Blog de Jamal Berraoui

Le choc des cultures

Le mouvement Femen, né en Ukraine, ne fait pas l’unanimité, même chez les féministes. Mais au nom de la liberté d’expression, elles se mobilisent pour la libération des 3 Femen détenues en Tunisie et condamnées à 4 mois ferme pour « incitation à la débauche ».

En Tunisie cette affaire gêne au plus haut point les démocrates. Ceux-ci sont en butte au conservatisme social, mais aussi  à un mouvement Salafiste hyper radicalisé. Dès lors, ils ne peuvent soutenir les trois femmes. Quand à Amina la Tunisienne qui a mis sa photo seins à l’air sur son compte facebook, ses défenseurs, parmi lesquels, il y a la Présidente de l’Association Féministe la plus représentative, ont choisi de plaider « instabilité psychologique ».

C’est la preuve de la difficulté, dans nos sociétés, d’argumenter autour de la libre disposition du corps, quand il s’agit des femmes. L’Egyptienne qui avait brisé le tabou, sur internet, vit réfugiée en Suède, reniée par ses parents, pourtant cadres supérieurs « laïcisants ».

Les commentaires occidentaux sont peu amènes et critiquent la position des démocrates Tunisiens. Alors que ceux-ci mènent un combat réel sur les Droits de la Femme. Et parce qu’ils méritent ce combat, ils sont obligés de tenir compte de l’environnement. L’action des Femen a servi les actions islamistes. Ceux-ci, dans toutes les mosquées, ont joué l’amalgame.

Les féministes veulent circuler nues dans les rues, disent-ils effrontément, alors qu’elles défendent les acquis de l’ère Bourguiba.

Il faut que les intellectuels occidentaux arrêtent avec leurs attitudes condescendantes. Les démocrates arabes sont sur la défensive, c’est le courant conservateur intégriste qui avance. Leur imposer des batailles perdues d’avance, par luxe intellectuel, c’est compliquer leur tâche sans plus. Les 3 Femen partaient sans doute d’un bien sentiment en voulant soutenir Amina la Tunisienne. Le résultat est qu’elles ont mis en difficulté les démocrates qui n’ont pas pu les soutenir publiquement et qu’elles ont exacerbé les réflexes identitaires. Le droit des femmes à disposer de leur corps, sera la dernière citadelle à tomber dans les pays orientaux, alors que la libération sexuelle et l’IVG font partie des premiers acquis de la lutte des femmes en Occident. Ce sont des différences culturelles intangibles, qui façonnent la manière de mener le combat dans chaque sphère. Les Femen n’ont aucun avenir en Orient.

 
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