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Tunisie : le gouvernement n’obtient pas le vote de confiance du parlement

Le gouvernement du premier ministre Habib Jemli, désigné par le parti islamiste d’Ennahdha, n’a pas obtenu le vote de confiance du parlement, vendredi soir, après une longue séance plénière. 134 députés ont voté contre, 72 pour et 3 abstentions.

Tous les regards des Tunisiens étaient tournés, ce vendredi, vers le Palais du Bardo, siège du parlement où une séance plénière se déroulait depuis 9 heures du matin jusqu’à plus de 23 heures pour un vote de confiance du nouveau gouvernement, trois mois après la tenue des élections législatives. Elections qui ont dégagé un parlement totalement fragmenté. Finalement, le nouveau gouvernement a été rejeté malgré le forcing de Rached Ghannouchi, patron d’Ennahdha auprès du magnat de l’audiovisuel Nabil Karoui et chef du parti Qalb Touness (Coeur de Tunisie) arrivé deuxième lors des dernières législatives, avec 38 sièges ainsi que d’autres formations.

Juste après le rejet du nouveau gouvernement, les partis de Qalb Touness, Tahya Touness, de l’ancien chef de gouvernement Youssef Chahed, la coalition de la Réforme nationale et celle de l’Avenir, regroupant plus de 90 élus, ont annoncé qu’ils comptent présenter une initiative nationale de consultation avec le président de la république relative à la prochaine étape.

Selon la constitution, il revient maintenant au président de la République, Kaies Saïd d’entamer, dans un délai de dix jours, des négociations avec les partis pour choisir la personne la plus apte à former un nouveau gouvernement dans un délai d’un mois. Ce plan B est qualifié par les Tunisiens de gouvernement du président. Le rejet par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), du gouvernement Habib Jemli, est un véritable camouflet pour Ennahdha et son chef Rached Ghannouchi. Arrivé en tête des élections législatives avec seulement 52 sièges, il revenait au parti islamiste de choisir le chef de gouvernement. Le choix a été porté sur Jemli, présenté comme étant « indépendant » et qu’il allait former un gouvernement de « compétences » au-dessus des partis et des soupçons. Il a passé deux mois à consulter pour accoucher d’une équipe dont des ministres traînent des casseroles de corruption et de poursuites judiciaires. Quatre autres n’ont même pas le baccalauréat ou roulant pour la formation islamiste, selon les médias tunisiens. Il a pratiquement fait l’unanimité contre lui aussi bien chez la classe politique qu’aux yeux de l’opinion publique par ses tergiversations et son manque de clarté. En un mot, la charge d’un chef de gouvernement s’est avérée un costume plus grand que lui et le pays a perdu deux mois dans un climat politique délétère, marqué par les tiraillements et les surenchères, une économie au bord de la crise cardiaque et un climat social des plus tendus.

Toutefois, au cas où le gouvernement du président sera à son tour recalé, on se dirigera vers la dissolution de l’assemblée et l’organisation de nouvelles élections législatives. Scénario cauchemardesque pour son coût sur tous les plans.

 
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