Blog de Jamal Berraoui

Ils continuent dans l’erreur

Je m’excuse de rappeler aux footeux nos dures réalités. Etant membre de la tribu, je sais que nous avons décidé, inconsciemment, mais collectivement d’émigrer notre passion et de ne plus s’intéresser qu’aux compétitions européennes. Supporter Taoussi et ses délires est au-dessus de la capacité d’un être normalement constitué.

Mais là, c’est important parce que c’est politique. Fassi Fihri nommé par le palais, a été viré. Ses efforts sur le plan de l’organisation et de la recherche des financements n’ont pas pesé lourd devant la cascade de défaites humiliantes, au point que l’on s’extasie pour une médaille en chocolat, face à des équipes de coiffeurs. Fassi Fihri a aggravé son cas en refusant de collaborer avec le ministère de tutelle.

Le drame c’est que l’on va introniser le président de Berkane, étiqueté PAM et proche du sérail. On est toujours dans la même logique, celle de la mainmise de l’Etat sur le sport-Roi. C’est une erreur gravissime. Politiquement, les résultats rejaillissent sur l’exécutif et ils resteront mauvais pendant longtemps. Mais c’est plus profond : la fonction régalienne de l’Etat, concerne la pratique sportive pour tous et non pas le sport d’élite.

L’implication du budget national, de celui des collectivités locales, des mécènes doit concerner exclusivement le sport de masse. Construire des infrastructures de base, soutenir les petits clubs amateurs, former les éducateurs relèvent des charges de l’Etat, gérer le football professionnel non.

L’Allemagne, Grande Nation sportive, délègue cet aspect au ministère de l’intérieur, qui par le biais des collectivités locales, assure l’accès à la pratique sportive dans toutes les localités. C’est l’existence de cette base élargie qui permet au sport d’élite de réussir des performances de manière pérenne. Les pouvoirs publics n’interviennent que dans la lutte contre le dopage et le contrôle financier. 

Le nouveau président Gounjouaâ est nommé dans les mêmes conditions que ses prédécesseurs dans le cadre de la même politique. L’argent public, en milliards, continuera à être dépensé pour des équipes nationales en queue de tous les classements. Pendant ce temps, les enfants n’ont aucun espace pour pratiquer leur sport préféré, le football amateur est à la dérive. Des équipes mythiques ont disparu. Depuis quinze ans, nous vivons sur le travail des autres, celui des centres de formation européens. A part la CAN 2004, nous n’avons eu que des désillusions.

Il est clair que ce choix est une impasse. Il faut que les pouvoirs publics se concentrent sur leurs fonctions et laissent les clubs gérer le football d’élite. C’est d’abord une exigence démocratique, c’est ensuite l’attitude la plus rationnelle. La présidence de la FRMF a été confiée successivement aux ministres des sports, puis à l’institution militaire, et maintenant aux managers du sérail. 40 ans après, cela n’a pas fait du Maroc, une grande nation du football. C’est donc une voie de garage, l’emprunte encore est incompréhensible.

 
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