Salaires : le secteur public plus intéressant
L’écart entre les salaires perçus dans la fonction publique et ceux dans le secteur privé n’a cessé de se creuser durant ces dernières années et ce, malgré les efforts consentis pour réduire ce gap qui est susceptible de s’approfondir davantage avec les répercussions de la crise sanitaire actuelle liée à la pandémie du coronavirus.
Le salaire mensuel net moyen dans la fonction publique a atteint 8147 DH en 2020, en hausse de 1,84% par rapport à l’année écoulée en raison notamment de la revalorisation des salaires du personnel de l’État, décidée dans le cadre de la deuxième tranche des augmentations conformément à l’accord du dialogue social conclu le 25 avril 2019 entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux. Ce salaire a grimpé de 24,38% au cours de cette dernière décennie, avec une hausse annuelle moyenne de 2,21%, d’après le rapport sur les ressources humaines accompagnant le PLF-2021 qui fait également savoir que le niveau du salaire net moyen varie d’un département à l’autre.
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Concernant le salaire mensuel moyen dans le secteur privé, il se situe, globalement, autour de 5000 DH, un niveau qui reste largement inférieur à celui dans la fonction publique et ce, malgré l’amélioration constatée durant l’année écoulée. Selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib au titre de l’exercice 2019, les salaires dans le secteur privé ont enregistré en termes nominaux une nouvelle progression de 1,5% en moyenne, et se sont appréciés en termes réels de 1,1%. L’écart existant entre le salaire moyen mensuel dans le secteur privé et celui dans la fonction publique peut être appréhendé dans un premier temps dans le cadre de deux logiques de rémunération distinctes, a souligné Mohammed Belkasseh, consultant financier à Arithmetica Advisory et professeur à l’Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Settat. « La première est nourrie par un paramétrage complexe inhérent à une quête permanente par les opérateurs du monde des affaires de l’optimisation du fonctionnement créateur de la richesse. La seconde, quant à elle, est le sujet d’une pression sociale dans le cadre d’une dialectique régulière entre les mouvements syndicaux et les pouvoirs publics », a-t-il expliqué.
Au moment où le salaire d’une recrue du secteur privé est défini en rapport avec l’offre d’emploi, selon les besoins et les objectifs de l’entreprise, sa marge de profitabilité, ainsi que la charge de travail inhérente au poste en question, celui du fonctionnaire est établi conformément à une grille salariale prédéfinie par catégories, nature de l’administration, échelles, indemnités subséquentes, etc. a fait remarquer cet universitaire. Et de renchérir: « Notre pays, compte tenu de sa taille économique, dépense actuellement plus de 34% de son budget général en masse salariale étatique, soit environ 64% des recettes ordinaires de l’Etat. C’est à ce moment précis que la question de la productivité de la ressource humaine publique comparée à celle du privé trouverait tout son sens. Aussi serait-elle liée à la variable sine qua non d’une vraie politique de contrôle des niveaux de performance ».
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Par ailleurs, Mohammed Belkasseh a mis l’accent sur la nécessité de repenser l’administration publique non seulement en tant que centre de coût inévitable à vocation sociale par excellence, mais aussi en tant qu’acteur majeur de création de la richesse. « Nous rappelons à cet égard les Hautes Directives de S.M. le Roi Mohammed VI incitant au redressement des institutions et des entreprises publiques pour en faire un levier et non un obstacle à la croissance », a-t-il soutenu. Et de conclure : « De ce fait, nos écosystèmes socio-économiques adopteraient une vision commune prônant le développement du pays de la même façon que l’on positionne dans le secteur privé ou bien dans le public. L’écart en termes de rémunération de la ressource humaine qualifiée s’atténuerait alors qu’elle intervienne dans une entité publique ou bien privée ».