Quand un géant du dessin de presse tire sa révérence, on en parle avec grand respect. Ses planches sont vendues à des prix exorbitants et on perpétue son nom, à travers son œuvre et son vécu.

On ne naît pas caricaturiste, on le devient et l’existence vient après l’essence. Même si le baril est troqué contre une vignette d’une planche, d’un album du «Petit Nicolas», reporter dans la tête. Contrairement au célèbre Tintin d’Hergé qui, lui, prend le risque du voyage dans l’inconnu et subit les affres de la proximité.

Sempé est un caricaturiste des choses vues, vécues et ressenties. Il vous fait voyager dans des sortes de labyrinthes, sans guide et vous laisse tomber, au moment où vous voulez tourner la page. «Le Petit Nicolas» est connu dans les écoles et les enseignants s’en servent pour le bon usage de la langue de Molière.

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Chez nous, j’en connais des «instits», hommes et femmes, qui prennent le risque de brader les programmes officiels pour se détendre, en ayant l’âge de ses désirs, avec le grand Nicolas de 7 à 77 ans. Sempé, lui, a jeté son crayon à 89 ans.

Il y a deux jours, j’en parlais avec un bouquiniste au Souk Ould Mina, au Hay Hassani à Casablanca. Et on m’a dit que c’est l’œuvre d’un intellectuel. «Plutôt de deux», ai-je rétorqué, quand on veut bien reconnaître ce titre à René Goscinny, le scénariste qui a accroché à son tableau de chasse des cartoonistes parmi les plus prestigieux dans le monde.

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Goscinny a été tenté par le dessin, il abandonne rapidement. Il fonde et devient rédacteur en chef de «Pilote»,  journal de bande dessinée, comme le sont «Les Cahiers» pour le cinéma.

Il est le créateur d’Astérix avec Albert Uderzo, d’Iznogoud avec Jean Tabary, scénariste de nombreux albums de Lucky Luke créé par Morris et du «Petit Nicolas», personnage créé et dessiné par Jean-Jacques Sempé.

Anne Goscinny dira de Sempé qu’il n’était ni dessinateur, ni humoriste mais un philosophe. Et on ajoutera un poète !