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Quand Berkane et Wydad de Fès donnent des leçons de modestie

On ne se méfie jamais assez des flatteurs. On devrait, car ce sont des gens dangereux. Ensuite, ils seront les premiers à blâmer ceux qui les ont crus et écoutés.

Les demi-finales de la Coupe du Trône de football nous en ont donné une parfaite illustration.

Le Raja et le Wydad de Casablanca, respectivement opposés à des clubs beaucoup moins « nantis » paraissaient aptes à se retrouver en une finale qui serait inédite et spectaculaire. A Casablanca, les Raja et Wydad sont des équipes à la dimension de la capitale économique. Ils ont tous deux marqué l’Histoire. Ils disposent de moyens colossaux et d’un public que, chaque week-end, les 60.000 places du Complexe sportif Mohammed V peinent à contenir. Les meilleurs joueurs du pays se trouvent dans leurs rangs et quand les talents sont ailleurs, les dirigeants rajaouis et wydadis s’arrangent pour les transférer chez eux, c’est-à-dire aux WAC et Raja.

WAC et Raja qui intimident tout le monde, à commencer par la FRMF qui craint de fâcher leur foule de supporters.

Il n’est pas rare qu’à Casablanca, cette pression du public ne s’exerce sur le trio arbitral faisant profiter les 2 clubs bidaouis « d’erreurs » d’arbitrage.

Les hommes des médias, reporters, commentateurs, consultants, eux aussi filent doux.

Aucun canard, aucune émission n’ont intérêt à s’aliéner les milliers de supporters des verts et des rouges, couleurs traditionnelles des 2 clubs.

Alors on flatte, on protège et on n’hésite pas à en faire trop.

Au fil des saisons, le WAC est devenu « Wydad Al Oumma », et le Raja, « Al Raja Al Alami ».

Des qualificatifs très surévalués (quand on aime, on ne compte pas) qui font gonfler de fierté la poitrine des supporters, dont certains, hélas se croient tout permis et c’est là où le bât blesse. Toute cette sur-évaluation, ce battage médiatique, s’ils influent parfois sur les performances, aboutissent aussi à des excès.

Excès dont le plus évident est l’excès de confiance.

Alors, en un mot, comme en cent, Raja et Wydad, promis tous deux à la finale historique du 18 novembre prochain, ont échoué, lamentablement par excès de confiance.

Pour eux, pour leurs milliers de supporters, et pour les dizaines d’analyses et de journalistes qui les portent aux nues, rien ne pouvait arrêter leur marche triomphale. Et surtout pas le « petit » club de Fès (WAF) qui ne devait que s’incliner devant le seigneur rajaoui.

Aujourd’hui, il faut savoir que le football s’en fiche que vous soyez riche ou puissant, car, en fin de compte, c’est sur le terrain, dans le carré vert, que les onze joueurs doivent gagner physiquement et techniquement leurs adversaires, et sur un terrain, à moins qu’un arbitre véreux s’en mêle, tous partent avec des chances égales.

Et bien souvent, le « petit » trouve dans la motivation psychologique les ressources pour s’imposer à celui qui a eu le malheur de le sous-estimer. Fin de l’histoire.

Raja et Wydad ont été emportés par la bourrasque de leurs propres mensonges. Bravo à Berkane et surtout au club de Fès Jdid qui s’est payé dans les règles de l’art le Raja. Petite ironie, le club fassi qui vit dans la capitale spirituelle, à l’ombre du « grand » MAS s’appelle… Wydad. Il n’est pas sûr que cela consolera le Raja. Au contraire.

Maintenant assez parlé de ceux qui mentent et se mentent par omission ou par bêtise, et félicitons les qualifiés, Renaissance de Berkane et Wydad de Fès, en leur souhaitant de nous servir une magnifique finale de Coupe du Trône le 18 novembre prochain.

Ce devrait être une rencontre colorée, passionnante et elle est déjà historique, car inédite autant qu’elle était inattendue.

A voir, avec délectation, pour célébrer la gloire de ceux qui croient en eux, et eux seuls, au contraire de ceux qui vivent sur des nuages factices.

La leçon sera-t-elle enfin retenue? Raja et Wydad de Casablanca n’auront pas tout perdu, si leur désillusion cruelle leur apprend la nécessaire modestie.

Revanche posthume d’Henri Michel

Quand il est arrivé au Maroc, la première fois en 1996 pour prendre en mains les Lions de l’Atlas, Henri Michel avait une blessure profonde au cœur. Il en parlait très peu, même certains soirs avec ses amis. Très taiseux, Henri Michel glorifié à sa mort, comme l’un des plus grands joueurs qu’ait connu le foot français, mais très oublié de son vivant, a eu une ultime revanche posthume. Le quotidien « L’Equipe » du vendredi 2 novembre 2018 a livré le récit d’un coup fourré pour écarter Henri Michel de l’Equipe de France, alors qu’il en était le coach.

C’était en 1988. Michel en a été blessé à vie. Qu’aujourd’hui, L’Equipe rappelle « cette drôle de manipulation politico-médiatique qui a permis d’éloigner Henri Michel » rend justice à Michel. Même si c’est trop tard, comme d’habitude.

 
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