Transports publics : le énième échec
M’dina Bus c’est fini. On nous promet un nouvel opérateur, pour combien de temps ?
Le transport public est un drame à Casablanca depuis 40 ans. L’ancienne RATC a rendu l’âme dans les années 80, sous le feu croisé de l’incurie des élus et de la pression démographique. Le trop de postulants aux transports, impossibilité d’appliquer un tarif économiquement viable et faibles ressources de la Commune. Est-on sorti de ce schéma ? Non.
Casablanca a tenté la privatisation. Plusieurs entreprises se sont partagé les lignes. On leur a imposé des lignes peu rentables, mais nécessaires pour répondre à l’extension géographique de la ville, un tarif, en contrepartie, on leur a permis des pratiques frauduleuses sur les assurances, une qualité de service minimale et malgré tout, elles ont jeté l’éponge.
M’dina bus est née sous les meilleurs auspices. Le projet du tram, véritable acquis de Casablanca, malgré les déficiences, était en marche. Le tram a réellement diminué la pression sur les bus. Mais cette activité n’est pas viable, sans un soutien financier fort de la collectivité, pour assurer un service public de qualité.
Il faut inverser le logiciel, ne pas demander au privé de se débrouiller pour assurer la viabilité de l’activité, dans le cadre d’un tarif fixé, mais assurer un environnement sain à ce privé avec des exigences de qualité de service élevées.
L’escroquerie intellectuelle qui plombe Casablanca et les autres villes, c’est l’idéologie libérale dont la doxa professe qu’il suffit de s’en remettre au privé pour régler tous les problèmes. Nous sommes dans la mouise depuis 40 ans, cela suffit, aux gens sensés, pour remettre les pendules à l’heure. Le transport public est un service du même nom. Même concédé, il ne peut pas obéir aux lois du marché, parce qu’il s’agit du droit à la mobilité, droit humain de la plus grande des importances.
On nous promet de nouvelles consultations, un nouvel opérateur dans les mois à venir, mais a-t-on changé de logiciel ?
La question du financement est la pierre angulaire de l’échafaudage. Il est impossible de laisser le nouvel opérateur imposer le tarif qu’il juge juste, ni de ne pas desservir les quartiers excentrés. Ce faisant, il assure une mission de service public et doit être rétribué pour ce fait.
Dans les pays développés les communes, et donc le contribuable, mais les entreprises aussi y contribuent. Les entreprises qui ne donnent pas de primes de transport et n’ont pas de système propre, payent un certain montant par salarié. C’est juste, puisque la collectivité transporte les salariés.
Si on ne pose pas le problème en ces termes, on va vers une nouvelle désillusion. Un nouvel acteur va arriver plein d’enthousiasme, y laisser sa chemise et s’en aller dans dix ans. Répéter les mêmes erreurs en espérant une autre issue est une folie. C’est Einstein qui le dit.