Les exportateurs misent sur l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle revêt, aujourd’hui, un enjeu capital pour les exportateurs marocains. Ces derniers estiment que cette technologie leur permettra de booster de façon significative leur compétitivité sur les marchés étrangers. Analyse.
L’intelligence artificielle est une véritable opportunité en or pour les entreprises exportatrices marocaines. Au-delà de son impact réel sur l’optimisation du processus de production en interne, cette technologie constitue également un allié de taille incontournable pour l’entreprise marocaine dans les marchés internationaux où la concurrence règne en maître absolu, estiment plusieurs économistes et experts.
« Le monde du 21ème siècle est un monde digital. Les entreprises, quelle que soit leur taille, sont contraintes à la transformation digitale. C’est un changement radical dans le business model, qui doit prendre en compte aujourd’hui l’intelligence artificielle», fait remarquer Mehdi El Fakir, économiste.
«Les entreprises marocaines ont intérêt à se positionner par rapport à cette révolution en cours, pour être de plus en plus compétitives tant sur le plan local que sur le plan international. Cette technologie qui est en train de bouleverser tous les secteurs, et le Maroc doit prendre les devants. On ne peut plus continuer à réduire ou minimiser la portée de cette révolution originale, parce que cela va se traduire par un manque à gagner énorme pour l’économie marocaine, dans son ambition d’aller conquérir de nouveaux marchés à l’international », analyse-t-il.
L’IA peut, en effet, apporter une réelle valeur ajoutée à l’entreprise et favoriser un plus grand rapprochement avec la clientèle. Aujourd’hui, nul doute que les exportateurs marocains commencent à prendre conscience de son potentiel.
« Une fois adoptée, l’intelligence artificielle sera d’un grand appui aux exportateurs marocains dans les décisions stratégiques (Go or Not Go), tel est le choix des pays dans lesquels il faut se développer, ainsi que la stratégie de pénétration à adopter. Cet outil sera aussi utilisé dans les décisions et la gestion quotidienne de l’activité export, aussi bien au niveau local qu’au niveau des marchés internationaux», assure Ahmed Khatir, président de la commission Financement, Assurance et Veille au sein de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex).
Associer les startups aussi
Pour lui, l’objectif principal recherché par les exportateurs marocains à travers l’intelligence artificielle est de recueillir, traiter et utiliser les informations collectées en vue d’augmenter la performance des entreprises exportatrices, tout en améliorant la compétitivité des produits exportés. Cependant, même s’il y a, de façon générale, une prise de conscience par rapport aux opportunités de l’IA, il n’en demeure pas moins que les choses patinent encore.
« Les exportateurs marocains n’arrivent pas encore à profiter pleinement de cette opportunité. Le handicap majeur réside d’une part dans le manque d’engagement du top management dans l’implantation d’une stratégie de veille et d’intelligence économique et d’autre part, dans l’absence de budgets et de ressources dédiés au développement interne de cet outil», déplore Ahmed Kathir. Toutefois, en vue d’encourager cette prise de conscience, l’association organise fréquemment des séminaires pour sensibiliser davantage ses adhérents.
La commission Financement, Assurance et Veille a ainsi organisé début mars une rencontre placée sous le thème «L’intelligence économique adaptée à l’export: des besoins d’une veille pertinente à la nécessité d’une influence efficace », qui a permis d’aborder les questions liées à l’intelligence artificielle et à la veille économique pour booster la compétitivité des entreprises exportatrices. Pour rappel, l’Asmex, de son côté aussi, a amorcé le virage digital en lançant plusieurs initiatives parmi lesquelles la mise en place de la plateforme virtuelle e-Xport Morocco.
Pour aller plus loin dans la course, Mehdi El Fakir invite notamment les opérateurs à se tourner davantage vers les startups. « Pour que ça marche, il faut aussi qu’ils conjuguent leurs actions ensemble avec les jeunes porteurs d’idées », conclut-il.