L'édito

Un manque de cohérence

La Loi de Finances est sous le couperet d’une règle très éloignée du jeu de la majorité et de l’opposition. En effet, la composition actuelle de la deuxième Chambre est manifestement en contradiction avec la Constitution. Dès lors, certains ont déjà annoncé qu’ils saisiront le Conseil constitutionnel pour annuler le vote de la Loi de Finances. Ces joutes sont normales en période de transition démocratique. Mais les conséquences d’un blocage institutionnel seraient dramatiques. L’année passée, le retard dans l’adoption du budget a causé un réel dysfonctionnement, pénalisant les entreprises, parce que les délégations n’ont pas été signées. Une telle situation aggraverait les risques sur la croissance et mettrait en péril des secteurs d’activité, déjà mal en point.

Interpellé par un élu du PJD, Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement Supérieur a annoncé que « les fils de ministres, des élus, des riches, seront exclus des cités universitaires ». Dans l’ambiance populiste actuelle, cela passe pour une mesure égalitaire. Il n’en est rien. Il s’agit de jeunes majeurs qui peuvent choisir de s’autonomiser par rapport à leur famille. Mieux, dans le cadre de la formation des futurs cadres du pays, il est essentiel de les encourager dans la voie de l’autonomie pour affirmer leur personnalité. En outre, la discrimination anti riches est aussi inacceptable que l’inverse. Le problème, c’est l’insuffisance de logements estudiantins. Les quelques cas de gosses de riches qui y accèdent sont des citoyens qui bénéficient d’un service public, normalement ouvert à tous. Sauf, si les procédures d’octroi n’ont pas été respectées, ce qui est un problème de nature différente.

Le Conseil de la concurrence verra ses prérogatives élargies. Le Roi l’avait promis, le Chef du gouvernement l’a confirmé. Le texte présenté par Abdelali Benamor, le président, est accepté par le gouvernement qui s’engage à en faire un projet de loi.
Le Conseil pourra s’autosaisir et infliger des amendes aux entreprises récalcitrantes. C’est une excellente initiative pour lutter contre la rente et les ententes illicites. Seulement, il faut aussi permettre la défense des intérêts des entreprises nationales. Leurs concurrents bénéficient souvent d’une subvention à l’export, qui les rend plus compétitives.
L’action gouvernementale doit être cohérente. On ne peut pas promettre d’utiliser les défenses commerciales et soutenir l’ouverture à tout crin en même temps. Le message est brouillé et la confiance entamée.

 
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