Grande démission ou grande renégociation, Pourquoi les employés démissionnent en masse ?
Ces derniers mois, on a constaté un grand brouhaha autour de ce que l’on a appelé « la grande démission ». Cette expression populaire fait référence aux quelque 33 millions d’Américains qui ont quitté leur emploi depuis le printemps 2021.
Selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), d’autres économies développées connaissent des tendances similaires. Dans les 38 pays membres de l’OCDE, il y a environ 20 millions d’emplois de moins qu’avant la pandémie, tandis que 14 millions des chômeurs de ces pays ne cherchent pas de travail.
Alors que l’année 2022 se poursuit, on peut s’attendre à voir la montée en puissance du leader empathique cette année. Les PDG du monde entier l’ont fait savoir. Une étude récente menée par le cabinet de conseil international Alix Partners auprès de quelque 3 000 PDG et cadres supérieurs de dix secteurs d’activité dans le monde entier, a révélé que 72 % d’entre eux craignent de perdre leur emploi en 2022 et que 80 % d’entre eux ont cité la « pénurie de main-d’œuvre » comme une préoccupation potentielle. Ces PDG ont de bonnes raisons de s’inquiéter, car ce sont en grande partie leurs propres pratiques de leadership et leurs attitudes envers les employés qui sont à l’origine de ces pénuries de main-d’œuvre.
Deux ans après le début de la pandémie, les employés ont une nouvelle perspective sur ce qui est le plus important pour eux, et le travail n’occupe plus la première place, selon l’indice de tendance du travail 2022 de Microsoft. Cela signifie que de nombreuses personnes accordent désormais une plus grande importance à leur bien-être. À l’échelle mondiale, 53 % des personnes ont déclaré qu’elles donnaient la priorité à leur santé physique et mentale, et 47 % ont déclaré qu’elles privilégiaient le temps passé avec leur famille et leurs amis par rapport à leur vie professionnelle.
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Toute cette introspection a conduit certains à quitter leur emploi. L’an dernier, 15 % des travailleurs au Canada, ont déclaré être partis pour des pâturages plus verts, mais un nombre beaucoup plus important envisage de partir cette année. Les jeunes travailleurs, en particulier, ressentent l’appel à la recherche de quelque chose de nouveau : 52 % des membres de la génération Z et des milléniaux, tant à l’échelle mondiale qu’au Canada, ont dit qu’ils songeraient à quitter leur emploi cette année. Dans l’ensemble, 43 pour cent d’entre eux, et 37 pour cent au Canada, sont ouverts à d’autres possibilités. Selon Microsoft, ces chiffres sont en hausse par rapport à l’année dernière, ce qui indique la poursuite de ce qu’elle appelle le grand remaniement.
Les cadres pensent que la direction est déconnectée de ce que souhaitent les employés, d’autant plus que 50 % des chefs d’entreprise dans le monde souhaitent un retour complet et physique au bureau. Les cadres sur le terrain savent que les attentes de leurs employés sont radicalement différentes, mais ils pensent qu’ils ne peuvent rien y faire. Soixante-quatorze pour cent d’entre eux ont déclaré qu’ils n’avaient pas le pouvoir d’aligner les souhaits des travailleurs sur ceux de la direction, ce qui les place dans une situation difficile.
En l’état actuel des choses, la transition vers le travail hybride a été difficile. Les travailleurs disent qu’ils n’ont pas une idée claire du moment où il est judicieux pour eux d’être physiquement présents au bureau. Les réunions hybrides sont également un point sensible pour ceux qui travaillent à domicile, qui disent se sentir exclus. Pourtant, les managers ne font pas grand-chose pour offrir des conseils : les règles sur des sujets tels que la manière de faire fonctionner les réunions restent difficiles à trouver. En fait, seulement 20 % des gestionnaires au Canada, et 28 % à l’échelle mondiale, ont déclaré avoir créé une sorte de politique de travail hybride.
En effet, les données de Microsoft suggèrent que les employés ne sont peut-être pas encore convaincus par le modèle hybride. Parmi ceux qui partagent actuellement leur semaine de travail entre le bureau et la maison, 51 % ont déclaré qu’ils envisageaient de travailler entièrement à distance. Cela montre à quel point cette façon de travailler est encore nouvelle, après que les efforts de réouverture de bureaux aient échoué à maintes reprises lors des nouvelles vagues de COVID-19.
Même son de cloche du côté de la France. Malgré ses excellents résultats, le groupe CAPGEMINI a quand même perdu 23,5% de son effectif. Quand on aligne cela avec les derniers chiffres de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) qui dépend du ministère du Travail, le nombre de démissions en CDI a bondi mi-2021 de 10,4 % en juin et de 19,4 % en juillet par rapport à la même période en 2019. Soit plus de 302 000 départs en deux mois contre 263 000 en 2019. Quant aux ruptures conventionnelles, elles augmentent également en juin 2021 et dépassent les niveaux atteints avant la crise sanitaire. On constate des chiffres encore loin du raz de marée qui balaye les États-Unis mais qui révèlent quand même une certaine tendance de fond.
En Inde, pendant ce temps, des rapports indiquent que le secteur des technologies de l’information a connu un taux d’attrition record en 2021, ce qui a déclenché une vague d’embauche dans les entreprises technologiques. En Australie, un travailleur sur cinq a changé d’emploi l’année dernière et un quart envisage actuellement de quitter son lieu de travail, selon une nouvelle étude de la National Australia Bank.
Au Maroc, Le nombre des auto-entrepreneurs inscrits a augmenté de 60% en 2019 pour atteindre 130.000 inscrits à fin 2019. Cette tendance haussière s’est poursuivie en 2020 portant, ainsi, le nombre d’autoentrepreneurs inscrits à 233.656 à fin juin 2020. Fin 2021, ce nombre s’établissait à environ 320.000. Une telle tendance envers l’entreprenariat révèle un véritable changement de mindset des travailleurs, et un défi majeur pour les managers qui doivent retenir ces talents dans le cadre de l’entreprise. Les entreprises marocaines sont-elles prêtes à faire face à une vague de démissions ?