20 milliards par an pour un sport qui, depuis dix ans n’a donné à voir que des humiliations.
Continuer dans cette voie relève de la gabegie irresponsable. Il suffit de voir les résultats au niveau des catégories de jeunes, aussi catastrophiques que chez les aînés, pour se rendre compte que l’avenir n’est pas rose. Face à cette réalité, il faut revenir à des choses simples. Par exemple, que le sport d’élite n’est pas de la responsabilité de l’Etat. Ce qui l’est c’est l’accès à la pratique sportive par l’ensemble des citoyens. Cette fonction régalienne de l’Etat est oubliée au profit du football, alors qu’elle est inscrite dans la nouvelle Constitution. Pour revenir à Taoussi, qui perçoit le salaire de dix ministres, il n’est pas seulement incompétent ou guignard, il a aussi un autre défaut, le manque de courage. Il n’est jamais responsable, ce sont les joueurs qui le déçoivent. Il ne partira que fin septembre, cela fait six mois de salaire de plus à empocher, alors que nous sommes éliminés. Une autre forme de gabegie.