L'édito

Quand le conjoncturel heurte le stratégique [Par Jamal Berraoui]

Il pleut des milliards et ce n’est ni suffisant, ni rassurant. L’exécutif s’était engagé sur des réformes structurelles, de l’investissement public, l’Etat-social, mais aussi la croissance, les projets structurants.

C’est trop facile de lui jeter la pierre. Le Covid continue de faire des siennes, et la réponse sanitaire est indiscutablement coûteuse sur les plans socio-économiques. Le climat est défavorable, l’année de sécheresse est acquise et il faut bien parer au plus pressé et assurer de l’eau potable à des millions de marocains. Cet étau des urgences se resserre. Le pays a de réelles urgences dont la gestion ne peut s’inscrire dans la durée. Cela coûte de l’argent, énormément d’argent. Mais, ce n’est pas fini.

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Voilà que le prix du pétrole grimpe, il est à 90 dollars le baril aujourd’hui, mais selon les spécialistes, il pourrait atteindre les 125 dollars dans quelques mois. C’est douloureux pour des comptes publics, déjà très éprouvés. L’inflation mondiale est un fait, continuer à pérorer que nous la maintiendrons à 1,8 % au Maroc est une grosse idiotie. Si le coût de l’énergie, des matières premières, des inputs augmentent, le Maroc ne pourra pas éviter la flambée des prix. Enfin, la question du pouvoir d’achat se pose avec son contingent de conflits sectoriels.

L’exécutif a des visions stratégiques que l’on peut ne pas partager, mais, son projet est lourdement percuté par une conjoncture qu’il subit, sans véritable responsabilité que celle de gérer les aléas. Les équilibres macro-économiques sont mis sous le tapis. Pourtant, si les taux d’endettement augmentent, ce qui est probable dans les prochains mois, le service de la dette sera ultra-préoccupant.

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L’exécutif a besoin de réviser sa copie. «On va gérer la conjoncture et on va tenir nos engagements », n’est pas rationnellement tenable. Face aux orages à venir, il nous faut du solide. Il faut sélectionner les investissements publics, en privilégiant les plus structurants. Eviter un endettement impossible à supporter est désormais un objectif. Ce n’est pas de la responsabilité de la nouvelle majorité.

 
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