Edito. Ne laissons pas l’espoir agoniser
Le sens profond de la politique est à réhabiliter en ces temps où la violence, sous toutes ses formes, a tendance à se développer et à se substituer aux acquis civilisationnels.
Quelle est la finalité de la politique (y compris la diplomatie) ? Dans une formation sociale, il est surtout question d’assurer un mode de «vivre ensemble», basé sur le respect de règles communes. Qu’en est-il des relations entre plusieurs formations sociales indépendantes les unes des autres ? Là aussi, des règles sont nécessaires pour éviter le recours à la violence, sous toutes ses formes. Le concept clé régissant ces rapports, au niveau international, est l’équilibre, jamais statique, toujours évolutif. L’intelligence politique des acteurs, dans les relations internationales, est non seulement de maintenir cet équilibre, mais surtout de contribuer à son évolution. L’« ordre international » actuel n’a rien à voir avec celui qui a dominé pendant la 2ème moitié du 20ème siècle, caractérisé principalement par les mouvements de décolonisation et la « guerre froide ». Des Etats comme le Maroc ont consolidé leur indépendance et aspirent aujourd’hui légitimement à renforcer leur souveraineté. De nouvelles puissances ont émergé. Les conflits armés, au lieu de reculer, se sont multipliés. Un nouveau monde nécessairement multipolaire se dessine. Les Etats ayant connu la domination coloniale remettent en cause la logique néocoloniale, fondée sur le paternalisme ou la subordination, consacrant une division internationale du travail, dictée par les uns et subie par les autres.
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Le Maroc et la France n’échappent pas à ces tendances lourdes. Mais la dimension humaine des relations entre les deux pays est si profonde, si pesante, qu’elle ne peut être que déterminante dans l’évolution des rapports bilatéraux. L’immatériel peut l’emporter sur le matériel. Au-delà des rapports de force et des calculs d’intérêts, l’exigence de respect réciproque est incontournable dans la construction d’un avenir fondé sur des relations de coopération privilégiant le dialogue constructif avec la paix comme boussole permanente. Les vrais défis actuels sont communs. Le réchauffement climatique est une menace réelle. Le terrorisme frappe à toutes les portes. Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Europe a compris qu’elle n’est pas immunisée contre les risques de conflits armés. L’instabilité croissante au sud de la Méditerranée n’est pas sans conséquences dangereuses aussi bien pour l’Europe que pour l’Afrique. Le Maroc et la France ont un rôle important à jouer pour que le monde ne succombe pas à de nouvelles barbaries, pires que celles que l’humanité a déjà connues.
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Le dernier discours du Souverain est, à cet égard, riche en messages. Des situations artificiellement conflictuelles peuvent être inversées et contribuer à la paix et à la prospérité des peuples. Même absentes, les futures générations ont le droit de naitre et de vivre dans un « monde vivable ». La « banalisation du mal », au sens le plus large, est actuellement un ennemi commun, à combattre sur tous les fronts, pour que la vie puisse continuer à avoir un sens, pour que l’espoir puisse survivre.