Quand l’attractivité du Maroc dérange l’Afrique du Sud
La dynamique de développement des relations économiques et politique du Maroc avec les pays africains dérange aujourd’hui les acteurs économiques sud-africains.
Il n’est pas trivial de rappeler que la stabilité politique du Maroc, ses grands projets structurants, l’assainissement soutenu de son environnement d’affaires, ses partenariats stratégiques multiples et sa position géographique ont fait du royaume une destination de choix pour les investisseurs étrangers dans des secteurs aussi variés que la construction automobile, l’aéronautique ou le tourisme. A cela s’ajoutent son dynamisme et son engagement diplomatique et économique en faveur du continent africain. Des réalisations qui commencent depuis quelque temps à déranger la communauté d’affaires sud-africaine. Sa presse économique et financière en fait de temps à autre l’écho. Dernier exemple en date, la publication le 18 septembre courant par Rand Merchant Bank -société de portefeuille de services financiers sud – africaine- de la neuvième édition de son rapport « Où investir en Afrique 2020 », qui vise à identifier les marchés africains offrant les meilleures opportunités d’investissement. Les médias sud-africains l’ont largement commenté et ont été surpris par le fait de voir leur pays détrôné dans le classement 2019 de sa deuxième place par le Maroc. La première marche du podium étant toujours détenue par l’Egypte.
Pourquoi les investisseurs choisissent le Maroc plutôt que l’Afrique du Sud
Le quotidien sud-africain Business Tech s’est interrogé sur les raisons de ce recul surtout que l’Afrique du Sud est classée comme étant la première destination d’investissement en Afrique depuis 2011, année de la publication du premier rapport par cette institution financière, jusqu’en 2016. L’année suivante, l’Afrique du Sud tombe au deuxième rang, cédant sa place à l’Égypte. Et sa dégringolade se poursuit cette année. Pour Rand Merchant Bank citée dans Business Tech, c’est dû principalement à la faiblesse du taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), aux préoccupations croissantes suscitées par les problèmes de solidité institutionnelle et de gouvernance. L’Afrique du Sud est maintenant détrônée de sa seconde place par le Maroc.
Le Maroc offre les opportunités d’investissement les plus diversifiées du continent
«Alors qu’il n’est que le cinquième marché en importance de l’Afrique, le taux de croissance attendu par le Maroc de 4% à moyen terme et son environnement opérationnel considérablement amélioré lui ont bien servi depuis le printemps arabe. Sa réintégration dans l’Union africaine et son adhésion à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont renforcé son attrait pour l’investissement », relève Rand Merchant Bank. Celeste Fauconnier, co-auteur du rapport a largement expliqué les performances du Maroc dans une interview accordée le 19 septembre courant à Money Web, estimant que le Maroc offre les opportunités d’investissement les plus diversifiées du continent et, au cours des dernières années, a multiplié les opportunités d’investissement grâce à de nombreux changements dans l’environnement des entreprises.
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S’expliquant sur les critères du classement, Celeste Fauconnier explique que l’indice d’investissement est établi en examinant deux indicateurs principaux de chaque pays à savoir: l’activité économique (les taux de croissance étant un facteur clé, ainsi que la taille du marché) et l’environnement des affaires (la facilité à faire des affaires et à investir dans un pays). La RMB s’appuie également sur ses propres données et utilise des enquêtes et des rapports globaux pour établir son classement.
Les roues de la fortune: comment le Maroc compte dépasser l’industrie automobile sud-africaine
Last but not least, un autre secteur marocain qui dérange énormément est celui de la construction automobile. Ainsi, le quotidien Business Day a publié le 28 mai dernier, une analyse comparative et instructive de l’industrie automobile entre le Maroc et le pays de Mandela et dans laquelle il a vivement exprimé sa préoccupation et la crainte de voir l’Afrique du Sud laissée en bord de route par le royaume. Sous le titre : Les roues de la fortune : comment le Maroc compte dépasser l’industrie automobile sud africaine, on peut lire en guise d’introduction d’un article de l’expert David Furlonger, que l’Afrique du Sud serait sur le point de renoncer à son statut de la plus grande maison d’industrie automobile d’Afrique. De nouveaux investissements au Maroc devraient faire augmenter la production automobile du pays nord-africain. Les constructeurs sud-africains ont construit 601.178 véhicules en 2017, contre 376.826 au Maroc. Le Maroc, cependant, a fixé un objectif de production annuelle de 1 million de véhicules d’ici 10 ans, tandis que l’Afrique du Sud vise un objectif de 1,2 million d’ici 2035. Le plus grand n’est pas nécessairement le meilleur, mais le défi de la suprématie de longue date de l’Afrique du Sud sur le continent souligne la nécessité pour l’industrie et le gouvernement de protéger la compétitivité de l’industrie automobile pour concevoir un successeur au Programme de production et développement automobile 2013-2015 (PPDA), souligne Business Day.
Ainsi, on est édifié sur le désarroi de la communauté d’affaires sud-africaine face au dynamisme marocain. En fait, elle aura beaucoup plus à gagner en tendant la main à son homologue marocaine pour un partenariat sud-sud gagnant-gagnant que d’y voir un concurrent et un ennemi, en soutenant pour des raisons idéologiques dépassées un mirage appelé le Polisario et en méditant une des pensées de Mandela : «Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé » !