Législatives 2016PolitiquePolitique au Maroc

Qui gouverne et qui s’oppose : une fin de mandat gouvernemental chaotique

L’actuelle équipe ministérielle, ou du moins une partie d’entre elle, disons en clair les PJIDISTES et les PPSISTES, sont en train de réussir l’exploit d’être à la fois au gouvernement pour bénéficier des avantages du pouvoir  et dans l’opposition pour entretenir leur capital de popularité (ou de populisme diront certains). C’est une situation inédite bien spécifique à l’expérience politique marocaine de ces cinq dernières années. C’est le PJD qui a commencé d’abord cette approche bien originelle de gouverner tout en s’opposant. La plupart de ses Ministres, y compris le Chef du Gouvernement passent quatre jours au Gouvernement et partent en compagne dès le vendredi ranimer la flamme combattante des militants. Durant le Week-end les ministres endossent leur habit d’opposants et certains deviennent même des prédicateurs, pour  fustiger, les pouvoirs invisibles, les Jnouns et les crocodiles, toutes ces forces occultes qui sont derrière le TAHAKKOUM et qui empêchent le Parti de réformer en profondeur l’économie et la société. Les propos des Ministres sont repris par les grands ténors, des députés bien connus des médias, qui leur donnent une touche plus radicale. Enfin les membres de la DAAWA, enveloppe les critiques et les anathèmes des militants par des fatawas où versets coraniques et hadiths sont invoqués pour donner à tout le discours la cohérence de la parole bénie. C’est un véritable jeu de rôle, une division du travail entre ceux qui jouent les durs et ceux qui jouent les modérés, une théâtralisation inédite, avec des acteurs qui se distribuent les fonctions, qui ont la capacité d’être ici et ailleurs et d’occuper la scène médiatique par leurs paroles et par leur silence, de se rallier les services d’un Journal qui ne leur appartiennent pas mais qui est en même temps leur porte parole. Le Ministre Benabdellah a compris assez tardivement d’ailleurs l’intérêt de cette démarche. Et pour que ça marche, il n’y a pas mieux que l’expression Tahakkoum, notion vague, qui peut être définie comme la nouvelle mode des politiciens qui s’opposent tout en étant au  gouvernement. C’est efficace puisqu’elle permet de gagner sur les deux tableaux : avoir les ressources du Gouvernement et critiquer les pouvoirs occultes, « l’Etat profond » « l’autre Etat… » Cela permet surtout d’éviter de présenter des bilans lorsqu’ils sont maigres, de rendre des comptes aux citoyens et de généraliser l’irresponsabilité. « On a voulu faire mais on nous a empêché… ». Décidément on nage en pleine confusion durant cette fin de mandat.

 
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