Maroc. China Communications Construction Co candidat au terminal gazier, en attendant la LGV
Après Tanger Tech, le géant étatique chinois du BTP et sa filiale CRBC, associés au groupe privé Wison, se sont mis sur les rangs du projet de construction d’une unité flottante de regazéification (FSRU). Celle-ci devrait permettre au Maroc d’importer du gaz par bateau, après la fermeture du gazoduc GME par Alger.
Maintenant que son méga projet Cité Mohammed VI Tanger Tech semble désormais sur les rails, China Communications Construction Co (CCCC) s’intéresse désormais aux infrastructures énergétiques du Royaume. Le géant chinois du BTP s’est positionné sur l’appel à manifestation d’intérêt pour la construction de la première unité flottante de regazéification (dite FSRU) du Royaume. Parmi la vingtaine de candidats qui ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt bouclé le 25 octobre par la nouvelle ministre de l’Energie Leila Benali, figure en effet un consortium mené par l’une des filiales de CCCC, China Road & Bridge Corp (CRBC). Il comprend également CCCC Third Harbour, autre émanation du groupe chinois spécialisé dans les infrastructures portuaires, ainsi qu’une entreprise privée, Wison Engineering. Spécialisée dans l’industrie pétrochimique, cette firme basée à Shangaï dispose d’une filiale dédiée, Wison Offshore & Marine, qui a livré, en 2017, le premier FSRU « Made in China » à un client belge, Exmar.
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Le projet d’acquisition de barge FSRU devrait permettre au Maroc d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) par voie maritime, et de le regazéifier pour le distribuer aux clients industriels ainsi qu’aux centrales électriques de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Son importance est cruciale dans le contexte actuel. En effet, les rivalités géopolitiques actuelles avec le voisin algérien, couplées à la fermeture le 31 octobre dernier du gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui alimentait l’Espagne via le Maroc et dont une partie du volume approvisionnait le Royaume représentent un signal d’alarme pour le Maroc mais aussi pour l’Union Européenne. Cette interruption a provoqué la fermeture de deux centrales électriques de l’est marocain, à Aïn Beni Mathar (472 MW) et Tahaddart (384 MW), sans provoquer de délestages pour autant. Or, le ministère de l’Energie anticipe une hausse substantielle de la consommation nationale de gaz : trois milliards de mètres cubes à l’horizon 2030, contre environ un milliard aujourd’hui. Sur la base de l’appel à manifestation d’intérêt, les services de Leila Benali envisagent de lancer un véritable appel d’offres en juin prochain. Entre-temps, ils devront finaliser le choix du port qui accueillera le FSRU entre, par ordre de préférence, Mohammedia, Nador West Med (en cours de construction) et Kénitra.
Le groupe CCCC est désormais de plus en plus présent sur le sol marocain. Longtemps discrets au Maroc, CCCC et sa filiale CRBC ont décroché leur premier grand projet en 2019, en se substituant à un autre groupe chinois, Haite, après que celui-ci s’était retiré du projet Tanger Tech, annoncé en grande pompe deux ans plus tôt. Ce gigantesque chantier de zone industrielle et d’affaires – 468 hectares pour la seule première tranche – doit drainer des milliards d’euros d’investissements, chinois notamment, dans le nord du pays. Après deux ans de négociations, CCCC a acquis, en juillet dernier, 35 % de la société de projet Société d’aménagement de Tanger Tech (SATT), aux côtés de BMCE Bank of Africa (25 %), de la région (20 %) et de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA, 20 %). Selon plusieurs informations en coulisses, si les travaux n’ont pas encore démarré, le dossier bénéficie de l’appui déterminant du ministre Délégué chargé de l’Investissement Mohcine Jazouli. C’est lui qui, alors ministre Délégué aux Affaires étrangères, avait signé en 2019 le mémorandum d’entente avec CCCC et CRBC.
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CCCC ne souhaite pas s’arrêter au gaz. Le géant chinois rêve désormais de rafler le marché de ligne à grande vitesse Kénitra-Marrakech-Agadir, qui doit prolonger la ligne Tanger-Kénitra, inaugurée en 2018 et portée par des groupes français (Colas Rail, Egis Rail, etc.). Mais ce dossier est pour l’instant en stand-by pour différentes raisons. Tout d’abord, la pandémie a mis un réel frein à tout grand investissement au Royaume. Le dossier connait également un retard pour cause de rivalité chinoise et française autour de cette LGV. Il s’agit également, d’une lutte et compétition qui se fera au niveau politique pour déterminer qui sera derrière la prochaine LGV marocaine. A suivre.