Un changement profond
Les politologues, les politiques, scrutaient avec une curiosité certaine le septième Congrès du PJD. Celui-ci est intervenu alors que les islamistes, largement en tête à l’issue des législatives du 25 novembre dernier, dirigent le gouvernement.
Le passage d’un mouvement contestataire, dans l’opposition depuis sa création, à un parti de gouvernement, en butte aux contraintes de la gestion des affaires de l’Etat, dans une conjoncture difficile, ne pouvait qu’impacter le Congrès de ce parti.Il faut reconnaître que son déroulement a donné une image très forte du PJD. Le nombre de militants présents lors de la séance inaugurale, la qualité des invités nationaux et étrangers, l’extrême précision de l’organisation, ont épaté les observateurs.
Il se dégage de tout ceci l’image d’une organisation politique fortement structurée, renforcée par la démocratie interne en vigueur, d’une grande discipline militante. Le parti a profité de l’occasion de la tenue de son Congrès pour adapter son discours à la nouvelle situation, en mettant en avant les avancées de la nouvelle Constitution. D’autres points demeurent à discuter, mais cela ne concerne que les militants du PJD et leur vision de l’action politique.En revanche, l’image du parti bien structuré, avec une présence militante forte, interpelle les autres organisations partisanes. Il n’y a pas de démocratie possible sans des partis forts, influents, en contact permanent avec les citoyens, qu’ils sont censés, de par la Constitution, encadrer et mobiliser.
Or, à l’inverse de l’image offerte par le PJD, d’autres partis s’étripent pour les responsabilités, sans que ces luttes fratricides ne reflètent des nuances politiques. Cela dévalorise l’engagement militant aux yeux des citoyens qui ne perçoivent plus les structures partisanes que comme des clubs de cooptation d’individus ambitieux.Il faut croire que c’est là l’une des raisons de la désaffection des électeurs, de la défiance vis-à-vis de l’action politique, ce qui rehausse la valeur de l’image offerte par le Congrès des islamistes d’ Abdelilah Benkirane.Un autre parti, important sur l’échiquier national, qui a joué un rôle historique et qui continue, dans l’opposition, à peser sur la scène politique, prépare son Congrès.
L’USFP sait que les enjeux sont énormes. Il s’agit de structurer un projet alternatif à celui du PJD, après une évaluation critique mais constructive des trois législatures passées. Pour y arriver, il lui faut ouvrir le plus large des débats, en dehors de toute lutte intempestive de personnes, et dans l’interaction avec la société. Une telle démarche est impérative pour consolider la démocratie marocaine. Celle-ci a besoin d’une opposition forte, porteuse d’un véritable projet, capable de mobiliser autour pour préparer l’alternance par les urnes, pérennisant le jeu démocratique. C’est pour cela que nous formulons le vœu de voir les grands partis réussir leur urne, pour devenir plus attractifs, mobiliser les citoyens et élever le niveau du débat public.