Automobile

Le Maroc se rapproche des 650.000 véhicules produits localement

Au Maroc, l’industrie automobile est en plein boom au cours de ces cinq dernières années : tous les ans, le pays accueille une dizaine de nouvelles usines ou des agrandissements de sites existants. Une progression fulgurante qui n’est pas près de s’arrêter, puisque le Maroc est en train de se hisser parmi les plus grands constructeurs d’automobiles du monde. Résultat des courses : le royaume a conforté sa place de numéro deux sur le continent face à l’Afrique du Sud qui a assemblé 599.004 véhicules en 2016 (-2,7%).

S’il fallait chercher des raisons de croire en une renaissance de l’industrie marocaine, la filière automobile serait un bon exemple. En quelques années à peine, le secteur a totalement explosé. Le flash-back vaut le détour : Renault inaugure une nouvelle usine géante à Tanger. Cette année-là, le constructeur français y investit jusqu’à un milliard d’euros, pour faire sortir 170.000 véhicules. Le Maroc a mis le paquet pour le convaincre de choisir son territoire : il promet, entre autres, l’exonération des droits de douane, la dispense du paiement de l’impôt sur les sociétés pendant cinq ans (avec taux réduit à 8,75 % les vingt années suivantes) et des facilités pour le foncier, aux constructeurs et équipementiers automobiles qui s’implanteront dans les zones franches (Tanger, Kénitra, Casablanca, Meknès).

Renault en mode locomotive
Le constructeur qui a alors inauguré sa première ligne de production de l’usine tangéroise en février 2012, ne l’a pas regretté. Il a même ouvert l’année suivante une deuxième ligne, qui a marqué un tournant, dans le secteur automobile et au Maroc: la plus grande usine automobile au Sud de la Méditerranée était née. En juillet dernier, le Groupe Renault a célébré la production du millionième véhicule à l’usine Renault-Nissan de Tanger. Au total, ce sont 474.840 Sandero, 320.078 Dokker et 193.181 Lodgy qui ont été fabriqués depuis le lancement de l’usine de Tanger en 2012. En plus de couvrir le marché marocain, les modèles fabriqués à l’usine de Tanger sont exportés vers plus de 73 destinations. Aujourd’hui, l’usine tourne en 3×8, 6 jours sur 7, et présente une capacité de production de 340.000 véhicules. Véritable moteur économique au Maroc, l’usine Renault-Nissan de Tanger soutient le développement de la marque Dacia en exportant la majorité de sa production. 1 Dacia sur 2 est produite au Maroc au sein des usines de Tanger et de la Somaca à Casablanca. Le renforcement de Renault au Maroc, est d’autant plus frappant que la marque au losange ne cesse de diminuer sa production française.

Aujourd’hui, avec les 345.000 véhicules produits en 2016 et 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 85% réalisés à l’export, l’industrie automobile est devenue le premier secteur exportateur du Maroc. Résultat des courses : le royaume a conforté sa place de numéro deux sur le continent face à l’Afrique du Sud, qui a assemblé 599.004 véhicules en 2016 (-2,7%).

Un troisième constructeur arrive !
Il faut dire que depuis l’installation du Groupe Renault à Tanger, tous les ans, le pays accueille une dizaine de nouvelles usines ou des agrandissements de sites existants. Et la liste est impressionnante. À commencer par le Groupe PSA qui est venu, surtout, crédibiliser une fois encore la stratégie marocaine en tant que second constructeur automobile à monter une usine sur le sol marocain. L’usine de Peugeot-Citroën, qui a été annoncée en juin 2015, est en pleins travaux. Elle ouvrira ses portes en 2019. En attendant, le constructeur français a entamé les recrutements au courant de ce mois d’octobre. 1600 profils composés de techniciens et de cadres ingénieurs entre 2017 et 2019, pour des postes d’opérateurs de production, de moniteurs et de chefs d’équipes, seront recrutés. Le Groupe PSA a également mobilisé ses équipes d’achats. PSA Kénitra qui fabriquera des véhicules compacts sur sa plateforme CMP (Common Modular Platform), doit initialement produire 90.000 véhicules.

À terme, le deuxième constructeur compte produire 200.000 véhicules et autant de moteurs. In fine, lorsque la future usine de PSA à Kénitra sera opérationnelle en 2019, le Maroc dépassera le cap des 650.000 véhicules produits localement. Pour autant, ce chiffre reste loin des objectifs du Royaume qui ambitionne d’atteindre rapidement un niveau de production d’un million d’unités par an, avec l’arrivée d’un troisième constructeur. « Nous sommes aujourd’hui à deux constructeurs et des négociations sont en cours avec plusieurs constructeurs. Je ne peux pas à ce stade dévoiler l’identité de ce troisième constructeur. J’attends seulement que cet accord industriel soit signé », a annoncé le 12 septembre dernier, le ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie Numérique, Moulay Hafid Elalamy, aux 320 VIP de l’industrie automobile qu’il avait conviés à une soirée en marge du salon automobile de Francfort. Derrière cette montée en puissance de la filière automobile au Maroc, il y a une étape clé : le Plan d’Accélération Industrielle (PAI). En effet, pour accompagner au mieux la dynamique engagée dans l’industrie automobile, le PAI 2014-2020, lancé en avril 2014, renforce les acquis d’un secteur dynamique et performant et initie la phase de développement des écosystèmes automobiles (partenariat État-constructeurs-fournisseurs) dont le lancement en octobre 2014, confère davantage de vigueur au deuxième du continent africain. A noter, que les logiques d’écosystèmes favorisent une intégration plus marquée du secteur, ainsi qu’une meilleure organisation de ses acteurs qui gagnent en compétitivité, en qualité et en réactivité. Sept premiers écosystèmes ont été mis en place dans le secteur automobile, à ce jour, dans le cadre du déploiement du PAI. Ils se déclinent autour des équipementiers et concernent les filières automobiles de « câblage automobile », « intérieur véhicule & sièges », « métal/emboutissage », « batteries automobiles », « moteurs et transmission» et deux écosystèmes constructeurs, à savoir « Renault » et « PSA Peugeot ». La mise en œuvre de ces 7 écosystèmes permettra d’ici 2020, de multiplier par 3 les exportations du secteur, d’augmenter le taux d’intégration locale de 35 points en le faisant passer de 45% à 80%, selon les prévisions avancées par le ministre de l’Industrie et du Commerce. Normal, donc, que dans le sillage de Renault et PSA, les équipementiers automobiles se bousculent au Maroc.

 
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