Maritime: China Merchants arrive enfin au Maroc
Cherchant en vain à s’implanter au Maroc, China Merchants holding international y est enfin arrivé indirectement. Le premier opérateur portuaire public en Chine, a tout simplement racheté 49% de Terminal Link, la filiale spécialisée dans les terminaux portuaires de CMA-CGM. Suite à ce rapprochement, c’est Maersk Maroc qui risque de trinquer. PAR IMANE TRARI
Après plusieurs tentatives avortées pour investir le secteur des terminaux portuaires au Maroc, China
Merchants Holding International (CMHI) débarque enfin dans les ports marocains. Le premier opérateur portuaire public en Chine, a trouvé le bon moyen en achetant 49% de Terminal Link, la filiale spécialisée dans les terminaux portuaires de la CMA-CGM. Il s’agit d’une transaction qui lui a coûté pas moins de 400 millions d’euros. Le jeu en vaut la chandelle ! Il est important de savoir, que la stratégie mise en place par cet opérateur présent dans les ports de Shangai, Hong-Kong ou Shenzen vise principalement d’accélérer son développement et de renforcer sa présence dans les activités de transport générées par les marchés africains. Car, «CMHI a bien compris que le continent noir reste le dernier espace de prospérité pour le secteur du portuaire», explique Najib Cherfaoui, expert en matière portuaire et maritime.
Dans ce sens, des prises de participations récentes ont été faites dans les ports de Lomé au Togo, Lagos au Nigéria et à Djibouti en décembre dernier. Maintenant, le rachat des parts de Terminal Link, lui permettra d’exercer sur trois ports africains, dont ceux de Casablanca et Tanger Med à travers respectivement Somaport, le premier opérateur portuaire privé du port de la capitale économique, et Eurogate Tanger. «Il s’agit de deux ports où CMHI a été toujours mal placé, vu qu’il était totalement dépendant de CMA CGM et de Maersk», explique l’expert. Aujourd’hui alors, la Chine aura une connexion directe avec le Royaume via son opérateur public. En clair, cette opération ne sera bénéfique qu’aux deux partenaires. D’abord CMA-CGM, pourrait achever sa stratégie portant sur le développement du transport maritime le long des routes reliant l’Asie à l’Europe et au bassin méditerranéen. A cela s’ajoute le volume d’activité qu’il peut dorénavant assurer vu que la Chine figure parmi les premiers marchés d’import du Maroc.
En effet, le Royaume achète pour plus de 25 milliards de DH de produits chinois, soit plus de 7,4 % du total des importations. Du côté de CMHI, «ces liens stratégiques permettront d’assurer la viabilité à long terme de nos activités. En outre, le positionnement de Terminal Link sur le segment de la gestion des terminaux portuaires dans les marchés émergents, de même que ses nouveaux projets attendus, représentent un vecteur supplémentaire de croissance future, tant en termes de volumes que d’amélioration de la rentabilité financière», souligne-t-on dans un communiqué publié par CMHI, le 25 janvier (date de signature du contrat).
Le Maroc et Maersk dans le même lot
Le Maroc, quant à lui, sera un simple spectateur dans cette affaire. Et pour cause, le Royaume a raté plusieurs occasions où il pouvait entamer des négociations directes avec CMHI, qui a montré à maintes reprises son intérêt pour le pays. Il est à préciser que dans un scénario d’implantation en propre, le pays pouvait bénéficier d’importants investissements, ainsi que de création d’emplois. Ce qui n’est plus le cas dans cette nouvelle posture, qui aura également des retombées négatives sur d’autres spécialistes de terminaux portuaires, dont Maersk.
En effet, l’opérateur danois encaissera le coup le plus dur dans cette opération. Ce dernier, qui a représenté pour une longue période un allié stratégique de CMHI, sera forcément écarté en faveur de leur partenaire CMA CGM. Contacté à ce sujet, une source interne confirme que ce n’était pas un scoop pour eux. «Les négociations entre CMACGM et CMHI étaient en cours depuis des mois, dans le cadre de sa restructuration financière». Il ajoute, «au sein de Maersk, plusieurs changements ont été apportés à la stratégie du groupe en Afrique et principalement au Maroc». La preuve ! Au mois de juin dernier, Maersk a annoncé, «qu’il ne repassera pas de nouvelles commandes de navires. Dorénavant, il va concentrer tous ses efforts sur l’exploration pétrolière», confirme notre source… ■