Business

Tourisme : Comment attirer les capitaux étrangers ?

Face aux mutations que connait le marché international des investissements touristiques, l’Association des investisseurs touristiques marocains (ANIT) se demande quelle place peut occuper le Maroc dans l’échiquier mondial.  Quels arguments pour le Maroc pour attirer les capitaux étrangers ?

«La tendance internationale marque un ralentissement de l’investissement hôtelier en 2012, après le rebond enregistré en 2011, grâce notamment à la libéralisation des parcs hôteliers par les banques», avance Nawfal Bendefa, vice-président de l’Association Nationale des Investisseurs Touristiques (ANIT) en charge de la commission Investissement et Financement, lors du débat initié autour de la thématique de l’accélération de l’investissement touristique. Cette affirmation laisse sous-entendre qu’il devient de plus en plus difficile de convaincre des investisseurs d’accompagner des projets hôteliers partout dans le monde y compris au Maroc. Face à ce constat, comment peut-on attirer des capitaux étrangers pour investir dans le tourisme marocain. Cette question est d’autant plus importante au vu des objectifs fixés par la vision 2020. Pour y répondre, il faut analyser les attentes des investisseurs et leurs profils afin que le Maroc puisse bien cibler ses démarches de prospection.
«La taille des transactions, le taux de rendement, la disponibilité d’un marché secondaire,… sont des éléments déterminants pour tout acteur touristique international», explique le vice-président de l’ANIT. En effet, la taille des transactions est une donnée très importantes qui conditionne les profils d’investisseurs que le Maroc doit viser. Sachant que la taille moyenne des transactions en 2011-2012 en Europe est de 48 millions d’euros, le Maroc en proposant des projets aux acteurs internationaux doit s’assurer qu’ils «ne sont pas trop petits pour eux». Sur ce volet, le ministère du tourisme rassure, exemple à l’appui. «Nous sommes en train de finaliser un grand projet touristique à Bouznika dont l’enveloppe budgétaire est de 2 milliards de dirhams», confie Lahcen Haddad, ministre du Tourisme.
Cependant, au delà de la taille de la transaction, le plus important reste le rendement. En période de crise, le taux de rendement en Europe de l’Est est de 6,3%, tandis qu’il est de 9,2% en Europe de l’Ouest. Qu’en est- il du taux de la rentabilité des projets marocains ? «Le modèle économique où la société est à la fois porteuse des murs et gestionnaire est le plus rentable», avance Khalid Cheddadi, directeur général de la CIMR. Et d’ajouter, «un investissement dans lequel nous avons participé l’année dernière nous a rapporté un rendement en fonds propres de  6 à 7% en période de crise. Ce qui veut dire, qu’on pourrait atteindre des niveaux de rendement tout à fait respectables et acceptables si le marché international reprend». Quoi qu’honorables, ces niveaux de rendements restent moins importants que ceux enregistrés par des marchés secondaires comme Istanbul, Barcelone, Lisbonne ou encore Dubai. «Ces marchés offrent une rentabilité de 9 à 10% pour des transactions hôtelières déjà développées et stabilisées. En comparant cela avec Casablanca ou Marrakech qui offrent des rentabilités allant des fois même à 11%, les investisseurs préfèrent investir à Barcelone ou Istanbul sans prendre le risque lié au développement», avance Nawfal Bendefa. C’est cela qui risque de constituer une véritable concurrence pour le Maroc. Car les investisseurs prennent de moins en moins de risque au niveau du développement. «Les projets en difficulté de financement et la liquidation des actifs détenus par les banques, que ce soit en Espagne, en France ou en Angleterre, risquent également de faire concurrence au marché marocain», explique Bendefa. Cela suppose-t-il donc, que le Maroc doit «aider les actifs hôteliers à passer le cap des premières années d’exploitation», lâche Khalid Cheddadi. Mais plus important encore, «il est indispensable de clarifier le rôle de tout un chacun dans le secteur touristique marocain», préconise Karim Belmaachi, président de l’ANIT. Et d’ajouter, «les organes de gouvernance et de pilotage de la vision 2020 sont prioritaires. On est bientôt en 2013, nous n’avons toujours pas la haute autorité du tourisme, ni sa déclinaison régionale (ADT)». Sans ces organes de gouvernance, le Maroc risque d’être incapable de rectifier de tir au bon timing pour s’adapter à un marché international en perpétuelle mutation. 

 

Le chiffre

12 Mrds DH
Selon les porteurs du projet, chaque tonne de déchets plastiques pourrait  être transformée en 1000 litres de carburant diesel.

 
Article précédent

Industrie du tabac : La bataille des prix commence

Article suivant

Formation : L’OFPPT passe à la quatrième vitesse !