Commerce

L’outlet de Tanger Med Zones près de Tétouan inquiète les Espagnols

Le lancement par Tanger Med Zones d’un projet d’outlet dans la nouvelle zone commerciale située entre Tétouan et M’diq, au niveau de Cabo Negro, suscite de l’inquiétude en Espagne, surtout du côté de Sebta. Dans un long article, El Español qui voit dans ce projet dédié aux enseignes grand public, un moyen de bloquer Sebta, tire la sonnette d’alarme.

Suite à l’annonce, le 22 novembre dernier, par Tanger Med Zones (TMZ), l’aménageur-développeur et filiale du groupe Tanger Med, du lancement d’un projet d’outlet au Nord du Maroc dont la première tranche de 30 ha (sur 70 ha) sera livrée en avril 2022, la presse espagnole s’inquiète pour Sebta.

Mettant en avant l’apport non négligeable du Maroc dans l’économie de Sebta, El Español qui a consacré un long article sur le sujet, voit tout simplement dans ce projet une façon d’attaquer frontalement l’enclave occupée. « Le commerce à Ceuta a fonctionné grâce aux Marocains et aux visiteurs européens. Le Maroc ne laisse rien au hasard. La région de Tétouan, adjacente à Ceuta, s’est efforcée d’avoir une grande zone de shopping outlet dès avril prochain », souligne d’emblée le site espagnol d’actualité, qui fait également constater que le Maroc « finalise à Tanger-Tétouan un plan de développement industriel et touristique comme celui du nord-est du pays, dans la région de Nador, à la frontière avec Mellila », faisant allusion aux projets de Marchica Med et du port de Nador West Med, en voie d’achèvement, appelé également à devenir un terminal gazier stratégique accueillant une barge GNL.

El Español souligne que le géant centre commercial de TMZ, servira à créer des emplois dans la région nord du Maroc, touchée par la fermeture du poste frontière et la fin de la contrebande. Il sera construit sur une superficie de 70 hectares et comprendra des commerces, des restaurants, des aires de loisirs, des aires de jeux, entre autres. La première marque internationale confirmée à s’y installer est la multinationale et leader du secteur de l’ameublement Ikea, qui créera 500 emplois directs et 1 000 emplois indirects. Ce magasin s’étendra sur une superficie de plus de 3 ha, avec 19 000 m² couverts, dont une verrière de 500 m2 destinée aux seuls mobiliers d’extérieur.

La construction de l’enseigne a déjà démarré, et son ouverture est prévue pour l’été 2022. Le projet ayant mobilisé près de 400 millions de DH d’investissement, rapporte le site espagnol d’actualité, notant qu’une autre chaîne internationale, Virgin Megastore, spécialisée dans les produits high-tech, la culture et les loisirs, vient d’ouvrir son dixième magasin à Tanger. L’investissement dans cette nouvelle activité s’élève à 8,6 millions de DH, et a généré 46 emplois directs.

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Investisseurs internationaux

« La vision stratégique du Roi Mohammed VI de créer une plateforme portuaire et industrielle dans le détroit de Gibraltar a contribué à attirer des opérateurs nationaux et internationaux de renom et à renforcer un écosystème industriel et logistique diversifié », a déclaré Jaafar Mrhardy, Directeur général de Tanger Med Zones, cité par El Español, ajoutant que le responsable marocain a affirmé que le projet d’outlet « renforce encore le positionnement compétitif de la plateforme industrielle Tanger Med dans la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans la zone euro-méditerranéenne dans la perspective de la période post-Covid-19 ».

Le site espagnol d’actualité précise qu’en fin novembre déjà, une délégation d’hommes d’affaires sud-coréens est arrivée dans la région nord de Tanger-Tétouan-Al Hoceima pour explorer les opportunités d’investissement. Ce sont des entreprises dédiées à l’alimentation, la cosmétique, la culture, le sport, le tourisme et l’hôtellerie.  Selon un communiqué du Conseil régional Tanger-Tétouan, les investisseurs sud-coréens ont exprimé leur volonté d’investir dans la région pour contribuer à la dynamique positive que connaît le pays. 

Avant eux, ce sont des Chinois et des Saoudiens, qui ont parié sur la reconversion du port de plaisance de la ville de Tanger, note El Español qui rappelle par ailleurs que la Chine est toujours très présente dans le projet Mohammed VI Tanger Tech City, une ville industrielle moderne, futuriste et respectueuse de l’environnement, connectée aux nouvelles technologies, qui prend naissance à Aïn Dalia, dans la périphérie de Tanger.

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Sebta dans un placard

Avec la reprise des relations diplomatiques et le lancement de lignes aériennes directes entre Israël et le Maroc, le Maroc s’apprête à recevoir de plus en plus de visiteurs et touristes israéliens. Ainsi, à Tanger, les guides touristiques ont commencé à apprendre l’hébreu. Il y a aussi ces hommes d’affaires de Sebta à qui le Maroc a offert des terrains et des entrepôts dans la zone franche en construction à Castillejos, à seulement deux kilomètres de la frontière d’El Tarajal, poursuit El Español. Avec elle, la contrebande de produits par le passage frontalier est enfin stoppée. 

Ainsi, le Maroc investit dans cette région proche de la frontière avec Sebta, et étouffe l’enclave occupée. L’opération a débuté avec le port de Tanger Med, relié à 180 ports dans 70 pays, une référence pour l’Afrique et la Méditerranée, qui est déjà en phase de numérisation de ses services d’import et d’export. Pendant ce temps, Sebta, sans aéroport, dépend des navires vers la péninsule sans compter que la compagnie maritime FRS, par exemple, a annoncé qu’elle suspendait à partir du 10 décembre ses services sur la ligne Melilla-Motril.

Autre exemple de mauvaise nouvelle : la franchise Charanga, une entreprise de vêtements pour enfants, a fermé ses magasins à Sebta, laissant du personnel au chômage.  En revanche, Tétouan étendra son aéroport avec une piste supplémentaire et une connexion directe avec plusieurs villes européennes. Pour le site espagnol d’actualité, le commerce à Sebta a fonctionné grâce aux touristes marocains et aux visiteurs européens. Les aires de ravitaillement, comme Lidl, ont été installées dans le port de l’enclave occupée en raison du transit des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui prennent le ferry, mais surtout pour les trois mois de l’opération Paso de El Estrecho (OPE), qui n’a pas marché à travers la ville pendant deux étés.

 
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