Les Salafistes dans le jeu politique
Nous l’avions annoncé sur les colonnes de Challenge, depuis plusieurs semaines. Maintenant, c’est officiel, les chioukhs de la Salafya jihadiste ont intégré à des postes de responsabilité, le Parti de la Renaissance et de la Vertu de Khalidi.
Pour l’histoire, il s’agit d’une coquille presque vide, issue d’une scission du PJD que Khalidi, ex-compagnon du Dr Al Khatib dans le défunt MPDC a quitté en dénonçant la mainmise du MUR sur le PJD et le peu de place laissé au groupe originel.
Khalidi a-t-il accepté les Salafistes de sa propre initiative ? Il est permis d’en douter. Il sait que le remake du PJD ne peut se faire qu’à ses dépens. Il sera le chef honorifique d’une organisation contrôlée par les Salafistes, de la même manière que le Dr Al Khatib a cédé les clefs au MUR.
Dans une démocratie, tout citoyen a le droit de s’organiser dans le parti, le groupe de son choix, dans le respect des lois en vigueur.
Seulement, la question de l’adhésion aux principes mêmes de la démocratie se pose.
Les Salafistes, alors qu’ils étaient en prison, ont publié un texte où ils révisaient leur position sur la démocratie, qu’ils considéraient impie auparavant, au nom d’un principe du Fikh. « Ce qui requiert l’adhésion des gens » devient licite. Une acceptation par défaut en quelque sorte. Cela suffit aux décideurs pour clamer qu’ils se sont assagis et qu’ils sont solubles en démocratie. Certains pensent même pouvoir les « jouer » contre le PJD.
Sauf que des affaires comme celle du penseur Assid, où ils ont appelé à sa liquidation physique, leurs positions sur la promotion de la femme, montrent que l’idéologie, intolérante, violente, sous-tend toujours leur action.
Ce qui se passe aujourd’hui est un jeu qui peut paraître subtil, mais qui est surtout très dangereux. Retournés les chefs de ces mouvements régressifs ne servent à rien, parce qu’ils sont grillés et que d’autres chefs émergent. Leur accorder des espaces sans garantie, autre qu’un document qu’ils ont déjà renié, parce qu’écrit en prison et donc sous la pression, est une énorme prise de risque. Il ne faut jamais souper avec le diable même en utilisant une grande louche, dit l’adage. Le diable est invité au festin sans préalable.
L’avenir nous dira, rapidement, jusqu’à quel point ce choix sera tragique car il ne peut que l’être.