Le Senior Vice-President de Samsung Biologics tance la politique pharmaceutique du Maroc [Vidéo]
L’Université Sidi Mohammed ben Abdellah (USMBA) de Fès a organisé mardi 16 février un webinaire sous format de débat ouvert avec Samir Machour, Senior Vice-President & Chief Quality Officer de Samsung Biologics.
Au cours de ce webinaire intimiste, Samir Machour est revenu sur son parcours, son enfance et sa scolarité passés entre Errachidia, Kénitra, Rabat, Azrou, Canada et les États-Unis. Il a par la suite évoqué son parcours professionnel qui l’a emmené un peu partout dans le monde : Australie, Japon, Chine, Canada, États-Unis et en Europe. Durant les dernières 17 années, Samir Machour a occupé des postes exécutifs au sein des grands groupes pharmaceutiques (Pfizer, GlaxoSmithKline [Moncef Slaoui y était l’ancien responsable des vaccins]…) avant d’être approché il y a deux ans par Samsung. Sa mission : diriger la partie réglementaire et qualité (autorisation de mise sur le marché des produits) de Samsung Biologics et faire partie du conseil stratégique de Samsung Electronics. « Là où je me trouve aujourd’hui vous prouve que rien n’est impossible. Vous ne pouvez aller nulle part si vous n’avez pas d’ambition. Si elle est facilement réalisable, ce n’est pas une ambition », a expliqué Samir Machour.
Durant ce webinaire, il n’a pas hésité à contrer le discours de l’université en expliquant aux étudiants que « le plus vous vous spécialisez, le plus vous diminuez vos opportunités d’emploi ». Il a également mis en exergue l’importance des stages : « Étudier presque le quart de sa vie pour obtenir un PhD et ne pas avoir d’expériences professionnelles résultera en un gap très important. Vous allez être déconnectés de la réalité même avec vos diplômes. Les pays anglo-saxons sont plus organisés à ce niveau, notamment le côté stage, contrairement aux pays francophones ». Le Senior Vice-President a également profité de la situation pour critiquer la politique pharmaceutique adoptée par le Maroc. « Nous n’avons pas d’industrie. Nous avons des façonneurs qui fabriquent sous licence des molécules du quotidien. Il n’y a aucune R&D dans aucun des laboratoires, même ceux qui se sont expatriés. De plus, le Royaume n’a pas mis des conditions, comme la Chine et l’Irlande par exemple, aux laboratoires qui s’y sont implantés pour faire de la R&D locale », tance Samir Machour.
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Pour étayer son propos, il donne l’exemple du pays du matin calme. « Il y a 40 ans, la Corée du Sud était un pays sous-développé, un pays en guerre sous la coupe de la dictature. Elle est aujourd’hui la 9ème puissance économique mondiale. Pourquoi le Maroc ne peut pas dupliquer cela ? », s’est demandé le Senior Vice-Président, avant de répondre : « Ce qui nous manque est la discipline, le jeu collectif et la vision. Il faut également que les universités soient plus actives dans la recherche. L’exemple d’AstraZeneca avec l’Université d’Oxford est éloquent dans ce sens ».