Les caresses de la mer
Sous le thème «Breathe», l’artiste photographe Fouad Maâzouz expose à Marrakech (galerie BCK) une sélection de clichés fruits de dix ans de travail
La photographie comme arme de réconciliation massive. Avec, bien évidemment, les rêvasseries d’un poète du clic lorsqu’il met en scène, quand il scénarise ses captations. Bardé de prix, c’est son instinct qui le guide, loin des canevas et des règles. Les écoles qui régissent le «métier» se profilent tels des pays étrangers devant lui. Du coup, il préfère prendre le large, choisissant le lointain, l’indéfini, l’étrange. Frénétique au regard posé, Fouad Maâzouz tutoie depuis longtemps l’insondable. Il lui arrive de voler et restituer : capter le vif et rendre cet imprévu à ses ayants droit, vous, moi, la vie et ses innombrables peuplades.
Chez lui, qu’il prenne son temps ou laisser celui-ci le prendre par la main, ce sont des giclées de questionnements qui lui triturent l’esprit. L’homme au centre de ses préoccupations, l’incompréhension en toile de fond. Pour l’actuelle «Breathe», une sorte de rétrospective, il s’attaque à la mer et à son immensité. A l’horizon, pas grand-chose ; dans le viseur, l’espoir et un coeur gros comme ça. Histoire de laisser à l’imagination un large champ d’action, il opte pour le noir et blanc. La lumière, associée à d’imposantes ombres, fait le reste. Les photographies de Maâzouz ressemblent à des monologues prêts à être rompus, pourvu qu’on ne leur chaparde pas la rime, qu’on ne les interrompt pas en pleine dissertation. «Breathe» ou respiration pour ne pas s’engager dans les subtilités- promet une belle vigueur aux neurones. ■