Timar : la croissance vient par la diversification
De nouveaux projets pourraient porter sur le stockage des produits dangereux, le transport urgent des marchandises…
L
a famille Puech a fait du chemin depuis que le patriarche, Jean Puech, a décidé de poser ses valises au Maroc en 1980. Le choix n’est pas fait au hasard. En 1973 déjà, il met un premier pied dans le Royaume pour le compte d’une grande société de transport française. Ramenant avec lui 50.000 francs français de l’époque, il décide alors, avec l’appui de la profession, de monter une société marocaine spécialisée dans le transport routier international : Timar. Mais très vite, le fondateur de l’entreprise prend le risque d’étendre son activité. Il rachète une petite société de transit (absorbée par la suite). Dès la fin des années 1990, début 2000, il fonce sur le transport aérien, le maritime et la logistique. Fin des années 2000, il s’ouvre sur les projets industriels (transport d’éoliennes…), les déménagements et des activités de niches (du sur mesure) comme les foires et expositions. En regardant derrière lui, le président du conseil d’administration de Timar est fier de «l’empire» qu’il a monté. «Je suis satisfait du chemin parcouru. D’autant plus qu’on a toujours évolué en autofinancement et réinvesti l’argent qu’on gagnait», lance-t-il. Jean Puech est aventureux. Pour dépasser les crises ou se démarquer de la concurrence, il n’hésite pas à aller là où elle n’y est pas vraiment. C’est le cas par exemple du Portugal où il a installé une de ses filiales européennes (les autres étant en France et en Espagne). «Notre deuxième ligne de groupage se fait avec ce pays. Les flux ne sont pas très élevés mais il y a moins de concurrence », admet-il. Ce n’est donc pas un hasard s’il s’est aussi orienté vers l’Afrique pour l’activité de groupage des marchandises. D’abord dans le Maghreb. Deux filiales ont été créées en Algérie et en Tunisie. Ces projets ont été développés dans le souci de répondre aux appels d’offres européens où les grosses compagnies exigent des transporteurs avec lesquels ils travaillent la couverture des trois pays : Maroc, Algérie, Tunisie. Pour l’instant, les performances de ces filiales ne sont pas élevées. Un à deux conteneurs sont traités chaque semaine en Algérie. Mais, «nous devons être prêts aux futurs projets s’ils venaient à se développer et à l’ouverture des frontières», dixit Puech. L’appétit pour l’Afrique Subsaharienne se fait également ressentir. Jean Puech fonce pour dénicher les opportunités. Et pour lui, il en existe. «Non seulement il est question des exportations marocaines vers ces pays, mais également celles européennes. Chaque semaine, nous levons par exemple des chargements complets d’Allemagne vers la Mauritanie». Une filiale a été créée à Dakar et une autre au Mali. La Guinée Conakry devrait être (cette année) la prochaine sur la liste. Pour l’instant, les investissements ne tiennent qu’à l’ouverture de bureaux et à leur fonctionnement. Au Sénégal, le groupe aurait été démarché pour lancer un projet d’ensachage et de pesage de céréales. «C’est en dehors de nos activités mais en même temps, nous pourrions opérer sur l’activité des consignations des bateaux ». Au Mali, les évènements qui ont secoué le pays ont freiné les projets de Timar. Mais Puech n’écarte pas la possibilité, lorsque les jours seront meilleurs, de faire de Bamako un hub de redispatching des marchandises vers les pays enclavés.
De gros investissements à Tanger
Les projets au Maroc ne manquent pas non plus. Les agences régionales de Marrakech, Agadir et Casablanca continuent de faire croître leur chiffre d’affaires. Et sur le plan des capacités, les surfaces d’entreposage et de distribution sont passées de 4500 à 8000 dans la capitale économique. En 2013, Timar prévoit aussi l’agrandissement de la plateforme de Tanger-ville. Il compte investir entre 30 et 35 MDH. Le groupe est en train de chercher un terrain à cette fin. L’autre projet tout aussi important (environ 50 MDH) se trouve à Tanger Med. Il y a trois ans, Timar y a créé une filiale off-shore. Le but est de disposer d’un entrepôt pour réceptionner les marchandises et les dédouaner au fur et à mesure. Le deuxième objectif de cette création est de réaliser une zone de transbordement monde-Afrique. Ajouter à cela, chaque année, un investissement entre 10 et 20 MDH est réalisé pour le renouvellement du matériel routier. « Pour moi, il ne s’agit pas d’investissement au vrai sens du terme. Il est question plutôt question d’investissement de fonctionnement », lance modestement le fondateur du groupe. En tous les cas, Timar a su gérer les impératifs du marché. Le transport international routier, même si sa portion dans le chiffre d’affaires baisse chaque année(61% en 2012 contre 68% en 2011), il reste, en termes de flux, le plus important. Par contre, en termes de marge, ce sont les niches qui rapportent le plus. « En développant les services liés aux foires et expositions, ou même les déménagements, nous faisons appel aux moyens communs du groupe pour créer les synergies qu’il faut», indique le président du conseil d’administration. Après avoir développé autant de nouveaux services, le propriétaire du groupe n’a pas encore fini d’explorer d’autres pistes. Les nouveaux projets à venir pourraient concerner les activités de stockage des marchandises dangereuses à Tanger Med, le transport urgent des marchandises, le déménagement des bureaux… La diversification engagée par l’entreprise étant son fer de lance, il n’y a pas de raison, pour l’instant, que le groupe s’arrête là.