Trois questions à Lahcen Haddad, ministre du Tourisme
Challenge. Pensez-vous qu’il faut accélérer ou freiner l’investissement touristique ?
Lahcen Haddad. La question de savoir s’il faut arrêter ou accélérer les investissements touristiques n’a même pas lieu d’être posée. Bien évidemment, qu’il faut maintenir le cap des investissements. Je tiens à préciser qu’il n’y a pas «l’État» d’un côté et les investisseurs de l’autre. Nous sommes tous sur le même bateau. Nous devons travailler de concert. Pour cela, il est impératif qu’on soit plus stratégiques que didactiques en s’inscrivant dans la durée. A savoir, l’échéance 2020. Car, nous avons des objectifs à réaliser. À l’horizon 2020, ce ne sont pas moins de 200.000 lits supplémentaires qui devront voir le jour dont 40.000 lits en RIPT. Les 160.000 lits restant seront pour 50% en offre balnéaire, parce que c’est l’offre qui intéresse les investisseurs internationaux.
faut-il poursuivre l’investissement même à Marrakech qui est une destination saturée selon les avis de tous les opérateurs?
En effet, Marrakech est un cas spécifique. Nous encourageons fortement tout investissement dans les segments du MICE et de l’animation. Par contre, quand il s’agit d’offre hôtelière, nous avons convenu de traiter la situation de la ville en deux phases. La première allant de 2012 à 2015. Durant ces trois ans, nous avons convenu de renforcer l’offre existante tout en surveillant de très près les nouvelles entités. À partir de 2016, nous évaluerons la capacité litière. À ce moment là, on procédera par monitoring pour ne laisser que les projets à valeur ajoutée pour la ville.
Alors quelles sont les destinations prioritaires ?
On veut encourager l’investissement sur la région du Cap Nord qui comprend Tanger, Tétouan, Chefchaouen et Larache. La région de Fès-Meknes est aussi prioritaire. Nous cherchons aussi à renforcer la capacité litière à Casablanca, Rabat, Agadir. Il ne faut pas perdre de vue que nous n’avons jamais disposé d’autant de visibilité par rapport aux destinations touristiques que le Maroc cherche à faire émerger. Grâce aux Contrats Programmes Régionaux (CPR), les investisseurs ont une plus grande visibilité. Puisqu’ils ont toute l’information nécessaire sur l’état du foncier, le type de produit, … Ceci nous a permis de pouvoir drainer pas moins de 14 milliards d’investissement pour l’année 2012. Sachant que nous ambitionnons d’atteindre les 20 milliards de dirhams en 2013. A termes, l’objectif est d’atteindre annuellement 20 à 30 milliards de dirhams d’investissements touristiques. Un objectif tout à fait réalisable si on a l’adhésion de tous.