Dossier

Industrie Le parent pauvre de la préférence nationale 3/4

 

Lamia Tazi, DG de Sothema affiche clairement sa déception face à la mise à l’écart des requêtes initiées par les industriels, les associations professionnelles comme la CGEM et l’Amip, et les institutions telles que le Conseil Economique et Social, en matière de préférence nationale. Pour elle, l’article 155 du nouveau décret des marchés publics n’apporte aucune mesure préférentielle pour les industriels marocains, y compris ceux du secteur pharmaceutique. Car, les changements intégrés ne concernent pas les marchés de marchandises et de fournitures. Le son de cloche est le même quelles que soient les branches industrielles sondées. «Quand l’Etat lance un appel d’offres sur ce segment, il ne met aucune condition qui pourrait favoriser la production locale», lâche un industriel. Il rajoute, «nous investissons massivement, employons de la main d’oeuvre marocaine et payons nos impôts et quand l’Etat veut acheter du matériel, il a recours à des entreprises importatrices». En somme, la commande publique est dépensée pour alourdir plus la balance commerciale. Qui, par richochet, fait dégrader la balance des paiements. Pour remédier à cette situation, «nous recommandons vivement la correction des anomalies du nouveau décret avant son adoption», explique Lamia Tazi. Au regard des professionnels, la révision doit porter sur trois points principaux. D’abord, la préférence nationale doit toucher les marchés de marchandises et des fournitures. Ensuite, pour donner plus de chance aux industriels marocains, il est important de revoir à la hausse le taux de préférence fixé actuellement à 15%. Enfin, il est aussi recommandé de bien préciser dans le texte du décret que la préférence nationale concerne les entreprises de droit marocain fabricant des produits au Maroc. «Pourquoi ne pas penser à rajouter des clauses aux marchés qui instaureraient, par exemple, un seuil de paiement de CNSS pour les entreprises candidates à un appel d’offres et un autre en termes d’effectif», propose un industriel. Le but étant bien sûr de favoriser le produit national et la valeur ajoutée locale contre le produit importé, «et non pas une entreprise marocaine qui fait de l’importation face à une multinationale qui a un site de production au Maroc», conclut Lamia Tazi. Il faut dire que le modèle opérateur des industries étrangères est bien rodé : elles ouvrent dans le Royaume un bureau de représentation avec souvent un seul gérant comme employé qui se charge des marchés et des importations. «Nous sommes des industriels qui fabriquons sur place. Nous avons recruté et prenons chaque jour des risques. Mais quand il s’agit d’approvisionnement, l’Etat ou les entreprises publiques achètent souvent des produits fabriqués à l’étranger », se désole cet autre industriel. ■

 
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