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Sahara : le nouveau processus

La victoire diplomatique marocaine est une réalité, mais les manœuvres des adversaires ne vont pas cesser.

L

a réaction énergique du Maroc à la proposition de Rice, visant à étendre les prérogatives de la Minurso à la protection des droits de l’homme a porté ses fruits. L’intervention Royale a été décisive. Au final, la résolution adoptée conforte la position du Maroc au-delà de la question de la Minurso et de ses prérogatives.

Elle lie la fin du contentieux en renforcement de «la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel », plaçant le conflit dans sa dimension géo-stratégique. Parce qu’en diplomatie les mots ne sont jamais neutres, il faut relire certains passages.

«Prenant note de la proposition marocaine présentée au secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc  pour aller de l’avant vers un règlement, prenant note également de la proposition du Polisario présentée au secrétaire général le 10 Avril 2007 ».

Il y a un jugement de valeur positif concernant l’attitude marocaine, qui engage politiquement. De la même manière que les efforts du CNDH sont salués de manière claire et la question du recensement des réfugiés posée avec insistance dans le volet sur les droits de l’homme. Il ne fait aucun doute, c’est une victoire éclatante.

De la même manière qu’il n’y avait pas matière à s’affoler il y a trois semaines face à la proposition américaine, il ne faut pas pavoiser maintenant. Alger et le Polisario n’en resteront pas là, leur réaction virulente le prouve s’il en était besoin.

Cette mini-crise a eu pour résultat de clarifier les positions. Ainsi Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français a déclaré, en substance, que Paris soutenait les réalisations marocaines en termes de réformes démocratiques et de respect des droits de l’homme, que l’extension des prérogatives de la Minurso était à la fois inopportune et inapplicable et que la stabilité du Maroc est essentielle. C’est une fin de non recevoir aux positions algériennes, exprimée de manière diplomatique mais claire.

En fait, au niveau officiel, Alger n’a pas de soutien appuyé parmi les membres permanents du Conseil de sécurité. Moscou par exemple a réagi en premier contre la proposition américaine, considérant qu’elle constitue un glissement politique hors du cadre fixé par le point 6, c’est-à-dire « aider à une solution négociée acceptée par les parties ». Sur ce dossier, la position chinoise, en faveur du Maroc, n’a jamais varié. C’est pour cela qu’Alger met le paquet en direction des ONG et des Médias, pour influer, par le biais des opinions publiques (voir encadré). 

Prendre son mal en patience

Le Maroc, sa diplomatie, ses services, sont au fait de cette stratégie. C’est pour cela que quelques jours après l’adoption de la résolution, une délégation constituée de toutes les personnes impliquées dans la gestion du dossier du Sahara a été reçue à la Maison Blanche par le conseiller à la sécurité nationale d’Obama.

Il faut y voir le début d’un nouveau processus où le Maroc sera plus agressif, dans le bon sens du terme. Le contexte a changé, parce que l’administration américaine a remonté le dossier Sahara dans la pile des dossiers prioritaires à ses yeux. Nous l’avons écrit il y a plusieurs semaines, sur la base d’informations confidentielles de sources bien informées. Cela se vérifie aujourd’hui. Le texte de la résolution est d’ailleurs plus « pressant » que par le passé dans sa demande d’avancées vers une solution.

Cependant, la solution ne peut provenir que de la fin du conflit-matrice, à savoir le conflit Maroco-algérien, dont la question du Sahara n’est que la partie visible de l’iceberg. C’est cela la réalité mais nous ne pouvons l’opposer à la communauté internationale. En même temps, l’attitude choisie c’est celle de la crédibilité, du refus de jouer au Poker-menteur.

Certaines voix s’élèvent pour réclamer la réalisation de l’autonomie, sur le terrain, pensant que cela résoudrait le problème ou affaiblirait définitivement la position du Polisario. Heureusement, ce n’est pas la position officielle. C’est puéril, parce que cela présuppose une bonne foi dont le Polisario est démuni.

Le Maroc n’a pas changé de stratégie. Le développement des provinces du Sud doit continuer, ne pas subir les contrecoups des difficultés budgétaires, mais dans une autre optique, comme l’a défini le Conseil économique et social. Politiquement il est évident qu’au Sahara, comme ailleurs, on ne peut qu’être attaché au respect absolu des droits de l’homme dans le cadre du respect des lois. Mais il est tout aussi clair que le jeu des notables est inefficient, voire pervers, que le CORCAS n’est pas d’une grande utilité tant en interne qu’à l’étranger. Il faut encourager les nouvelles élites unionistes à assumer leurs responsabilités en toute indépendance. Le nouveau processus doit s’appuyer sur une communication plus efficiente. Parce que le Maroc n’a rien à cacher, il faut que l’ouverture vis-à-vis des ONG et des médias soit totale. C’est un terrain sur lequel toute éventuelle intervention des sécuritaires ne peut être que contre-productive, en décrédibilisant le discours unioniste. Empêcher un journaliste ou une chaine de télévision d’aller à Laâyoune, parce qu’ils sont pro-polisario est inutilement pénalisant, parce qu’ils utiliseront You Tube. Par contre, le meilleur moyen de crédibiliser leur message c’est de les laisser libres de leur mouvement. Ce sont de nouvelles attitudes à acquérir.

Les médias publics sont un enjeu central. Les provinces du Sud doivent être couvertes de la même manière que le reste du territoire, avec pour seul critère le professionnalisme et non pas la propagande imbécile. Des problèmes de développement, d’infrastructures, sociaux, culturels et aussi de démocratie, il y en a là-bas comme partout au Maroc, les relater, c’est les désamorcer en les remettant dans leur contexte. C’est une Lapalissade sauf pour les médias publics, à l’exception de la télévision de Laâyoune qui est une réussite. 

 
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