Maroc-Afrique de l’Est : la logistique freine le business
L’initiative « African Business Connect » s’apprécie par l’importance donnée au rapprochement du Maroc avec la région de l’Est du continent. Mais pour donner la pleine mesure à cette ambition, il convient d’explorer les freins logistiques qui restent à lever pour rendre possible cet essor.
Le road-show African Business Connect se poursuit à Dar es Salam en Tanzanie. Il a été précédé par l’étape rwandaise et sera suivi d’extension à Madagascar jusqu’au 8 avril 2017. Les moments forts de cet événement, organisé en Afrique de l’Est et Australe par Maroc Export et BMCE Bank of Africa, sont les B2B et les B2G (Business to Government) où les entreprises de la mission ont accès à un programme de rencontres sur mesure avec les acteurs économiques rwandais, tanzaniens et malgaches, figures de proue des économies locales.
Le souci de la logistique
Mais l’African Business Connect a été surtout l’occasion de réfléchir ensemble aux innovations logistiques nécessaires pour lever les freins au commerce. Et pour cause : la région de l’Est, distante de près de 90.000 km, reste inaccessible depuis le Maroc, notamment avec l’absence de liaisons maritimes ou aériennes. Les ambassadeurs marocains au Rwanda et en Tanzanie parlent de tractations auprès de la Royal Air Maroc pour desservir Kigali, Dar Essalam et même Zanzibar. Pour Mohammed Benayad, secrétaire général du ministère du Commerce Extérieur : « La logistique constitue un sérieux problème au développement des échanges avec le Rwanda, mais aussi avec de nombreux pays africains. Mais nous travaillons sur la mise en place de plateformes logistiques sur le continent afin de résoudre cette équation ». M’Fadel El Halaissi, directeur délégué BMCE Bank of Africa, qui confirme « l’extraordinaire potentiel de développement » que présente la région pour les entreprises marocaines, assure le soutien de la banque panafricaine pour leurs ambitions à aller vers de nouveaux marchés, ajoutant que cette mission B2B est un élément de réponse au souci logistique vu qu’elle est accompagnée par le partenaire « idéal », faisant référence au groupe SNTL (Société Nationale du Transport et de la Logistique).
L’expertise SNTL sollicitée
Le groupe SNTL a en effet été approché par beaucoup de pays du subcontinent pour y développer des produits spécifiques, à l’instar du Rwanda et de la Tanzanie. Pour rappel, un mémorandum a été signé en marge de la visite Royale à Kigali, en octobre 2016, entre le Groupe SNTL et son partenaire stratégique Rwanda Development Board (RDB) portant sur le développement de l’African Institute of Technlogy for Supply Chain; RDB étant une institution gouvernementale jouant le rôle de guichet unique dont le principal objectif est de transformer le pays en un hub dynamique de logistique, d’affaires, d’investissement et d’innovation. Pour Mohamed Anouar Jamali, directeur général de Logdev Africa, filiale du groupe SNTL: « Nous nous activons pour concrétiser les engagements pris et les projets sont à un stade avancé », ajoutant que « lors de cette mission, un fonds indien de la Banque Africaine de Développement (BAD) a été sollicité par le groupe SNTL et RDB dans le cadre d’une coopération trilatérale Maroc-Rwanda-Inde pour le financement de l’étude de faisabilité du projet et la mise en place d’un consortium international d’acteurs des mondes socio-économiques et académiques autour du projet ». En Tanzanie, le Groupe SNTL est engagé avec Reli Assets Holding Company (RAHCO), via le mémorandum d’entente signé en marge de la visite Royale dans le pays, pour la mise en place d’un corridor logistique. « Il s’agit d’un projet stratégique pour la Tanzanie, car il va résoudre la problématique de la logistique minière puisque le corridor en question relie le port Mtwara aux mines Mchuchuma et Liganga sur 1000 km », explique Mohamed Anouar Jamali, en spécifiant que l’exploitation minière dépend fortement du corridor logistique et ferroviaire, reliant le port aux mines. En marge de la mission à Dar Essalam, SNTL et son partenaire RAHCO ont également sollicité ledit fonds indien de la BAD pour supporter financièrement la structuration du projet du corridor. « Le projet bénéficie de l’appui des bureaux de la BAD à Rabat et à Dar Essalam », précise le DG de Logdev Africa, notant que « la structuration du projet permet de faire une analyse réglementaire et légale du projet, l’identification des besoins techniques et logistiques, ainsi que les acteurs potentiels et in fine l’analyse de la faisabilité financière du projet ».