Rien ne va plus entre les agents généraux et les compagnies
Le torchon brûle entre les 650 Agents généraux réunis au sein de l’UMAG et la Fédération des Assurances. Lorsque les revendeurs dédiés à une seule assurance font face à un système qui les pénalise, les assurances font le sourde oreille.
L
es agents d’assurances sont dans l’impasse. C’est ce qui ressort concrètement de l’Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) de l’Union Marocaine des Agents d’Assurance (UMAG), tenue vendredi dernier. Si l’on s’imagine souvent que travailler dans les assurances est un métier sûr et de tout repos, les témoignages des Agents généraux démentent ce préjugé. “Actuellement, certains confrères et consoeurs sont incarcérés suite à des plaintes déposées par leurs compagnies mandantes”, explique l’UMAG par l’intermédiaire de son secrétaire général Youssef Bounoual: “Les agents présents ont dénoncé les mauvaises pratiques liées aux modalités de paiement des primes contraignantes imposées par les compagnies d’assurances”. Pour eux, le système de paiement des primes d’assurances serait en cause et pénaliserait les Agents généraux. Autre problème, celui de la trésorerie des Agents d’assurances qui se retrouvent souvent obligés d’avancer les primes des assurés, en attendant leur remboursement par la compagnie mandante. Le non paiement des assurés est une autre entrave, qui influe sérieusement sur la trésorerie des agents. L’UMAG affirme également que: “nous sommes dans une situation où les Compagnies d’Assurances cannibalisent les agents en développant leur propre réseau de commercialisation.” Dans les faits, et depuis la libéralisation des assurances au Maroc, les compagnies vendent elles-mêmes leurs produits par des antennes commerciales. Concrètement, cela signifie que les agents généraux, souvent des anciens de ces mêmes assurances, se retrouvent en concurrence avec leurs propres fournisseurs. La lutte est asymétrique.
Un sortie de crise avortée
Pourtant, des négociations de sortie de crise ont été proposées par l’UMAG. Le 2 octobre dernier, se tenait une réunion avec la Fédération Marocaine de Sociétés d’Assurance et de Réassurance (FMSAR). La discussion a tourné court, et aucune doléance des agents n’a été retenue. Pour Dr. Jamal Diwany, Président de l’UMAG: “les agents d’assurances rencontrent des problèmes très sérieux, que l’UMAG tente de résoudre.” Mais l’UMAG, dans son communiqué, avance que la FMSAR a évoqué la question de la représentativité des agents par l’UMAG (qui regroupe 650 agents) et invoqué son attachement au dialogue avec un seul interlocuteur représentant les agents et les courtiers.
En outre, et toujours selon ce même communiqué, les adhérents de l’UMAG dénoncent les harcèlements pratiqués par certaines compagnies d’assurances les menaçant pour ne pas assister à l’AGE de l’UMAG, invoquant, entre autres: Les libertés de réunion, de rassemblement, de manifestation pacifique et d’association garanties par la constitution marocaine (article 29). Pour protester contre cette pratique anticonstitutionnelle, qui est une atteinte directe à la liberté d’association, et pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis de ces nouvelles pratiques indignes de responsables d’entreprises, plusieurs propositions de réaction ont été soulevées à savoir : pétition, grève…
Appel aux autorités de tutelle
De cette AGE, les Agents ont tiré dix recommandations. D’une part, ils appellent à amender la loi 17/99 dans le cadre du projet de loi sur l’ACAPS (Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale) relativement à l’accès à la profession d’agent général d’assurances, la souscription pour compte pratiquée par les banques et les organismes de financement, l’ouverture de nouveaux points de vente (bureaux directs et agences), et la représentativité de l’UMAG.
Par ailleurs, l’UMAG appelle à revoir les conditions liant les compagnies aux agents généraux et leur uniformisation et une refonte du modèle de rémunération diversifié qui garantit la pérennité des entreprises des agents généraux. Autre problème endémique dans le secteur: les impayés. L’UMAG appelle à la mise en place d’un système d’information centralisé qui traque les mauvais payeurs et propose la déductibilité de la TVA sur les commissions des agents. Selon l’association, il serait judicieux de mettre en place un plan de continuation ou de succession pour les agences en fin de mandat. Elle propose également de professionnaliser les agents et leurs collaborateurs. Enfin, l’UMAG appelle les autorités de tutelle à mettre en place des règles de concurrence qui protègent le consommateur et les différents intervenants dans le secteur des assurances. Tout comme de prendre des mesures légales anti-dumping. Pour ce qui est de la mise en place d’un code déontologique propre aux assurances, cela relève des agents eux-mêmes.